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Earthion

Frostis Advance par Frostis Advance,  email  @SW-5831-6614-4024
Développeur / Editeur : Limited Run Games Ancient Bitwave Games
Avec les milliers de jeux qui sortent tous les ans et un backlog grandissant, devinez vers quoi je me suis tourné ? Un shoot ’em up de l’époque 16 bits développé sur Sega Mega Drive par un petit studio japonais, le tout accompagné d’une bande son chiptune par l’un des meilleurs dans ce domaine, Yūzō Koshiro. Puissance max, je file avec mon vaisseau spatial en évitant les boulettes.

Les humains sont des cons

2175. Dans cette époque lointaine, mais ressemblant parfaitement à ce que pourrait être notre futur, les humains ont fait n’importe quoi avec notre belle Terre, allant jusqu’à l’épuisement de ses ressources. L’environnement et la nature étant totalement dégradés, la seule solution a été de quitter la planète bleue pour aller s’installer sur Mars. Enfin, une partie de la population, parce que la planète rouge n’est pas franchement très accueillante pour notre espèce.



Voyant les humains envahir Mars, des extraterrestres ont décidé de faire l’inverse : occuper la Terre et éradiquer le peu d’humains qui y sont restés. Après tout, pourquoi pas. Dans tous les cas, pas d’autres choix possibles, il faut partir aider notre peuple. On incarne Azusa Takanashi, biologiste en environnement et apparemment pilote de chasse le week-end avec un super chasseur spatial ultra moderne, le YK-IIA. L’objectif est simple : tirer des petites boulettes sur tout ce qui bouge, en particulier ces envahisseurs et sauver ce qui reste de l’humanité. Et venger sa famille, malheureusement tuée lors du premier assaut ennemi.

Alors, on peut se demander : “Pourquoi envoyer une seule personne et non toute une armée ?” Mais ce n’est pas la bonne question à se poser lorsque l’on parle shoot ’em up ! La véritable interrogation, c'est de savoir combien on aura de points à la fin de la partie.

Un jeu Ancient

Clairement, ce n’est pas sur le scénario que l’on attendait Earthion, le dernier jeu sorti du studio Ancient et édité par Limited Run Games. Le projet de base était de développer un shoot ’em up sur Mega Drive avec le matériel d’origine et non sur un ordinateur récent. Un projet un peu à contre-courant pour un studio que peu de gens connaissent vraiment. Et si Ancient ne vous parle pas, il faut revenir un peu sur son histoire et sa création pour mieux comprendre la genèse de ce projet.

Ancient est un studio japonais basé à Tokyo, qui a ouvert ses portes le 1er avril 1990. Il ne date donc pas d’hier et on retrouve trois personnes à sa création. La première est Yūzō Koshiro, compositeur que l’on ne présente plus pour ses bandes son qui restent gravées dans la mémoire de beaucoup de monde, avec Ys I & II, The Revenge of Shinobi, The Story of Thor, la trilogie Streets of Rage mais aussi quelques morceaux pour Streets of Rage 4, sans oublier les versions Game Gear et Master System de Sonic the Hedgehog, le série Etrian Odyssey, mais aussi Shenmue I & II, ainsi qu'une tonne de morceaux pour d’autres jeux comme Super Smash Bros. Brawl, Kid Icarus: Uprising, les menus de la Sega Mega Drive Mini et tout un tas de trucs ici et là. Son travail est immense et son talent incroyable.

La seconde personne du studio est Tomo Koshiro, qui n’est autre que la mère de Yūzō. Au passage, elle était professeur de piano et elle a donc appris à son fils à jouer de cet instrument dès ses trois ans. Ensuite, elle a demandé à l'un de ses amis s’il pouvait donner des cours un peu plus avancés à son fils, qui avait environ huit ans à l’époque. Ces cours un peu spéciaux ont duré trois années. Et cet ami, c’est Joe Hisaishi. Oui, le compositeur, chef d'orchestre, pianiste et parolier qui a composé la musique de la plupart des films de Hayao Miyazaki (Studio Ghibli) et de Takeshi Kitano. 

Enfin, parce qu’on fait bosser la famille, la troisième personne n’est autre que Ayano Koshiro, sa soeur, graphiste et character designer de talent, puisqu’elle a occupé des postes clés sur Ys I & II, The Story of Thor, ActRaiser 1 & 2 ou encore Streets of Rage 2 & 3 pour ne citer qu’eux.

