TEST
to a T, me voilà bien Kata marri

S’il y a bien quelque chose que réussit Keita Takahashi, se sont les génériques de ses jeux. Après le fantastique “Nana-nananananana-na Katamari Damacy !” littéralement enfoncé dans mon crâne pour le restant de mes jours, cela fait une semaine que la chanson lançant chaque épisode de son nouveau jeu to a T tourne en boucle dans ma caboche. Malheureusement, à chaque fois que le DJ de mon esprit décide de lancer “Believe in yourself, you’re the perfect shape!”, il me vient un sale goût de déception car ce dernier jeu édité par Annapurna Interactive ressemble plus un projet de jeunesse un peu déglingué qu’au magnum opus d’un des précurseurs de “l’esprit indé”.
to a T nous conte donc l’histoire de l’Ado (Teen en anglais) bloqué en T-pose, élevé par une mère célibataire et aidé par son potichien dans une riante bourgade de bord de mer. Nous jouons donc un personnage handicapé, ce qui est assez rare pour être souligné, pour l’accompagner dans les défis quotidiens auxquels il est confronté. Le début du jeu est alors assez encourageant : le gameplay consiste à effectuer des gestes tout simples comme se laver les dents, le visage, manger ses céréales en manipulant les sticks pour bouger les bras en se saisissant des objets avec les gâchettes. Je me suis alors dit que le jeu allait se vivre comme un Getting Over It léger et sucré mais, une fois sorti de la maison pour aller à l’école, le jeu laisse presque totalement tomber ces phases pour se concentrer sur l’exploration de la petite ville et surtout la narration.
Le titre se compose alors d’une suite de scénettes, de dialogues avec de temps en temps un mini-jeu ou un temps calme pour explorer la ville. to a T est donc parfaitement linéaire, assez autoritaire dans sa manière d’imposer son rythme, à rebours de son discours nous enjoignant à embrasser l’imperfection (to a T, ce n’est pas que la T-pose, c’est surtout une expression se traduisant par “perfection” en français). Comme dit juste avant, il est possible d’explorer la ville, mais il n’y a pas grand-chose à y faire à part collectionner des coupes de cheveux et récolter de la maille pour s’acheter des vêtements. Les déplacements sont assez lents (même si on a accès à un monocycle qui parle), la caméra fait un peu ce qu’elle veut, surtout quand on s’écarte du chemin prédéfini. J’ai donc été frustré assez vite et j’ai laissé tomber cet aspect pour me concentrer sur l’histoire.
Mais voilà, la narration est brouillonne, elle passe d’une séquence à une autre en jetant à la poubelle les concepts abordés juste avant. Par exemple en début de jeu, to a T en fait des caisses sur le fait que l’Ado va pouvoir s’envoler grâce à sa forme d'hélicoptère. Une fois l’aptitude maîtrisée, le titre n’en fait rien de très intéressant et sa place dans l’histoire devient anecdotique. À l’instar d’un gamin atteint de TDAH, le jeu change constament de focus et décide brutalement de s'intéresser à d’autres choses en devenant de plus en plus linéaire et bavard. À ce titre, la fin du jeu est une suite de dialogues en champs / contrechamps répétitifs ne racontant rien d’extraordinaire.

T mignon mais T un tout petit breton
Reste la direction artistique et certaines situations assez rigolotes qui font que je n’ai pas abandonné avant sa conclusion, mais le sentiment final est que j’ai surtout joué à un jeu sans vraiment de direction, qui passe du coq à l’âne sans rien maîtriser tout en étant un peu cassé techniquement.Vous pourriez légitimement me répondre : “Mais tu passes le plus clair de ton temps à jouer à des simulations de bagnoles de gros daron alors que le jeu est clairement destiné aux enfants (qui savent lire) !”. Je me suis aussi dit ça puis je me suis rendu à l’évidence que c’est un très mauvais jeu pour enfants ou ados. Comme dit précédemment, le titre est techniquement à la ramasse à l’heure où j’écris ces lignes et j’ai rencontré beaucoup de bugs un peu gênants, comme des personnages dont les bulles de dialogues sont échangées. De plus, pas mal de mini-jeux sont soit complètement cassés, soit trop durs, difficilement compréhensibles, voire décident sans prévenir de troller le personnage et le joueur. J’ai été régulièrement perdu ou confus. Le manque de clarté additionné au fait que le titre passe son temps à s’interrompre avec des dialogues me laisse à penser que peu de gamins s’amuseront dessus.

J’ai réalisé cela lors des séquences de plateformes toutes pétées avec le potichien et j’ai eu un stress post-traumatique du jeu Les Razmoket: À la recherche de Reptar sur PlayStation, qui enchaînait plein de petites phases de jeux à la maniabilité douteuse sur lesquelles le petit Xavor de 8 ans s’était cassé les dents. Du coup, je me dis que le cycle se répéterait si je mettais to a T dans les mains d’un bambin du même âge aujourd’hui.
Un intellectuel des commentaires pourrait me répondre que je n’ai rien compris, que l’imperfection du jeu fait partie de son discours. Pourquoi pas ! Malheureusement, pour soutenir ce postulat, il faudrait que le titre la rende jouissive, ce qui est loin d’être le cas de to a T. Le jeu est mignon mais il est surtout un peu ennuyeux et pénible à parcourir. Je l’aurai déjà oublié si cette foutue chanson d’ouverture n’était pas autant métastasée dans mon cerveau. D’ailleurs, vous l’avez juste au-dessus si vous voulez me rejoindre.
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