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TEST

The Shapeshifting Detective, qui veut la peau de Roger l'habite

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : D'Avekki Studios Wales Interactive
Supports : PC / PS4 / Switch
Franchement, qui aurait cru qu'on écrirait le test d'un jeu 100% FMV fin 2018. Et pourtant oui, l'aventure en Full Motion Video est définitivement de retour depuis quelques années : Her Story, Contradiction, The Bunker, la mégabombe de l'année dernière Late Shift ou plus récemment le remaster de Night Trap, pas de doute, il y a bien un marché pour ces productions à mi-chemin entre cinéma délicieusement kitsch et jeu vidéo. On se réjouit donc de la sortie de The Shapeshifting Detective, second film-jeu du créateur d'histoires interactives D’Avekki Studios. Il reste maintenant à vérifier s'il mérite sa place sur nos étagères aux côtés de Phantasmagoria et Mad Dog McCree.
Les Britanniques de D'Avekki n'en sont pas au coup d'essai en la matière : l'année dernière ils sortaient leur The Infectious Madness of Doctor Dekker, jeu d'enquête autour de l'étrange décès d'un psychiatre, organisé en séances d'entretiens privés avec ses ultimes patients. Malgré ses longueurs, le jeu a eu un succès retentissant sur Steam et pour cause, le studio sait mettre en scène des histoires de meurtres. Il s'était même déjà fait connaître par la série de jeux de société Murder Mystery Flexi-Party, sorte de Cluedo moderne à haute rejouabilité. Pas étonnant qu'ils nous reviennent cette année avec une nouvelle fois une enquête autour d'un meurtre mystérieux dans une petite ville de campagne perdue au fin fond de l'Angleterre. Seulement cette fois-ci, l'enquêteur à des super-pouvoirs et il à jusqu'à minuit pour trouver un coupable.

Bienvenue à August : petite ville côtière de l'Angleterre secouée par l'assassinat récent d'une jeune violoncelliste. On endosse le costume de Sam, détective métamorphe dépêché sur place par une mystérieuse organisation pour aider la police locale à mener son investigation. Si le commissaire Chef Dupont n'a pas l'air au fait de sa spécificité physique, il en connait tout de même un rayon sur le passé du bonhomme et promet de l'aider à laver son honneur (hmm, mais de quoi peut-il bien parler...) s'il arrive à résoudre l'affaire. Et quelle affaire ! La victime Dorota Shaw n'avait pas d'antécédents avec la justice ni d'ennemi connu. Seul fait marquant le jour précédent sa mort, 3 adeptes de tarologie ont fait irruption en ville et ont prédit son décès. Les suspects sont donc tout désignés et c'est à Sam d'infirmer ou lever le doute sur leur culpabilité.

Le photographe pervers dans le boudoir avec le piccolo à 5 cordes

Le jeu prend donc la forme d'un vaste travail d'enquêteur via un gameplay typé "jeu d'aventure textuel" avec évidemment des séquences filmées à chaque interaction : on passe son temps à aller d'un endroit à l'autre, de la maison d'hôte du coin hébergeant les suspects n°1 à la station de radio en passant par le salon photo ou l'appartement du petit ami de la défunte pour interroger suspects, célébrités locales et personnes en lien avec la victime. Au détour des questions que l'on pose, on glane des informations sur tout un chacun, leurs alibis et relations avec les habitants d'August. De précieux détails que l'on peut ensuite réutiliser pour orienter des conversations et dénicher plus d'indices, que l'on soit dans la peau de Sam ou en prenant l'apparence (et la voix) de n'importe lequel des personnages rencontrés. Et du monde, ça, on va en voir.