Actuellement, il est compliqué de savoir qui travaille réellement chez Ancient. On parle d’environ 20 personnes et de pas mal de collaborations avec d’autres studios et indépendants. Mais clairement, les Koshiro sont une famille d'artistes et il n’est donc pas étonnant que le studio soit totalement à contre-courant de notre époque, pouvant se permettre des projets un peu passion et penchant vers l'artistique et la technique, sans une seule touche d’IA.


 

Développement old school

Comme aime le rappeler Limited Run Games, le développement d’Earthion a été effectué sur un kit de développement Mega Drive. Il s’agit donc d’un jeu Mega Drive, toujours prévu pour une sortie physique courant 2026 sur ce support, mais porté sur consoles PlayStation, Xbox, Nintendo Switch et PC. Au passage, Ancient a demandé à Bitwave Games de réaliser les portages, afin de rester focalisé sur le développement du jeu en lui-même et ne pas se préoccuper du reste.

Pour la partie sonore, Yūzō Koshiro a utilisé la puce Yamaha YM2608, que l’on retrouve dans les NEC PC-8800 et NEC PC-98. Alors vous allez me dire : “C’est triché !”, mais pas du tout, puisque Koshiro-san sait évidemment très bien ce qu’il fait. En fait, la YM2608 a donné vie à deux autres puces, la YM2610, utilisée dans la Neo-Geo de SNK et la YM2612, qui se trouve être le chip sonore de la Sega Mega Drive. C’est d’ailleurs exactement cette puce qu’il a également utilisée pour la musique du menu de la Mega Drive Mini. Je ne vais pas décrire toute la partie technique de la bande son. Je ne suis pas assez calé pour cela, mais il est clair que le boulot accompli est assez dingue, compte tenu du matériel utilisé.



Pour la partie graphique, c’est Makoto Wada qui s’est occupé de développer la quasi totalité du jeu. Connu sous le nom de Karu_gamo, il s’agit d’un développeur faisant partie d’Ancient et plutôt spécialisé dans les jeux de type NES, comme Protect Me Knight (2010), Gotta Protectors (2014) et sa suite Gotta Protectors: Cart of Darkness (2019), ou encore Blazing Rangers (2022). C’est un style assumé et plutôt niche, mais ce genre de jeux a son petit succès.

Ce duo de talent donne une prouesse technique assez sidérante, tant il est compliqué de se dire qu’une Mega Drive pouvait effectivement donner ce genre de jeu. Alors évidemment, les deux hommes n’ont pas la même expérience qu’à l’époque, ni les mêmes techniques et astuces, mais tout de même ! C’est plus ou moins du niveau d’un Thunder Force 4, ce qui n’est pas rien en termes de comparaison.

Enfin, notez que le logo YKGGG qui est sur le site officiel du jeu, mais aussi au démarrage du titre, veut dire Yuzo Koshiro Golden Game Generation. Et il semblerait qu’Ancient ait bien l’intention de continuer à faire du rétro et que ce sigle sera utilisé dans les prochains jeux du studio.

Des boulettes et des boss

C’est bien beau tout cela, mais est-ce qu'Earthion est cool à jouer ? La réponse est oui. La vibe de “quand j’étais gamin” est revenue assez rapidement après quelques minutes manette en main, et même si le jeu est assez court avec seulement huit niveaux à traverser, tout est présent pour relancer une nouvelle partie afin d’améliorer notre technique et notre score.

Earthion est un shoot ’em up assez classique dans son approche, à savoir que chaque niveau se traverse horizontalement, que l’on doit éviter tout un tas de boulettes tirées par des vaisseaux ennemis, et qui se termine par un affrontement contre un boss. Là où il est cool, c’est qu’il intègre quelques sympathiques mécaniques ici et là. Par exemple, notre vaisseau YK-IIA est équipé d’un tir principal, auquel peuvent s’ajouter deux armes secondaires. Et en plus de tout cela, il dispose aussi d’un bouclier. 



Parlons d’abord de ce dernier, qui est le plus simple à comprendre, puisque notre bouclier est ni plus ni moins notre barre de vie. Au contraire de nombreux jeux de l’époque, il baissera au fur et à mesure des tirs essuyés sur notre carrosserie, mais grimpera automatiquement au bout d’un certain temps à bien esquiver les attaques. C’est une mécanique que l’on connaît bien dans les FPS, mais qui est déjà bien moins utilisée dans les jeux de shoot.

