Nous avons appris cette semaine le décès de Benoît Sokal, auteur belge de bande dessinée et figure marquante du jeu vidéo francophone. Influencé par Hugo Pratt, ami et collaborateur de Schuiten et Peeters, il était principalement connu pour sa série Canardo, démarrée en 1978. Un canard détective alcoolique et désabusé résolvant des enquêtes aux titres évocateurs : « La Mort douce », « Noces de brume », « Le Caniveau sans lune » ou encore « Un misérable petit tas de secrets ». Sa première tentative de narration interactive fut « Silence, on tue ! » avec François Rivière en 1990, un polar sous forme de BD où la découverte de l’assassin était laissée à la charge des lecteurs, grâce aux indices disséminés dans l’ouvrage.

Quelques années plus tard, il démarre sa carrière dans le jeu vidéo et sa collaboration avec Microïds, qui développe en 1999 L’Amerzone. Adaptation très libre d’un des tomes de Canardo, ce Myst-like rencontre un franc succès critique et populaire. Devenu directeur artistique de Microïds, Sokal dirige ainsi ce qui constitue pour beaucoup le pinacle de sa carrière dans le JV : Syberia. Graphiquement et musicalement superbe, le jeu est un solide point’n click à l’histoire et aux personnages touchants. Si le succès est à nouveau au rendez-vous, la suite sera plus compliquée. Après un Syberia II qui divise les fans, il fonde White Birds Productions avec d’anciens employés de Microïds, pour développer le projet transmédias Paradise. En parallèle d’un point’n click sorti en 2006, sont produits 4 tomes d’une BD développant l’histoire et l’univers du jeu, le tout pour un succès relatif.

Avec L’île noyée en 2007, là encore une adaptation très libre d’une histoire de Canardo, c’est à nouveau un semi-échec (malgré de bonnes idées pour ce jeu d’enquête en temps limité). Sokal quitte White Birds. Il retourne à la BD avec Kraa, une série qui l’occupera jusqu’en 2014, et avec la scénarisation des Canardo (qu’il ne dessine plus). C’est seulement avec la résurrection de Microïds que Sokal revient au jeu vidéo, pour relancer le projet Syberia III. Prévu de longue date, ce troisième épisode était devenu une arlésienne. Il sortira finalement en 2017, 13 ans après avoir été évoqué pour la première fois. Là encore, le projet devient transmédias, avec un roman reprenant l’histoire du premier épisode, et une BD servant de préquelle (dessinée par Hugo Sokal, fils de, qui participe également au développement du jeu).

Si vous aviez lu notre test de l’époque, vous savez que le résultat n’était pas vraiment à la hauteur de l’attente. Malgré tout, le chantier d’un quatrième épisode avait été lancé dans la foulée, toujours avec Sokal père et fils dans le projet. Benoît Sokal ne verra donc jamais la fin des aventures de Kate Walker, mais The World Before, le prochain épisode dont le prologue est toujours disponible gratuitement sur Steam, ne devrait pas être impacté, avec une sortie toujours prévue en 2021. Il aura néanmoins pu aller au bout de Canardo, qui s’est officiellement arrêté avec le 25e tome, paru en 2018. Aquarica, sa collaboration avec François Schuiten, devrait rester inachevée. 

Lire la suite sur le site : Le Vieil homme qui n’écrira plus.

Quelle tristesse ;(

Le premier Sybéria ma marqué à vie, j'ai été happé par l'univers.

J'avais laissé le jeu sur mon vieux PC que j'avais donné à ma mère décédée depuis, je l'avais surprise un jour à y jouer alors que c'était pas du tout une gameuse, comme quoi une oeuvre marquante transcende facilement son média d'origine.

Merci pour l'article.
Comme bien d'autres, Syberia a marqué d'une pierre blanche ma vie de point & clicker avec sa poésie, sa mélancolie.
Merci M. Sokal !

J'ai entendu parlé du jeu, sans jamais y avoir joué, mais c'est toujours triste de perdre de bon créatif.