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Epic Games vs Apple : les premiers jours

CBL par CBL,  email  @CBL_Factor
 
Le procès phare entre Epic Games et Apple concernant l'App Store a commencé lundi de la manière la plus bizarre possible. Covid-19 oblige, le tout était diffusé en ligne sauf que les techos en charge avaient oublié de couper le microphone des spectateurs ce qui a donné lieu à 20 minutes de bordel pendant lesquels des ados gueulaient "Free Fortnite !" ou vantaient les mérites de leur chaîne YouTube. Une fois le cirque terminé, le procès a pu commencer pour de bon. Il n'y a pas encore eu d'objection fracassante à la Phoenix Wright mais on a appris pas mal de choses.

Commençons par le prix payé par Epic Games pour rendre certains jeux gratuits sur l'Epic Games Store. Le but des jeux gratuits est d'attirer des nouveaux joueurs sur la boutique en espérant qu'ils restent et qu'ils claquent des sous. De ce côté là le pari semble réussi vu que chaque jeu gratuit a conduit entre 50 000 et 200 000 nouveaux joueurs à sauter le pas et à se créer un compte. Par contre c'est nettement moins lucratif pour l'éditeur ou le développeur du jeu en question. Ce dernier reçoit une somme fixe quelque soit le nombre de personnes qui ajoutent le jeu dans leur ludothèque et les montants sont loin d'être faramineux. Epic Games a par exemple lâché $150 000 pour Alan Wake alors que ce dernier a atterri entre les mains de près de trois millions de joueurs.

Continuons avec Fortnite. Le jeu d'Epic Games a généré un chiffre d'affaire cumulé de 9 milliards de dollars en 2018 et 2019 permettant au studio de dégager plus de 5,5 milliards de dollars de bénéfice pendant la même période. Cet argent leur a permis entre autres de claquer 1 milliards de dollars pour obtenir des exclus pour l'EGS dont rien que 115 millions pour Borderlands 3. Et ce fut un investissement rentable vu qu'Epic Games est rentré dans ses frais deux semaines après la sortie du jeu de Gearbox. Par contre rendre Fortnite crossplay n'a pas été une mince affaire à cause de Sony. Le constructeur n'est pas trop fan du crossplay et a inclus une clause assez spéciale dans le contrat de Fortnite : elle précise que si les joueurs achètent des V-Bucks (la monnaie de Fortnite) sur une autre plateforme type iOS mais jouent principalement sur PS4, Epic Games peut avoir à reverser une compensation à Sony. C'est exactement le genre de pratiques qui sont à l'origine du procès contre Apple mais Epic Games ne va pas entrer en guerre avec un de ses investisseurs...

D'ailleurs Sony comme Nintendo ont interdit le cross-wallet soit la possibilité d'acheter des V-Bucks sur une plateforme et de les utiliser sur une autre. Mais Apple l'a autorisé ce qui contredit beaucoup l'argumentaire d'Epic Games comme quoi iOS est une plateforme fermée. Pire encore : même si Apple interdit d'avoir son propre système de paiement sur une appli iOS, il est tout à fait possible de passer par Safari pour faire exactement la même chose sans qu'Apple touche la moindre commission. Tim Sweeney a répondu qu'utiliser un site web n'est pas aussi facile qu'une appli, ce à quoi la juge a rétorqué "Mais n'est-ce pas un bon moyen d'empécher ce que j'appelerais en tant que parent un achat impulsif ? Est-ce une manière raisonnable de gérer sa jeune clientèle ?". On rappelle que c'est un procès sans jury donc le but est de convaincre la juge.

Le procès a aussi dévoilé la cuisine interne d'Apple, principalement des emails de et pour Phil Schiller le boss de l'App Store. On y a appris qu'il réfléchissait à diminuer la commission d'Apple depuis 2011 principalement à cause de la montée en puissance d'HTML5. On y a aussi appris qu'après la conférence WWDC de 2015 pendant laquelle Epic Games avait fait une démo de Fortnite sur macOS, Tim Sweeney avait écrit à Tim Cook pour lui demander d'ouvrir iOS. Réponse de Tim Cook grosso modo : "Euh c'est qui Tim Sweeney ?". On y a aussi appris la rentabilité de l'App Store pour Apple : le firme à la pomme se ferait 78% de marge sur les revenus de l'App Store selon un expert interrogé par Epic Games.

Durant le procès, Tim Sweeney a encore une fois présenté Fortnite comme une incarnation du métavers, un terme inventé par Neal Stephenson dans son roman Snow Crash. Mais il serait peut être temps que les gens lisent ce bouquin pour se rendre compte que Stephenson ne décrit pas du tout un monde idyllique. C'est plus une dystopie, une version cyberpunk du Meilleure Des Mondes d'Aldous Huxley dans laquelle on devient des abrutis obsédés par l'apparence de leur avatar virtuel ... Réflexion faite, ça décrit parfaitement Fortnite.
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