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Master Detective Archives: RAIN CODE

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : Nintendo Spike Chunsoft Too Kyo Games
Support : Switch
Avant même qu'il officialise son nouveau studio, alors qu'il bossait encore sur l'ultime épisode V3 de sa saga à succès, Kazutaka Kodaka avait déjà en tête l'après Danganronpa. Un projet qu'il voulait toujours dans ces visuels "psychopop" qu'il affectionne, mais tout en se détachant de son jeu de la mort mettant en scène des étudiants. Quelque chose de plus terre à terre, sans pour autant rogner sur le fantastique mais plus en rapport avec le coeur de ses jeux : l'investigation. Et c'est donc via sa petite équipe Too Kyo Games, déjà à l'origine de deux pépites méconnues de la Switch testées dans nos colonnes ici et , qu'il a patiemment travaillé son nouveau mystery game. Le titre est enfin sorti et comme on pouvait s'y attendre de la part du maître en la matière, spoiler alert, c'est déjà un classique du genre !
Master Detective Archives: RAIN CODE vous met dans la peau du jeune détective Yuma Kokohead alors qu'il se réveille amnésique dans une bagagerie de gare avec comme seul indice sur son identité un ordre de mission confié par son agence. Pas le temps de faire plus en détail les présentations, vu qu'il doit embarquer fissa dans un train, l'Amaterasu Express, direction la mystérieuse cité sous cloche de Kanai Ward, ou la pluie ne s'arrête jamais de tomber. Une fois à bord, il rencontre d'autres membres de l'Organisation Mondiale des Détectives, dépêchés sur place pour résoudre des mystères à l'aide de pouvoirs spéciaux et uniques réservés aux Maîtres Détectives. Un peu plus tard, il se rend compte qu'il est hanté par rien de moins que la déesse de la mort, Shinigami, avec laquelle il a signé un pacte qui mentionne, justement, la perte totale de ses souvenirs.

On vous passera volontairement la suite des péripéties de notre apprenti, mais une première enquête plus loin, il se retrouve seul à l'arrivée à Kanai Ward. Là l'attend une bande de Pacificateurs, la milice locale d'Amaterasu, la toute-puissante mégacorporation qui a la mainmise sur la ville. Pour eux, la messe semble dite, si on attend cinq Maîtres Détectives et qu'il n'y en a qu'un seul à l'arrivée, c'est forcément Yuma le coupable !

Dérèglement du climax

Et c'est à ce moment que Shinigami décide d'abattre ses meilleures cartes en dévoilant à la fois sa forme humaine, une jeune femme plantureuse et hélas un peu trop sexualisée pendant toute la partie, mais surtout le Labyrinthe des Mystères, une sorte de palais mental (eh oui, le parallèle avec Persona 5 est évident) qui permet de résoudre les mystères du monde réel. Suite à cette première révélation et à la rencontre fortuite d'un détective local, Yakou Furio, Yuma rejoindra rapidement l'Agence de Détectives Nocturnes sur les berges du fleuve qui parcourt la ville. Là, il fait la rencontre d'autres maîtres détectives envoyés par l'OMD pour enquêter sur ce qui se trame à Kanai Ward. Et le voilà donc embarqué dans une série de crimes insolubles à résoudre pour prouver sa valeur et pourquoi pas en apprendre plus sur sa mystérieuse affectation. RAIN CODE est donc articulé en chapitres qui contiennent chacun une affaire à résoudre.
 
Dans la plus grande tradition des jeux estampillés Kodaka, on y retrouve des crimes sordides réalisés dans des conditions particulièrement tordues. Le plus souvent, ils prennent la forme d'énigmes en chambre close, soit des meurtres commis dans des pièces hermétiquement fermées, d'où l'assassin n'aurait théoriquement pas pu s'échapper. Dans une première phase d'investigation, le scénario envoie Yuma, généralement accompagné de l'un des Maîtres Détectives, en balade dans l'un des quartiers de la ville sur la scène de crime pour constater et enquêter. Là, le héros va collectionner un certain nombre de clés solutions qui sont autant d'indices cruciaux sur le meurtre qui lui seront indispensables pour résoudre le mystère.



En fouillant l'environnement et en interrogeant les quidams, le joueur peut également amasser des Points de Détective qui lui permettront d'acquérir des compétences qui l'aideront plus tard dans les épreuves qui l'attendent dans le Labyrinthe des Mystères. Quelques quêtes secondaires (hélas, sans grand intérêt pour l'histoire) permettront de grappiller quelques points supplémentaires en chemin.
 
Passé un certain stade dans l'enquête, le jeu fera intervenir un élément perturbateur qui obligera Yuma à élaborer une stratégie pour désigner le coupable. Et c'est là que le Labyrinthe des Mystères de Shinigami entrera en jeu. En parcourant les couloirs de ce donjon virtuel, Yuma, son acolyte et Shinigami évinceront les fausses preuves et feront éclater la vérité via de nombreuses épreuves (mais qui se répètent un peu trop, on y reviendra). Tout d'abord, à certains moments, le jeu fera une pause pour laisser le temps au joueur de choisir parmi X propositions laquelle semble la plus plausible, et ainsi éliminer des indices qui n'en sont pas. A d'autres moments, les Enigmes de Shinigami, un genre de jeu du pendu assez obtus, permettront de dévoiler de nouveaux indices. Plus tard, le jeu vous demandera carrément de reconstituer la scène de crime ou d'esquiver des attaques de spectres dans des QTEs millimétrés.

