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Kena: Bridge of Spirits

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : Ember Lab
Supports : PC / PS4 / PS5
Pourtant rompus aux techniques de communication modernes, si on en croit leur portfolio de grands noms comme The Coca-Cola Company, Hisense ou encore MLB, les publicitaires d'Ember Lab se sont malgré tout retrouvé un peu dépassés par le petit succès de leur jeu pendant et après la présentation Future of Gaming inauguratrice de la PS5. Kena: Bridge of Spirits avait en effet emballé tout le monde par sa plastique impeccable et sa volonté de réduire encore la frontière entre jeu et film d'animation. Pour les responsables du fan film Majora's Mask : Terrible Fate, le challenge était donc double, sortir leur premier jeu vidéo et ne pas décevoir un public déjà acquis à sa cause.
Sauf que voilà, depuis l’annonce, on a attendu en vain des nouvelles du jeu. On a bien eu droit à de belles cinématiques dans la poignée de bandes-annonces distillées par les développeurs, mais rien de vraiment concret. Ce n’est généralement pas bon signe, surtout venant d’un studio d’artistes avant tout. Et puis, le jeu est sorti et il a mis tous ceux qui avaient besoin d’une excuse pour justifier l’achat de leur PS5 d’accord. Alors oui, le jeu est sacrément mignon et bien animé. Des adorables Rots et leurs yeux globuleux (par pitié, évitez les jeux de mots inutiles, ce n’était déjà pas facile lors de notre session découverte du jeu) jusqu’à son héroïne en passant par les PNJs rencontrés. Dans les yeux d’un spectateur, Kena transpire la classe à plein nez. Et à juste titre, les magiciens d’Ember Lab font ce qu’ils savent faire, à savoir donner vie à une à des personnages qu’on croirait tout droit sortis du dernier Pixar. Les décors ne sont pas en reste et regorgent de détails. Pourtant, première remarque qui en dit long sur les ambitions du studio, le jeu se paye une direction artistique de film d’animation fourre-tout.

Entre influences des mythologies nordiques, inspirations clairement japonaises et sonorités balinaises sur sa très épique bande originale, le jeu se construit comme il peut une identité de façade. Et ce n’est pas son scénario gratté sur un bout de table pour justifier son univers onirique qui dira le contraire. Dans le monde fantastique (mais cloisonné) de Kena, les gens sculptent des masques en bois pour honorer et guider l’esprit des morts jusqu’à l’au-delà. Mais certains d’entre eux n’arrivent pas à traverser le royaume des morts et errent comme des âmes en peine à la recherche du pardon, de la rédemption, voire d’un sens à ce pitch scénaristique, qui sait ?



C’est justement là que l’héroïne du jeu entre en action. Guide spirituelle de père en fille, Kena reprend le flambeau de son défunt papounet et se retrouve on ne sait pas trop comment devant Toshi, l’esprit du chef du village, dans la séquence d’introduction. Rapidement, elle fait connaissance avec les Rots et d’autres personnages spectraux piégés entre deux mondes. Elle comprend plus tard qu’il s’est passé un drame dans la montagne qui surplombe le fameux" village », ce hub duquel partiront les quelques maigres quêtes qui façonnent l’aventure. Un bagage narratif générique donc au service d’un jeu au game design qui l’est, hélas, tout autant.

Mad masks

Le joueur enchaîne les allers-retours entre le sanctuaire du village et trois environnements et demi (une forêt, un champ et les alentours de la montagne) pour au final délivrer 3 esprits de leurs tourments respectifs. Ce faisant il va traverser des zones semi-ouvertes dans des phases de plateforme exploration très classiques : grimpette sur des corniches pour traverser une zone, sauts millimétrés, mais pas trop, pensez Tomb Raider 2013, Beyond Good and Evil ou allez pourquoi pas… Fable, mais à petit budget. Dans chaque mission, il faudra trouver 3 reliques appartenant au défunt pour pouvoir le convoquer et l’affronter dans un combat final, tout en nettoyant les niveaux de la « corruption » ambiante à l’aide du pouvoir des Rots.

Entre-temps, on aura également droit à des puzzles environnementaux là aussi très simplistes : frapper ou tirer à l’aide d’un arc sur une succession de cibles dans un laps de temps limité, ordonner aux Rots de déplacer tel ou tel objet pour atteindre une plateforme inaccessible, récupérer le contenu de coffres ou positionner une plateforme contenant un cristal de façon à ouvrir une porte magique. Bref, on a tous déjà fait ça des centaines de fois dans le jeu vidéo. Alors évidemment, les développeurs nous abreuvent régulièrement de cinématiques spectaculaires pour nous faire oublier les phases de jeu soporifiques qu’on vient de se taper.

Et puis, il y a les combats en arènes, matérialisées ou masquées derrière des barrières invisibles. Et c’est ici et surtout pendant les combats de boss ou Kena surprend enfin le joueur… et pas pour les bonnes raisons.

La mignonceté des regards Ghibliesque et les bons sentiments laissent la place à une difficulté mal dosée et parfois insolente qui refroidit la première fois qu’on y fait face. Si les patterns des ennemis sont plutôt bien vus dans l’ensemble et accentués par (encore et toujours !) de sublimes animations et des effets spéciaux qui rajoutent du punch à l’action, c’est dans l’exercice du timing qu’Ember Lab avoue ses lacunes.



Entre attaques d’adversaire à l’allonge qui leur permet de traverser un écran entier en 1/4 de seconde pour nous enlever la moitié de notre barre de vie, et un couple parade/esquive qui ne fonctionne juste pas face à certains… Il y a de quoi décourager le joueur qui ne s’attendait surement pas à try hard en se faisant rosser pendant deux heures sur le même boss (coucou Toshi, c’est de toi qu’on parle). Alors qu’à contrario, d’autres affrontements sur le papier plus complexe se trouvent être beaucoup plus abordables. Un manque de justesse dans le gameplay qui se retrouve dans des manipulations à la manette pas toujours très pratiques et une progression générale de l’héroïne à l’aide d’un arbre de pouvoirs anecdotique qu’on a quasi-maxxé en quatre heures de jeu. Quelque part, rien de bien surprenant lorsqu’on suit le cheminement derrière ce premier projet d’un studio inexpérimenté en la matière.

À côté de ça, Kena tient techniquement la route pendant toute l’aventure. L’Unreal Engine 4 fait ici des merveilles et le jeu a le mérite de faire un pas de plus vers le tout cinématiques en temps réel, mention spéciale aux effets spéciaux de haute volée. On regrettera cependant le peu d’optimisations pour PS5 sur un titre pourtant poussé par Sony lors de l’annonce de sa console. Les (légers) chargements sont toujours présents et parfois disgracieux. Les retours haptiques de la Dualsense quant à eux ne sont ressentis que lorsqu’on bande notre arc. Et puis, quid du choix de rendre les cinématiques du jeu à 24 images par seconde alors qu’un mode performance permet de faire tourner le jeu à 60 ?
C'est beau, mais c'est tout. Indéniablement charmant, Kena: Bridge of Spirits est l'un de ces jeux d'artistes aux cinématiques irréprochables et aux modèles finement animés. Par contre dès qu'on creuse un peu, on se heurte trop rapidement à un manque général de justesse dans le design de ses mécaniques de jeu. Ses développeurs avaient pourtant choisi de ne prendre aucun risque en calquant le gameplay sur ses pairs. Entre ça et une histoire prétexte à mettre en avant sa direction artistique dans laquelle on ne se retrouve jamais vraiment impliqué, on traverse en pilote automatique un jeu qu'on aura finalement bien vite oublié.

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