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Un Rédacteur Factornews vous demande :

 
ARTICLE

L’histoire derrière Mother Russia Bleeds

K.Mizol par K.Mizol,  email  @Super_Slip_Man

Niveau IX : Try Again ?

En janvier 2017, environ 125 000 exemplaires du jeu ont été vendus sur Steam au total et environ 10 000 sur PS4. Ce qui permet au Cartel d’arriver tout juste au remboursement des perdiem que leur a attribués Devolver (le calcul n’est pas évident entre les différentes soldes et les prix qui varient parfois du simple au triple selon les pays).

Le label américain a toujours précisé aux français que leur jeu serait un long-seller, c’est-à-dire un jeu qui se vend sur la durée et non pas par camions en day one. La raison s’explique par le style du jeu qui était enterré depuis longtemps (à contrario d’un Enter the Gungeon par exemple - de Devolver également - qui surfait sur la vague Binding of Isaac et qui s’est vendu à 200 000 exemplaires en une semaine), mais aussi par la surabondance des sorties sur Steam. Même labélisé Devolver, ce n’est pas toujours évident de trouver son public immédiatement. Nos amis ont donc dû apprendre à relativiser et abandonner l’idée de réellement faire de l’argent avec leur titre au moment de sa sortie. Fun fact : le plus gros du public ayant acheté le jeu les premières semaines... est Russe.



Fred, Alex, Flo et Slo ont donc très vite repris une vie « normale » après la sortie du jeu et ne se voient plus vraiment. Comme des anciens collègues. Le besoin de souffler s’est aussi fait ressentir malgré la sensation de vide après trois années intenses. Le premier donne aujourd’hui des cours de game design sur Paris et se remet à jour concernant les sorties jeux vidéo. Alex après une période assez difficile à vivre sans rien à faire alors qu’il a toujours été productif, fait de l’illustration, de l’animation, prend quelques commandes et s’essaye à de nouveaux outils. Flo est ressorti exténué de la phase de débug et ne se voyait pas repartir sur un projet aussi éprouvant et aspire donc à rejoindre un studio plus « cadré » pour vivre les choses plus paisiblement. Quant à Slo son ressenti est évidemment différent puisqu’il n’était pas non-stop sur le projet comme ses trois comparses. Il ne s’est donc jamais vraiment arrêté de travailler. Il a enchaîné sur un petit contrat pour un shooter VR du nom de Blasters of the Universe et bosse notamment sur un autre jeu indé français qui doit pour le moment rester secret mais dont la musique sera très différente puisqu’aux tonalités médiévales traditionnelles… En attendant vous pouvez toujours découvrir 30 morceaux inédits de Mother Russia Bleeds avec remix & co par ici.



Pour terminer ce papier, je leur ai demandé à chacun quel bilan ils tirent de cette aventure et si c’était à refaire ou non.

Fred : « Je suis vraiment heureux du bilan. Ça reste extraordinaire ce que nous avons vécu. Le jeu en lui-même est une réussite à mon sens. Certes il est imparfait, mais il transpire la sueur et le sang et la passion. On a tous donné nos tripes dessus, et surtout on n'a rien lâché. Donc pour être clair, c'est comme un accouchement. Ça se fait parfois un peu dans la douleur, mais quand on voit le résultat, on est heureux ! Donc pour ma part, ce serait à refaire, tout en tirant les enseignements de cette expérience. Je sais maintenant qu'il est possible de vivre du jeu indé, mais j'en connais aussi le prix et le facteur "être là au bon moment, au bon endroit". »

Alex : « J'ai moins vécu la douleur de Fred je pense. J'ai aimé chaque partie de cette aventure, et je pourrais vivre de projets comme ça toute ma vie. Mon objectif aujourd'hui est de perpétrer cette histoire, trouver un nouveau moyen de rester indépendant, de me livrer corps et âme à un jeu, et d'ancrer un peu plus mon existence dans cette industrie. C'est le message que je transmets aux étudiants que je rencontre : C'est dur, faut en vouloir, faut pas espérer être riche ou connu, mais la satisfaction qu'apporte la création d'une œuvre, surtout en parfaite indépendance, c'est inestimable. Je re-signerai sans réfléchir. »

Flo : « Si je revenais en arrière en ayant connaissance de ce qui m'attends, je n'hésiterai pas une seule seconde à recommencer ! Ce fut une expérience unique, avec de bons moments et de belles rencontres. On en a vraiment chié, mais on a tenu bon et aujourd'hui notre jeu a pris une place dans l'histoire. Et avoir mené un projet de A à Z en ayant parcouru toutes les facettes du développement, ça laisse une expérience qui vaut son pesant de cacahuètes ! Mais comme je te l’ai dit, je ne me vois pas ré-enchainer 3 nouvelles années aussi folles, l'impact sur ma santé et ma vie sociale à la fin était trop important pour me permettre de continuer. Je ne manquerai cependant pas d'encourager ceux qui ont l'envie et les moyens de se lancer dans ce genre d'aventure, d'exprimer sa passion et ce malgré tous les obstacles que cela peut générer, on a qu'une seule vie, il faut en profiter ! »

Slo : « Bilan extrêmement positif, j'ai été content de rencontrer et de bosser avec les membres du Cartel, et de poser mes sons sur un putain de jeu, je pense que si je n'avais pas participé au projet j'aurai été comme fou, manette en main, avec des potes et des bières, et que j'aurai vraiment kiffé Mother Russia Bleeds, tout en insultant copieusement les programmeurs sur certains passages que j'aurais trouvé bien trop hardcore... D'ailleurs je crois que je l'ai fait pendant les tests haha. Quoiqu'il en soit, on a lancé un pavé dans la marre, quand tu sais qu'à peu près 125 000 personnes ont pécho ton jeu en quelques mois, tu peux au minimum doubler ou tripler le chiffre pour les gens qui l'ont téléchargé illégalement, et je peux te dire que ça fait une grosse impression quand tu y penses. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont joué à mon jeu, et au vu des avis Steam, une énorme majorité l’a vraiment apprécié. C'est un bilan extrêmement positif. On est toujours pas riches pour autant et on n’est même pas sur de retaffer ensemble sur de prochains projets mais qu'importe, quoiqu'il arrive dans ma vie je serai toujours fier d'avoir participé à cette aventure de malade. J'en profite pour dire un énorme merci à Fred et Camille, qui m'ont permis de réaliser un rêve que je ne pensais même pas réalisable... Et pour la peine je vais tout faire pour continuer à botter des culs avec du gros son. »

Au moment où j’écris ces lignes, Fred doit revoir Alex prochainement pour lui parler d’un nouveau projet. Rien ne dit qu’ils repartiront à l’aventure ensemble à ce jour, mais tout est encore possible... Merci à Fred, Alex, Flo et Slo, merci à Philippe Valette et Rémi Bastie ainsi qu’à Pilou et Devolver.
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