Enfin, le vrai coeur du labyrinthe viendra des Duels de Raisonnement contre des spectres prêts à tout pour que l'on ne découvre pas le coupable. Dans ces joutes verbales, Yuma devra dézinguer les propositions adverses à l'aide de la bonne clé solution tout en esquivant les arguments irréfutables avant d'invoquer Méga-Shinigami pour une giga-baston finale ! Et si lors de la phase de jeu précédente, le fouinage à la recherche de Points de Détective n'était pas essentiel pour avancer, il est plus que conseillé. Les compétences déverrouillées agiront comme des modificateurs de difficulté dans le labyrinthe, en jouant par exemple sur l'endurance de Yuma (ses points de vie qui s'épuiseront en cas de mauvaise réponse dans l'un ou l'autre des mini-jeux), le nombre de clés solutions parmi lesquelles choisir lors des Duels de Raisonnement ou au nombre de lettres à dégommer dans les Enigmes de Shinigami.

CSI: Kanai Ward

Le Game Over n'est pourtant pas rédhibitoire puisqu'il fera simplement recommencer la partie à la dernière sauvegarde connue, et le jeu n'est pas avare de ce côté-là. Au final, même si on ne retrouve qu'une poignée de types d'épreuves dans tous les labyrinthes, la construction de chaque labyrinthe est unique et les situations sont assez variées. Alors oui, on ne va pas vous mentir, après 30h de jeu, vu la gamification toute relative des épreuves, on est un peu lassés par un énième Duel de Raisonnement, mais on continue malgré tout car la mise en scène donne toujours envie d'en voir plus. Surtout, la manière dont sont construits les crimes, la recherche d'indices et la manière de les résoudre est vraiment intelligente. Et s'il arrive sur deux chapitres que l'on devine le coupable avant même d'avoir entamé le Labyrinthe des Mystères, le Comment et le Pourquoi restent toujours des mystères jusqu'au dénouement de chaque chapitre (et encore, la fin du jeu réserve des surprises !).
 
Au-delà du boulot évident sur le scénario du jeu et l'enchaînement des chapitres, les personnages même les plus anecdotiques sont tous attachants. La relation Yuma-Shinigami fonctionne vraiment très bien, mis à part, on l'a dit, une sexualisation un peu forcée de la demoiselle. L'univers est cohérent et on a de cesse d'interroger tout le monde pour en apprendre plus sur Kanai Ward, son histoire et sa relation avec le monde extérieur.



Esthétiquement, si on n'est pas allergique à la dominante violet-fuchsia-rose omniprésente à l'écran, la ville est elle aussi réussie et originale. Ses quartiers sont bien délimités et la pluie incessante tombant de ses nuages noirs fait son petit effet. Côté représentation des personnages, le jeu oscille entre la 3D pour tout ce qui est déplacement et des avatars en 2D détaillés et changeants pendant les phases de dialogue. On retrouve évidemment la patte de Rui Komatsuzaki et Shimadoriru, les compagnons de toujours de Kodaka. Dernier duo emblématique de l'ère Danganronpa : Masafumi Takada et Jun Fukuda à la composition musicale qui réalisent peut-être l'une des meilleures bandes originales de l'année ! Enfin, le jeu est également doublé intégralement en japonais, zappez donc rapidement l'anglais pour passer la la VO.
 
Techniquement, les gens de Too Kyo Games ont préféré co-développer le jeu avec leur ancien employeur, Spike Chunsoft et l'équipe s'est tournée vers l'Unreal Engine 4, moteur rarement utilisé sur Switch et pour cause. Ici le résultat est mitigé. On retrouve de très chouettes effets de réflexion sur les surfaces arrosées en continu et dans les labyrinthes. Par contre, la console tire la langue dès qu'il y a plus de 5 personnages à l'écran et le framerate s'effondre régulièrement. On remarque un petit mieux lorsque la console est dockée, d'ailleurs on vous invite à y jouer sur son dock, car les textes à "trancher" lors des Duels de Raisonnement sont difficilement visibles (peut-être juste pour nos yeux de rédacteurs fatigués) sur le petit écran de la portable. On regrette aussi que les animations du jeu ne soient pas aussi travaillées que la mocap' qui rend honneur aux cinématiques en CGI. Mais le gros point noir du jeu, ce sont ses chargements beaucoup trop présents et qui peuvent durer jusqu'à 20 à 30 secondes.

Kazutaka Kodaka a déjà évoqué vouloir revenir un jour à la saga Danganronpa. Ce qui est sûr, c'est qu'avec Master Detective Archives: RAIN CODE, la relève est assurée ! On y retrouve toute l'intelligence du scénariste dans la construction de ses intrigues, la folie audiovisuelle de ses collaborateurs et indéniablement un excellent mystery game. Amateurs du genre, ne ratez pas le premier épisode des aventures de Yuma Kokohead !

SCREENSHOTS

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