C'est avec un grand déplaisir que nous décernons la certification "made with crunch" à The Callisto Protocol, le TPS survival-horror de Striking Distance Studios, prévu pour décembre 2022. Ceci pour le non-respect de la notion même de bien-être au travail et pour mettre notamment en danger la santé physique et mentale de ses salariés. Comment nous le savons ? Parce qu'à la manière d'un Dan Houser, qui dans une interview à Vulture en 2018 s'était bien lâché en parlant de semaines de 100 heures réalisées à Rockstar par ses équipes pour finir Red Dead Redemption 2, on a appris grâce à un tweet de Glen Schofield, le directeur général et fondateur de Striking Distance Studios, qu'il n'aurait apparemment rien à envier à Dan dans le rôle de l'exploiteur cynique. Le tweet a été supprimé depuis mais on pouvait y lire en substance : « Je ne parle du jeu que lors d'un événement. Nous travaillons 6 à 7 jours par semaine, personne ne nous y oblige. Epuisement, fatigue, Covid, mais on travaille. Bugs, Glitches, correctifs de performances. Un dernier passage audio. 12-15h par jour. C'est le jeu. Un dur travail. Déjeuner, dîner au travail. Vous le faites parce que vous l'aimez ». C'est quoi l'étape d'après ? Porter des couches au bureau ? Comme l'a justement fait remarquer le journaliste Jason Schreier : "personne n'est peut-être "forcé" de travailler des heures insensées, mais le résultat sera très probablement des primes réduites et voir passer ses chances de promotion à néant si on ne le fait pas". Ainsi, en bout de chaine, la sortie d'un jeu se fera encore par un coût humain bien trop important que les petites mains de l'industrie vidéoludique ne devraient plus avoir à payer en 2022.

Lire la suite sur le site : The Callisto Protocol : un autre jeu avec la certification "made with crunch".

Faudra bientôt inventer un label style "commerce équitable" pour les jeux, mais je ne suis pas sûr que le joueur lambda en aura quelque chose à faire.
Après tout, avez-vous renoncé à jouer à tous ces jeux AAA qui remplissent votre bibliothèque Steam ou autre en sachant que la plupart du temps, les équipes crunchaient au moins sur les dernières semaines?

Petit à petit, les choses bougent dans l'industrie. Les petites mains commencent à essayer de se syndiquer et à s'organiser, mais elles ont le droit en face souvent forcément à une très forte resistance, et féroce. La moindre des choses, c'est que ces travailleurs ne se sentent pas seuls et que la presse mainstream et vidéoludique dénoncent ces pratiques. Pratiques qui se sont déplacées d'ailleurs vers les artistes des effets spéciaux numériques dans le cinéma.

Un éditeur et/ou développeur cherchera toujours a évité un bad buzz avant la sortie d'un jeu, et devoir faire du damage control. Car même si malgrè tout un jeu atteindra ses objectifs de ventes, d'ores et déjà il sait qu'il a perdu des clients potentiels, et du coup il n'aura pas maximisé ses profits. Il faudrait juste que la presse en parle à chaque fois qu'il y a des cas de crunchs avérés comme c'est ici le cas. Et c'est même dans l'interêt de l'industrie elle-même, sinon ils vont probalement être confronté eux aussi à la grande demission voire à un désengagement total de leurs emplyés.

Il serait intéressant de lier, crunch et qualité du jeu (en terme de bugs par exemple). En général la pression et la fatigue nous fait faire de la merde, et si on multiplie les bugs, ça fait plus de taf pour tout le monde. Il m'est arriver bien souvent d'insister comme un con pour fixer un bug, et de trouver la solution en 5 minutes le lendemain après une bonne nuit de sommeil.

Tout à fait d'accord avec toi fennec. Et pourtant, cela fait des années que l'on sait que le bien être au travail améliore la qualité et la productivité dans les entreprises. Mais ce n'est pas dans le logiciel de la hierarchie chez la plupart malheureusement, qui considère ses salariés encore comme une variable d'ajustement.

Quand est ce que ces connards réaliseront (ou accepteront le fait) qu'on est forcément moins impliqués et prêts à supporter de grosses charges de travail quand ce n'est pas son "bébé" ou qu'on est pas extrêmement (et fortement) intéressés par les résultats de ce que l'on produit.

ça me scie à chaque que je lis des fondateurs de studios/ patrons de boîtes lambda dire qu'ils bossent comme des ânes avec le sourire et ne comprennent pas que n'importe quel salarié ne fasse pas de même...
Vive les syndicats dans ces cas-là !

Oui, déjà les salariés n'ont pas la même paie, et ils ont des obligations du quotidien qu'ils doivent gérés eux-même car ils n'ont pas un salaire à 5 ou 6 chiffres par mois. Beaucoup de dirigeants sont de plus des sociopathes, dans sa définition clinique et non criminelle. D'où le total manque d'empathie sur les conditions de travail, et la propension à "lacher du lest" pour eux, en renvoyant en masse des employés sans état d'âme pour un bénéfice financier à court terme. Mais ça pourrait finir par se retourner contre eux comme dans d'autres secteurs.

Hehe, pour mon cas perso, la grande démission du jeu vidéo c'était en 2005, après avoir entendu un tel sociopathe déclarer un matin devant toute la boîte, alors qu'on bossait depuis 6 semaines comme des cons sans être payés suite à un N-ième dépôt de bilan : "il ne faut pas attendre la becquée du salaire, j'attends une motivation maximale pour sortir le jeu à temps".

Désespéré de voir que c'est pas vraiment mieux 17 ans plus tard, mais quand-même un peu d'espoir avec les mouvements de syndication et le vrai appui de la presse aujourd'hui. Continuez, les gars, no pasarán !:D

Je ne doute aucunement que tu aie trouvé bien mieux depuis, sincèrement désolé de cette affreuse expérience. Ce genre de sociopathes peuvent mettre leurs salariés dans des situations catastrophiques quand même. Il y a eu des explusions de logement, des divorces, des personnes qui sont tombées malades physiquement, d'autres psychiquement, etc. Tout cela pour qu'un jeu sorte dans les temps. Et un jeu souvent bugué comme l'a fait remarqué fennec. Heureusement, les travailleurs commencent à s'organiser, une partie de la presse les soutient mais on peut faire mieux encore.