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PREVIEW

Gamescom 2020 : Premiers souvenirs compressés dans The Signifier

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : Raw Fury Playmestudio
Supports : PC / Xbox One / PS4
Entre deux productions excitées aux gros pixels qui tâchent, les vikings tout aussi énervés du label Raw Fury calment le jeu avec un tout nouveau titre ajouté dans leur escarcelle en mars dernier : The Signifier. Comme son nom ne l'indique absolument pas, cette aventure intérieure qui mélange enquête, exploration du cerveau assistée par IA à grand renfort d'effets de torsion de l'environnement et psychologie expérimentale a de quoi intriguer. On a donc profité de la Gamescom dématérialisée pour prendre un RDV tout aussi virtuel avec son développeur, histoire d'en savoir plus. Ambiance.
Samedi midi. A peine réveillé, encore dans le coaltar de la veille, j'enchaîne mon 2e café et me connecte sur Discord. Là je rejoints tranquillement Dan et David, mes hôtes pour l'heure à venir. L'un est attaché de presse chez Raw Fury, l'autre le directeur créatif du jeu et il enchaîne les sessions à distance depuis 10h heure de Paris (4h du mat à Santiago). Dan désactive son micro et David partage son écran, avant que l'on commence à discuter ensemble autour de la démo du jeu streamée par son papa. Et s'il en revendique la paternité, c'est que le projet germe dans son esprit depuis plus de 7 ans. Démarré alors qu'il n'était encore qu'étudiant, l'aventure a eu plusieurs itérations avant de devenir The Signifier. A force d'enchaîner les missions d'artiste VFX, David (Fenner) met un peu d'argent de côté pour financer des prestations externes nécessaires à l'avancée du projet, en plus de l'argent reçu de la part du fond gouvernemental FONDART. Mais c'est seulement lorsqu'il sentit le jeu assez mature qu'il démarra sa structure, Playmestudio avec un seul but : trouver un éditeur.

Quelques mois plus tard, la photogrammétrie à tous les étages et les déconstructions d'environnement en temps réel tapent dans l'oeil de Raw Fury qui se décide à financer le reste du développement. Aujourd'hui, c'est une version quasi-finale qui nous a été présentée puisque le jeu est presque à l'état de gold-master avec une sortie annoncée pour le 15 octobre prochain sur PC (et plus tard sur consoles). Mais alors, c'est quoi ce truc ? The Signifier raconte l'histoire de Frederick Russell, un chercheur en intelligence artificielle qui a inventé le Dreamwalker, un scanner cérébral expérimental révolutionnaire mais controversé qui fait un peu penser au robot aseptisé de Neuralink. Dans un futur où les bâtiments se construisent tous seuls, mais où l'on se méfie des IAs, la fonction même de psychologue n'a plus rien à voir avec celle qu'on connait. A l'aide donc de cette technologie et d'une sauvegarder de matière grise sur un SSD du futur, le monsieur en blouse blanche peut se glisser dans la mémoire d'une personne décédée jusqu'à titiller son inconscient.



Il peut alors fouiller dans ses souvenirs et utiliser son master en psychologie pour analyser sa perception du monde. C'est surtout cette dernière ligne de son CV qui intéresse Stan Becker, le détective en charge d'une mystérieuse affaire. Le corps sans vie de Johanna Kast a été retrouvé dans sa chambre et ce crime sordide d'apparence anodine n'a rien d'habituel. Elle était en effet la vice-présidente de la plus grande société technologique au monde et sa mort soulève de nombreuses questions. Russell va donc devoir enfiler plusieurs casquettes. Dans la réalité, il se balade dans différents lieux familiers de la victime. Dans la démo présentée, on visitait par exemple son appartement. Mais la carte comprenait d'autres endroits fréquentés par Johanna. Dans ce mode, on interroge les inspecteurs et témoins, on inspecte les scènes de crime à la recherche d'indices, etc. dans un gameplay que son développeur avoue inspiré par Firewatch.

De retour dans notre luxueuse clinique, lorsqu'on connecte le cerveau compressé au Dreamwalker, on utilise nos talents de psychologue connecté, une intelligence artificielle - EVEE - et les indices glanés dans le monde réel pour explorer l'état objectif, c'est à dire ses souvenirs, mais aussi l'état "subjectif" du patient. Les souvenirs objectifs correspondent à l'empreinte mémorielle de son quotidien. En se "connectant" au Dreamwalker piloté par EVEE, on se retrouve dans une vision en noir et blanc et plus ou moins structurée du lieu que l'on recherche. Si on explore son appartement, plusieurs éléments se détachent de la scène : une horloge qu'on imagine importante dans sa vie millimétrée, des dossiers personnels, etc. A contrario, d'autres semblent flous et mêmes absents (certains endroits de son salon, des poutres qu'elle ne regardait probablement jamais). C'est surtout un moyen d'en apprendre plus sur les évènements précédant sa mort.



Pourquoi le miroir de la salle de bain est-il brisé ? Qu'est ce qui est affiché sur le portable de la victime ? Pourquoi le Dreamwalker a t'il autant de mal à reconstruire les reflets dans du verre ? Si la narration de The Signifier semble ne laisser aucune place au hasard, une première plongée dans l'état "subjectif" de Johanna nous laisse rapidement comprendre que le studio fait la part belle à l'interprétation. D'une pression d'un bouton, on pénètre dans l'inconscient du défunt. L'appartement est cette fois-ci biscornu, déformé, rempli de bugs visuels. Certains objets apparaissent ou disparaissent de la scène. D'autres prennent vie comme ce portrait de son toutou posé sur un tabouret qui nous suit partout dans la pièce. Et pourquoi cette échelle semble grimper à travers le mur depuis la base de l'horloge ? Grâce à l'IA, on peut tordre le temps à notre convenance et résoudre des énigmes comme celle présentée qui demandait de trouver l'orientation parfaite à la bonne temporalité pour détricoter une forme et entrevoir la représentation d'une pensée...

On pourra aussi se servir de cette frise temporelle pour replacer des objets à leur place d'origine et déclencher de nouvelles reliques mémorielles. Mieux encore, on devra pour progresser trouver des failles qui permettront de glisser dans d'autres souvenirs enfouis plus profondément dans sa mémoire, et ainsi en apprendre plus sur la psyché de la trépassée. En assemblant ces différentes pièces de ce puzzle, en confrontant les secrets dénichés dans les méandres de l'encéphale avec les dires des uns et des autres dans le monde réel (ou en en gardant certains pour nous), on démêlera un scénario que son géniteur nous promet haletant aux fins multiples. Avant de se quitter, David a voulu nous montrer une séquence plus loin dans le jeu où l'on explore un rêve. L'environnement y est comme contorsionné et tout semble n'avoir aucun sens. Il fallait entre autres se positionner à un endroit précis pour utiliser à nouveau la temporalité et faire apparaître une échelle, où tordre les rêves (littéralement, c'est assez spectaculaire !) pour trouver un catalyseur et se frayer un chemin dans cet enchevêtrement de matière. Les développeurs ont aussi envie de jouer avec les problématiques de perspective/prémonition liées aux rêves.



Avec un sujet aussi vaste que l'exploration de la mémoire assistée par ordinateur et une identité visuelle léchée, The Signifier a tout d'un trip original. Reste à voir si l'aventure saura nous tenir en haleine jusqu'à sa toute fin et si ses conflits auront assez de coffre pour s'écarter du futur manichéen qu'on nous ressasse bien trop souvent.

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