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Old Skies

choo.t par choo.t,  email  @ch00t
 
Ça y est, l’humanité a réalisé un vieux rêve : remonter le temps. Mais point d’utopie ne découle de la découverte. Après moult mésusages et paradoxes, une corporation remporte le monopole de cette technologie afin de proposer du tourisme temporel contre monnaie sonnante et trébuchante, tout en s’assurant que les voyageurs ne foutent pas trop le zbeul dans la timeline.
Sept longues années après UnavowedWadjet Eye Games revient avec son jeu le plus ambitieux, le plus long, avec un casting vocal plus fourni et surtout, marquant le passage à la HD. Si ces deux premiers points se sont passés sans encombre, l’abandon du pixel art se fait au profit d’un style graphique paraissant moins fouillé, les décors qui semblaient fourmiller de détails en 340p paraissent un peu trop dépouillés en 1080p. Pourtant, le jeu n’est pas moins détaillé que ses aînés ; c'est simplement que la "haute" définition ne laisse plus autant de place à notre imagination pour combler l’espace entre les pixels.

Même si Old Skies reste majoritairement très agréable à l’œil, certains passages, particulièrement les gros plans sur les personnages, sont moins flatteurs, voire incongrus. Mais ce petit reproche n’a plus d’importance une fois qu’on se retrouve happé par l’écriture, toujours signée de la plume de David Gilbert, qui en plus d’être la force du titre, est un véritable bijou.



On y incarne Fia Quinn, une agente de terrain pour ChronoZen, la corporation ayant le monopole légal des voyages temporels. Comme tous ses collègues, elle est temporellement verrouillée, rendant son présent inaltérable aux modifications du passé. À première vue, cela semble être un atout prodigieux, et d’un point de vue professionnel, c'est effectivement le cas. Mais dans le privé, c’est une tout une autre histoire : si vous êtes une constante, le reste du monde n’est que variable. Rien de ce qui vous entoure n’a de permanence, rien de ce que vous connaissez n’est garanti d’exister demain, ou même d’avoir existé tout court.

Un cadre de vie kafkaïen qui viendrait à bout de la santé mentale de n’importe qui, mais vous n’êtes pas n’importe qui. Le processus de rectrutement de ChronoZen est rigoureux et seule une poignée de personnes correspondent au profil psychologique nécessaire.



En une grosse dizaine d’heures, le jeu déploie un éventail de personnages au travers de six chapitres/époques et, malgré le temps relativement succinct que l’on passe auprès de chacun d’eux, leur écriture permet de leur donner substance et profondeur, le tout magnifié par un doublage remarquable qui finit de leur donner vie.

Leurs dialogues sont très agréables à parcourir, restant toujours à l’équilibre entre l’enrobage narratif leur donnant chair et les informations nécessaires à la progression du joueur.



Nos péripéties temporelles sont prétexte à aborder des sentiments et sujets variés, relativement moroses et matures, tels que le deuil, le ressentiment ou la compromission. Mais aussi des thèmes bien moins souvent explorés dans le jeu vidéo tels que l’élan patriotique et les traumas ayant suivi le 11 septembre, ou l’aliénation par le travail et les parcelles de notre vie que l’on y sacrifie. Ce dernier est d’autant plus important qu’il est la trame narrative qui relie l’ensemble du jeu, la métahistoire qui vient coudre les lambeaux d’époques tapissant notre aventure.

Mais le sérieux de ses thèmes ne rend pas le titre maussade pour autant. Le jeu sait aussi faire preuve d’humour, de petits sarcasmes et de plaisanteries venant désamorcer ou contrebalancer certaines situations un peu trop sombres, tout en veillant à ne jamais virer à la farce.

C’est un petit ascenseur émotionnel bien huilé qui sait parfaitement où nous emmener, enchaînant les va-et-vient émotifs sans cahot ni soubresaut, une fable aigre-douce capable de nous faire passer de la tendresse à la mélancolie sans que l’on s’en aperçoive.



Niveau gameplay, on est dans la droite lignées des autres Wadjet Eye Games, à savoir du point-and-click accessible et évitant les énigmes absconses, proposant à tout moment de recevoir un indice sur la marche à suivre (sous forme de dialogue avec notre collègue, histoire de ne pas briser la diégèse du jeu).

Malgré tout, mon expérience a été très légèrement entravée par l’écueil classique du genre : l’énigme dont la logique vous échappe complètement, obligeant à consulter un guide pour trouver la solution, puis à maugréer que celle-ci est complètement absurde et n’a rien à faire ici. Mais il est fort à parier que vous soyez plus malin ou observateur que moi, et que celle-ci ne vous pose aucun problème.

Le thème principal du jeu justifie bien évidemment l’ajout d’une mécanique de voyage temporel : certains objets, informations ou lieux ne seront accessibles qu’à une des deux époques du chapitre en cours, et il faudra jongler entre celles-ci pour avancer dans l’histoire.

L’intégration de la mécanique dans le gameplay est cependant assez légère, celle-ci servant d’abord à épauler le récit plutôt que d'essayer de faire chauffer nos méninges, mais ce n’est en aucun cas un reproche. Ce que l’on perd en liberté de jeu, on le gagne en cohérence ludo-narrative.



Le jeu prend aussi la très bonne initiative de proposer de faire un petit tour derrière les coulisses grâce à des commentaires audio et au bêtisier du doublage.

Ces commentaires sont d’ailleurs très instructifs sur le processus créatif de David Gilbert, nous dévoilant à la fois les intentions et affects personnels derrière telle ou telle scène, mais aussi comment le développement du jeu les a fait évoluer. Pour ceux qui voudraient aller plus loin, le développement du jeu fut très transparent et documenté à travers plusieurs directs sur la chaîne YouTube de Wadjet Eye Games.

Sans surprise, le dernier Wadjet Eye Games est de nouveau un excellent point-and-click. Une œuvre réalisée avec talent et passion, tantôt drôle, tantôt poignante, qui offre une aventure explorant la fragilité de nos existences, tributaires d’innombrables paramètres que nul ne maîtrise entièrement. Que vous soyez adepte de ce genre de jeu ou non, Old Skies a quelque chose à vous faire vivre, et ce serait dommage de passer à côté.

SCREENSHOTS

 

Commentaires

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rEkOM
 
Merci pour le test !
Samax
 
Merci pour le test, hâte de tester ça du coup !
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