Entre Violet la tenancière de la maison d'hôte droguée aux antidépresseurs, les 3 tarologues Bronwyn, Rayne et Lexie tous plus flippants les uns que les autres, les animateurs Poe & Munro, le photographe local Zak un peu trop porté sur le sexe, chacun a une excuse potentielle pour en vouloir à la victime et une infinité de raisons de suspecter les autres. A notre disposition pour séparer le bon grain de l'ivraie, la possibilité de jeter des options de dialogue qui pourraient compromettre nos talents de métamorphe et les reléguer à la poubelle. Si l'idée de base est bonne, il faut bien reconnaitre que le système ne propose jamais de choix trop embarrassants pour le joueur, on a ainsi trop rarement l'occasion de l'utiliser. De même dans la réalité, on se balade d'un corps à l'autre plus pour épuiser tous les choix de dialogue que pour dénicher un tuyau.

Toutefois, ces petites mascarades dans la peau d'un autre offrent plusieurs choix menant à des situations cocasses : relation amoureuse, mise en garde à vue d'un suspect au commissariat, demande en mariage (!), mort de Sam dans certaines circonstances. L'ésotérisme, traité ici de façon sérieuse, s'invite à la fête à la fin du premier chapitre et rajoute une couche de surnaturel par-dessus l'ensemble. Si comme moi vous êtes curieux, il a de fortes chances que vous ressortiez de The Shapeshifting Detective en ayant appris quelques trucs sur les planches Ouija, le tarot Mercure et les voyageurs dimensionnels. Le jeu fourmille aussi d'embranchements de dialogues (plus de 1600 au total) et si on ajoute à cela un tueur aléatoirement désigné en début de partie, on obtient un titre à la rejouabilité intéressante, ce qui est assez unique pour le genre.

C'est Emile, Emile, c'est Emile le tueur-euh !

Bien que 95% du jeu se déroule en caméra fixe lors d'entretiens privés, les réalisateurs Tim et Lynda Cowles donnent aussi dans le jump-scares de série B typique à certains moments à la fin d'une discussion (la petite nièce de Violet en robe écrue au bout du couloir, la tenancière de la maison d'hôte qui rode dans les couloirs une paire de ciseaux à la main). Autre petit gimmick FMV dont le jeu a du mal à se défaire : les connotations graveleuses parfois un peu limite et surtout des acteurs savent qu'ils jouent dans un FMV, connaissent à l'avance la question et surjouent un peu la réponse. Pourtant, l'acting reste globalement convaincant avec notamment l'excellent boulot de Rupert Booth (Chef Dupont) déjà vu dans Contradiction et quelques talents qu'on retrouvait déjà au casting de Dr. Dekker.

Autre détail agréable, les nombreuses heures du faux show radiophonique "Poe & Munro" qui viennent combler les séquences entre les entrevues : des vraies histoires sordides à la Pierre Bellemare très bien racontées dans la langue de Shakespeare. Il faut un peu plus de trois heures pour faire le tour des chapitres du jeu en ayant participé à la quasi-totalité des discussions. Le mystère du meurtre reste lui opaque jusqu'à la toute fin du jeu où un indice de dernière minute vient généralement confirmer l'identité du tueur, même si encore cela dépend des runs et du nombre de dialogues auxquels on a participé. A minuit et après deux derniers chapitres expédiés en quelques scènes téléguidées, c'est l'heure du crime et Chef Dupont nous convoque pour désigner un responsable. Ensuite l'épilogue viendra confirmer nos déductions ou peut-être le cauchemar continuera-t-il, le tueur rodant encore dans August en cas d'échec...

Avec The Shapeshifting Detective, on a encore droit à une belle coopération entre l'éditeur spécialiste du 100% FMV Wales Interactive et le petit développeur qui monte D'Avekki Studios. Un jeu d'enquêtes qui n'a ni les ambitions ni le budget d'un Late Shift, certes, mais qui s'en sort plutôt bien grâce notamment à son étonnante replay-value et une histoire menée tambour battant par un flic métamorphe. En tout cas, ça fait vraiment plaisir de voir ressurgir ce sous-genre du coma dans lequel on l'avait laissé dans les années 90 parce qu’honnêtement, on le moque autant qu'on l'affectionne !

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