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Un Rédacteur Factornews vous demande :

 
ARTICLE

Métro, boulot, crédo : on a bingeplayé Assassin's Creed.

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor

The Kyds are alright : un petit tour par la musique.

Si on peut regretter que les différents épisodes de la série répondent tous à un même format, une même norme, sans grande prise de liberté, il existe un moyen de distinguer les Assassin’s Creed entre eux : la musique. Enfin, disons plutôt qu’on peut repérer des « périodes » bien distinctes : lorsqu’on écoute un morceau, on peut le rattacher à un des jeux, au pire hésiter entre deux ou trois, mais on tombera souvent juste. Voici donc un tour d'horizon des différentes identités musicales, accompagnées à chaque fois d'une playlist démonstrative.

AC

Pour le premier épisode, c’est le danois Jesper Kyd qui se colle à la compo. Encore jeune à l’époque, il a déjà un solide palmarès dans le jeu vidéo, avec notamment les Hitman originels. Pour coller à un jeu qui fait le grand écart entre véracité historique et film d’aventure avec des technologies du futur, il mélange instruments orientaux anciens et sonorités synthétiques modernes, alterne longues plages d’ambiance et rythmes effrénés pour donner des indices aux joueurs (rappelez-vous, il ne devait pas y avoir de HUD…), le tout mâtiné de chants latins qui se réverbèrent en arrière-plan. Au final, la BO d’AC est celle qu’on peut identifier sans aucune hésitation, la plus originale. C’est aussi celle que tout le monde a oublié, à cause des épisodes suivants.
 

AC II/Brotherhood/Revelations

Car à partir du deuxième épisode, fini les bêtises. La licence est déjà devenue un blockbuster, il faut qu’AC II sonne comme tel. Si Jesper Kyd reste aux manettes, il oublie les mélanges de sonorités, donne au jeu  un thème principal simple et efficace (un motif de quatre notes emblématiques, réutilisé à volonté), revient à des orchestrations plus grand public (comprendre : un orchestre symphonique auquel on ajoute une batterie et une guitare électrique)… Malgré tout ça, il réussit à pondre des compositions incroyables qui se mêlent parfaitement aux décors, notamment à Venise, certaines phases de gameplay devenant de jolis moments contemplatifs grâce à ça. Il subsiste même quelques compos qui font furieusement penser à celles du premier jeu.

Succès oblige, Kyd rempile pour Brotherhood, qui aurait de toute façon du faire partie intégrante du II. Assez logiquement, les compos sont assez similaires, mais il tire son épingle du jeu avec quelques bonnes idées bien maîtrisées.

Sans doute un peu lassé et/ou épuisé de consacrer sa vie à Assassin’s Creed, Jesper Kyd se fait aider pour Revelations par Lorn Balfe, un écossais de l’écurie d’Hans Zimmer, spécialisé dans les « musiques additionnelles » (TV/cinéma/JV) qui signe la majorité des compos. Et trouvera là un tremplin vers des contrats de compositeur principal. Avec  un virage assez net vers un zimmerisme paresseux (pléonasme ?) et des copies carbone des épisodes précédents, Revelations n’est pas trop mal loti mais passe relativement inaperçu.
 

AC III/AC IV :Black Flag

Le quatrième jeu est le premier sans aucune compo de Jesper Kyd, Balfe prenant seul  les commandes. Il en profite pour pondre l’autre thème emblématique de la série, ainsi qu’une flopée de morceaux tirés du « Petit Zimmer illustré ». Loin d’être le pire élément du jeu, la BO d’AC III reste cependant parfaitement oubliable. Ne serait-ce que parce qu'elle n'essaye même pas, ou si peu, de ressembler aux musiques d'époque : pas d'instruments amérindiens ou de chants de colons...

Pour Black Flag, Balfe cède sa place à Brian Tyler, compositeur qui a roulé sa bosse à Hollywood avec un bon milliard de films mineurs à son actif et avait profité de la blockbusterisation des AAA pour composer pour le JV (Far Cry 3, Modern Warfare 3). Si les sonorités restent logiquement dans la lignée du cinéma mainstream américain, le contexte de la piraterie l’oblige à utiliser des motifs musicaux typiques, plus chaleureux. Il en ressort une BO avec un poil plus de personnalité, à laquelle va se greffer une merveilleuse surprise : des chants de marins se déclenchant lorsqu’on navigue tranquillement sur les mers des Caraïbes. Une ambiance inimitable, des moments contemplatifs comme on n’en avait pas vu depuis AC II.
 

 

AC IV : Black Flag : Freedom Cry/AC III : Liberation

Mais pour le DLC Freedom Cry, Ubisoft fait appel au français Olivier Deriviere, valeur montante de la composition, réputé pour mélanger les sonorités et oser des choses plus originales. En l’occurrence, il va fusionner chants d’esclaves, instrumentalisations classiques et rythmiques afro-caribéennes.  Des chants d’esclaves retranscrits tels quels viennent remplacer les chants de marins. Le reste des compos ressemble à ce que Deriviere a pu faire ailleurs, sur Remember Me par exemple.

