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All On Board! ou presque

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : The Game Kitchen
Changement de trauma-sploitation pour les Espagnols de The Game Kitchen qui, après avoir accouché de deux Blasphemous largement inspirés par l'inquisition catholique et l'iconographie andalouse, se rappellent désormais aux bons souvenirs du confinement, de la ruée vers les jeux de société à celle des casques de réalité virtuelle. Un concept qui aurait fait fureur pendant les apéros COVID du samedi-dimanche-lundi-mardi-mercredi-jeudi-vendredi soir. Seulement voilà, il aura fallu attendre presque trois longues années avant que le proof of concept de leur Kickstarter ne débarque enfin sur les boutiques de Steam et Meta. Alors, que reste-t-il d'une campagne, il faut bien l'avouer, pleine de promesses ?
La première ambition derrière All On Board! est de proposer une plateforme unifiée permettant de lancer des parties de jeux de plateau avec vos amis autour de la table (virtuelle ou pas) grâce à la réalité mixte, peu importe leur casque.  À la différence d'un Tabletop Simulator, qui mise avant tout sur la simplicité d'accès et l'immédiateté de la mise en place, le titre des Espagnols se veut tactile, en se concentrant sur les interactions "comme dans la vraie vie" avec des plateaux et accessoires physiqués, des pions aux cartes que l'on pioche et gère unitairement en main. Le lobby intégré au jeu s'occupe de gérer toute la partie en ligne et un système d'avatars et de tables personnalisables couplé à une synchronisation labiale donne vie aux joueurs autour de vous.

Enfin, l'une des clés d'All On Board! est son système de mods qui était censé offir aux joueurs de quoi fabriquer leurs jeux de toute pièce à l'aide d'un éditeur très complet. Et pour donner envie, les développeurs avaient déjà signé à l'époque une douzaine de titres sous licence comme Rallyman GT, Hamlet, Escape the Dark Castle ou encore The Breach qui auraient été distribués sous la forme de DLC à acheter en plus du "client" du jeu. Les joueurs ayant une copie pourraient la partager avec leurs amis le temps d'une partie, comme ils le feraient avec une vraie boîte de jeu. Bref, sur le papier, le titre avait tout pour plaire.

Un projet plein de bonnes idées donc et au planning serré puisque la sortie était prévue pour mi-2023... et nous sommes en mars 2025. Oui, première déconvenue, All On Board! a pris plus de temps que prévu pour sortir de terre. Mais il sort surtout dans un accès anticipé qui ne dit pas son nom, et ça, c'est plus compliqué. Une fois démarré, le client du jeu nous propulse directement dans notre lobby, par défaut ouvert au public. Un menu sur la droite permet de consulter les parties ouvertes et de rejoindre éventuellement une partie privée en saisissant son code secret.



Sur la gauche, un volet d'actualité permet de naviguer entre les prochains événements communautaires : soirée de découverte autour de tel jeu, semaine compétitive sur tel autre... Enfin, au centre, le jeu présente la liste de tous les titres disponibles, des classiques gratuits (dames, échecs, go) aux jeux commerciaux, qu'on les ait achetés ou pas. On est d'ailleurs ravi de constater que le titre est loin d'être radin et propose jusqu'à 25 minutes d'essai pour chaque boîte sous licence et des prix plutôt honnêtes (comptez 9 à 12 euros par DLC). Un premier tour dans les options nous met cependant la puce à l'oreille. On est étonné de ne pas voir le français figurer dans la liste des langues parlées par le maître de jeu, alors que d'autres comme le turc sont présentes et que l'interface est 100% traduite en français. Hmm.

Mais c'est surtout le roster du titre qui trahit son accès anticipé. On n'y retrouve en effet que six jeux sur les quatorze vantés pendant la campagne de financement. Bon, on ne va pas non plus bouder notre plaisir puisque Terraforming Mars, absent à l'origine, fait partie des titres de lancement. En grand fan du jeu (qui a souffert de son adaptation vidéoludique, voir mon test de 2018), je lance immédiatement une partie pour juger sur pièce. Premier problème, le jeu est truffé de bugs et ce, dès les premiers instants. Après avoir choisi son mode de jeu, les règles précisent qu'une fois la corporation sélectionnée et les ressources de base récupérées (ça, le jeu le fait très bien pour nous), on doit tirer dix cartes pour fabriquer notre main de départ.