Du côté des armes, nous avons une grande jauge, découpée en plusieurs niveaux, qui est là pour définir la puissance de notre arme principale. Chaque méchant abattu lâchera de petits Solrium Crystals, qui rempliront cette jauge. Une fois celle-ci à fond, les petits cristaux serviront à consolider les armes secondaires, que l’on récupère dans l’action. Ces dernières peuvent augmenter continuellement leur niveau de patate, ce qui fera de notre YK-IIA une arme de destruction assez importante. Cependant, ces cristaux n’ont d’effet que sur l'arme utilisée au moment de leur récupération. De fait, il faudra changer assez régulièrement d’arsenal pour les faire grimper à un bon niveau si on le souhaite… Et il arrivera d'en abandonner une pour une nouvelle qui sera au plus bas niveau, et qu’il faudra faire monter avant d’atteindre le boss.



Il faut donc jongler un peu dans l’action, entre notre bouclier de défense et nos différentes armes, ce qui peut donner quelques petits moments de tension assez cool. En plus de cela, il existe une sorte de capsule qui arrive généralement en fin de niveau et qui prend la place d’une arme secondaire. Ce nouvel objet est très important, puisqu’il ouvrira la porte d’une boutique après le boss, donnant la possibilité d’augmenter certaines capacités : une vie supplémentaire, un emplacement pour une nouvelle arme, un bouclier avec un niveau de plus, etc. C’est vraiment très cool et cela apporte un aspect un peu RPG à l’aventure, tout en donnant un sacré coup de main.

Pour ce qui est de la difficulté, Earthion n’est pas destiné uniquement à l’élite des joueurs d'arcade. Il propose plusieurs niveaux de difficulté permettant de terminer le jeu au moins une fois et de s’entraîner, un max d'options pour augmenter le nombre de vies et même un système de mot de passe pour revenir au niveau où on est mort. C’est vraiment agréable et cela fait partie de ces petites choses qui ne sont pas indispensables, mais vraiment bienvenues. On peut aussi noter la présence de beaucoup de paramètres techniques, allant de l’ajout d’un filtre CRT, de manipulation de scanlines, de changement de fonds d’écran, d’options sonores que je ne soupçonnais pas, etc. Des réglages qui ne se retrouveront probablement pas dans la version Mega Drive, cela semble logique.

C’est beau la Terre

Comme dit plus haut, Earthion est tout de même assez classique dans ce qu’il propose en termes d’environnements. Terre oblige, on reste dans du déjà vu, avec une première phase se déroulant dans l’espace au-dessus de notre planète, pour se poursuivre par une entrée dans l’atmosphère et des combats avec l’océan en guise de décor. Ensuite, on arrive dans des paysages plutôt urbains et industrialisés, mais avec une nature qui a commencé à reprendre le dessus, etc. C’est du classique, mais terriblement efficace.

Seul reproche à faire : avec cette débauche d’effets techniques, il est parfois compliqué de distinguer les tirs ennemis. C’est un coup à prendre, mais il ne serait pas étonnant de voir une mise à jour apportée à ce sujet. De même, dans un certain niveau, il est compliqué de savoir ce qui appartient au décor et de ce qui est de l’ordre du “mur à ne pas prendre en pleine face”. 



Heureusement, le bestiaire des ennemis est assez varié, alliant petits ennemis tout nazes et gros vaisseaux bien rapides, pour terminer sur des mid-boss et boss bien énervés comme on aime. Et à ce niveau, l’équipe de développement détient vraiment une science des sprites et des vagues d’ennemis.

Enfin, comment ne pas parler de la partie son ? Là, bizarrement, même si j’ai trouvé tout le jeu vraiment bon à ce niveau, je n’ai pas retenu une seule des musiques comme à l’époque de Streets of Rage. Je n’ai pas eu ce petit ver d’oreille qui reste en tête pendant des jours. Cependant, je vous conseille d’y jouer avec un bon système son ou au moins un casque de qualité, parce que le travail effectué est un bonheur pour les oreilles. Tout est parfaitement clair, avec un son stéréo vraiment impeccable et l’ambiance de l’époque débarque assez rapidement dans le salon.



Et une petit vidéo pour vous rendre comtpe du truc.

Est-ce qu'Earthion est le meilleur shoot ’em up de tous les temps ? Non. Faudrait pas déconner non plus. Mais est-ce qu'Earthion est un excellent shoot ’em up, couplé à une petite prouesse de développement et qui respire l’amour de l’ère 16 bits ? Assurément.

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