Une démarche finalement assez similaire à celle choisie par Winifred Philips (jusqu’ici cantonnée à des musiques additionnelles chez Sony ou à des jeux mineurs)deux ans plus tôt pour Liberation, le spin off Vita d’AC III. Première femme à être compositrice principale sur la série, pour le premier jeu de la licence dans lequel on incarne une femme, il serait facile de crier à l’opération de com’ facile. En réalité, Philips offre à Assassin’s Creed l’une de ses  plus belles bande originale. Sur une base de percussions évoquant le bayou de la Louisiane, beaucoup de cordes tissent des motifs mélodiques moins rébarbatifs que les compos hollywoodiennes qui caractérisent les AAA de l’époque, mais en conservant le côté épiques de celles-ci. Bien joué, Madame.
 

AC Rogue

Rogue est une production Ubisoft Sofia, développée dans des conditions qu’on imagine dantesques, en mode « il nous faut un jeu bouche-trou pour faire raquer les RMIstes  qui ne pourront pas s’acheter de PS4, demandez ça aux bulgares et donnez-leur 6 mois ». Le jeu est donc un patchwork frankensteinien réutilisant sans vergogne et sans logique des bouts d’autres épisodes. La musique n’y échappe pas : officiellement composée par Alitsa Alexandrova, il s’agit d’une collection de repompes des compositeurs précédents.
 

 

AC Unity

Généreux dans son contenu, Unity l’est également dans sa bande-son, qui mobilise deux compositeurs principaux et un additionnel. On retrouve donc derrière le pupitre Chris Tilton, collaborateur de Michael Giacchino et J.J. Abrams et qui s’occupe des thèmes principaux et des cutscenes. Pour les phases de gameplay et de combats, c’est Sarah Schachner qui s’y colle, un choix logique vu qu’elle a à son actif les musiques additionnelles d’une multitude de films et jeux d’actions. Enfin, on retrouve quelques compos de Ryan Amon, un CV minuscule mais qui a depuis décroché le gros lot en signant la majorité des musiques de Bloodborne. Au final, si Tilton accouche d’une production catastrophiquement fade recyclant ad nauseam son thème principal, le travail de Schachner est à saluer. Ne serait-ce que parce qu’elle a fait l’effort d’intégrer des instruments et des arrangements typiques de la France du XVIIIème siècle… Quant à Amon, on sent déjà une vibe Bloodborne dans la poignée de musiques qu’il crée.
 

 

AC Syndicate/AC Syndicate : Jack the Ripper

Enfin, pour Syndicate, Ubisoft oublie un peu le cinéma hollywoodien et revient aux sources en allant chercher un jeune compositeur spécialisé dans le jeu vidéo. Ce « nouveau Jesper Kyd » sera Austin Wintory, golden boy de la B.O. depuis le succès de Journey, mais qui a également sur son CV flOw, Monaco ou The Banner Saga. Pour rendre l’ambiance du Londres de 1848, il mise sur une base d’orchestre de chambre, donc des cordes mais en petit nombre et très différentes les unes des autres. Beaucoup de compositions sont extrêmement rythmées et mélodiques, parfaites pour accompagner le jeu, et il ne manque guère que quelques morceaux contemplatifs. Mais il y a des chansons de pubs pleines de bières, fumée et jurons pour compenser, du coup Syndicate a sa place parmi les meilleures B.O. de la série.

Le principal DLC de Syndicate se concentre sur Jack l’Eventreur et se déroule donc 20 ans plus tard… et dans une ambiance nettement plus sombre. Derrière la poignée de musiques supplémentaires nécessaires à ce changement de ton, on retrouve une tête connue (et le chouchou de _MaX_) : Bear McCreary. Grand espoir de la compo au milieu des années 2000 grâce à l’aura de Battlestar Galactica, il s’est un peu perdu en route mais n’en a pas perdu son talent pour autant. Et en fait profiter ce DLC, donc.
 
Assassin's Creed lèguera au jeu vidéo sans doute un peu plus que des open worlds stéréotypés remplis de tours à escalader. Certains épisodes, comme Black Flag ou Rogue, sortent suffisamment de ce moule pour être plaisants à essayer, d'autres encore, comme Brotherhood ou Syndicate, offrent une expérience assez complète et équilibrée, d'autres enfin, comme le II ou Unity, valent le détour pour leurs décors et leur production value. C'est sans doute pour ça que, malgré un binge play un tantinet épuisant et après le passage de Breath of the Wild, qui a peut-être tué l'open world en synthétisant tous ses meilleurs aspects, on est encore un peu curieux de jouer à Origins. Parce que le cadre de l'Egypte antique et que Sarah Schachner à la compo (celle des meilleurs morceaux d'Unity) pourraient nous faire oublier le reste.
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