Seulement, le titre ne pioche pas ces dix cartes automatiquement. Plus loin, on se rend rapidement compte que la fonctionnalité permettant d'effectuer automatiquement la phase de production (calcul et récupération des ressources après chaque "tour" de jeu, le plus chronophage) ne fonctionne pas bien non plus et oublie une partie des ressources. Qui plus est, On peut spammer le bouton "production" pour produire à l'infini, alors qu'on ne devrait pas pouvoir cliquer dessus plus d'une fois. Plus loin encore, des cartes d'un type précis se trouvent être prises en compte comme des cartes d'un autre type, etc.

Des petits couacs qui, accumulés, ne donnent pas envie de se lancer dans une partie sur la longueur, si c'est pour compenser à chaque fois les bugs par de très longues manipulations sur le plateau pour enlever des ressources, ou piocher des cartes à la main. Et ces problèmes, on les retrouve sur à peu près tous les jeux disponibles, de la duplication des dés aux cartes dans notre main qui sont visibles par tous, en passant par une traduction française incomplète. Et il y a ces soucis récurrents plus problématiques liés à la présentation des règles de jeu. Parce que oui, pour les consulter, le jeu nous laisse une petite vidéo YouTube et des astuces qui apparaissent ou pas sur certains plateaux.



C'est assez difficile de découvrir un titre par soi-même, si on n'a pas un livret de règles en référence sur le coin de la table. Alors si en plus, on doit ouvrir la vidéo YouTube dans le petit lecteur dédié à chaque fois, et avancer le curseur à la main jusqu'au chapitre qui nous intéresse... On pourrait également citer le système Smart Glance qui permet d'effectuer certaines actions supplémentaires sur un plateau à l'aide des boutons de la manette (afin, par exemple, de faire avancer les pistes d'oxygène et de température sur Terraforming Mars). Dans les faits, les actions par jeu sont assez mal documentées et on les découvre un peu par hasard, quand elles ne demandent pas de tordre le poignet pour permettre à notre autre main d'appuyer sur un bouton.

Ça mériterait un peu plus de clarté. C'est d'ailleurs ce qu'on peut reprocher globalement au jeu. Lorsque les rounds contre des parfaits inconnus vingt minutes auparavant fonctionnent, le système de jeu est vraiment fluide, on se marre et on se promet de se retrouver plus tard sur le Discord pour organiser nos futures parties ! Toujours au chapitre des points positifs, les assets, pour certains refaits spécialement pour l'occasion, sont de très bonne qualité sur ma version Quest ; les contrôles pour se déplacer autour de la table sont malins et intuitifs ; une sauvegarde automatique permet de quitter et relancer une partie plus tard (utile pour des titres comme Terraforming Mars aux parties durant rarement moins de trois heures). Mais dès qu'un petit grain de sable vient perturber le moteur de gameplay ou qu'on tâtonne à la recherche des règles, on est vite agacé et au final découragé par l'investissement nécessaire pour passer outre. C'est aussi un sacré repoussoir pour ceux qui ne connaissent rien à tel ou tel jeu sous licence.

On l'a un peu mauvaise aussi parce qu'on a vraiment l'impression qu'All On Board! a laissé ses joueurs faire la phase de debug. Et on ne parle même pas des nombreux absents au lancement comme la personnalisation (seulement huit avatars qui se battent en duel sans aucune option de cosmétique), tout le pan modding, l'application Invités pour ramener les joueurs allergiques à la VR autour de la table (une super idée !) ou tout simplement une grande partie des jeux sous licence promis lors de la campagne. Les développeurs ont déjà annoncé bosser sur la résolution des bugs et l'arrivée prochaine de Hamlet. C'est déjà ça.

Une plateforme qui tient la route et un trop-plein de bugs dans ses jeux à licence, voilà à quoi se résume pour l'instant nos premières heures passées sur All On Board! On n'a qu'une envie, c'est que tout ça soit corrigé pour y retourner et se frayer un chemin jusqu'aux premières places du podium lors de tournois sur nos jeux favoris. Mais pour l'instant, la patience reste de mise.

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