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My Brother Rabbit : soigner une sœur brisée

miniblob par miniblob,  email  @ptiblob
Développeur / Editeur : Artifex Mundi
Supports : PC / Mac / Xbox One / PS4 / Linux / Switch
N'en déplaise aux marins, les lapins sont des animaux extraordinaires. Ces petites bestioles peuvent aussi bien nous inonder d’œufs en chocolat que nous ouvrir la porte du pays des merveilles ou piler du mochi sur la Lune. Mieux que ça, comme nous le prouve My Brother Rabbit, ils sont prêts à remuer ciel et terre pour venir en aide à leur petite sœur, même quand cette dernière est aussi réactive qu'une plante verte.
Quand on vous parle d'un jeu sur Factor, c'est qu'il a, d'une façon ou d'une autre, déjà titillé notre curiosité. Il peut aussi bien s'agir de titres qu'on attend de longue date que de jeux dont le trailer de lancement nous a pour une raison ou pour une autre tapé dans l’œil. Par exemple, on n'avait pas forcément vu venir My Brother Rabbit, mais l'ambiance des bandes-annonces et surtout le thème abordé nous ont donné envie de creuser la question (à défaut d'un terrier). En effet, il y est question de lutte contre la maladie, ce qui est pire encore que ce que vous pensez puisqu'elle touche une petite fille. Toutefois, le tout est vu par le biais de l'imaginaire qu'elle partage avec son grand frère un brin protecteur. Ménager l'aspect tragique de la situation avec une mise en scène onirique et bienveillante, ça semblait être un sacré grand écart.

Lapin, tu iras haut

Si quelques cutscenes statiques ne laissent pas vraiment place au doute concernant la façon dont la maladie de la gamine bouleverse toute la famille, le jeu en lui-même ne se déroule pas à ce niveau. C'est par son doudou, le fameux lapin, qu'on découvre plutôt l'univers imaginaire propre à la fratrie. Dans ce monde, ce lapin représente le grand frère et il fait tout son possible pour venir en aide à sa petite sœur qui est dépeinte sous les traits d'une plante assez mal en point. Ces deux-là vont se lancer dans une odyssée un peu hallucinée pour débusquer un nounours docteur puis pour cheminer ensemble vers la guérison. La maladie y est représentée comme une invasion de vilaines plantes et leur voyage va forcément être constellé d'embûches à surmonter.



L'univers fonctionne plutôt bien ; c'est à la fois mignon, naïf, un peu barré, mais toujours le reflet d'une réalité qu'on devine nettement moins rose. Porter un regard d'enfant sur ce genre de tragédie familiale est une bonne idée, et c'est fait avec une certaine délicatesse tout à fait appréciable. Le résultat, c'est un monde un peu loufoque, triste et beau à la fois. Ce n'est pas sans rappeler les productions Amanita Design. Mais si l'ambiance est au rendez-vous, c'est aussi et surtout grâce aux musiques d'Arkadiusz Reikowski (notamment déjà à l’œuvre sur l'OST de >observer_) qui nous embarquent littéralement pour ce périple imaginaire. Il a pour l'occasion emprunté la voix féerique d'Emi Evans, une chanteuse qui nous a déjà mis à genoux dans les bandes originales des Nier ou des Dark Souls. Le résultat mérite au moins un petit détour du côté du SoundCloud du compositeur.

Couvrez cet objet que je ne saurais voir

Mais alors, si My Brother Rabbit est aussi merveilleux, on peut se jeter dessus les yeux fermés ? Modérez votre enthousiasme. Il reste un point, et non des moindres, à aborder : le genre même du jeu. Ce n'est pas en effet un jeu d'aventure façon point'n click classique, mais plutôt un mix d'énigmes et de séquences d'objets cachés. C'est d'ailleurs une habitude de son développeur, Artifex Mundi, qui s'est spécialisé dans ce sous-genre. Bien entendu, il existe de chouettes jeux d'objets cachés. Essayez à l'occasion Hidden Folks, par exemple, et vous découvrirez une version assez délirante d'un Où est Charlie ? interactif. Malheureusement, la recherche d'objets n'est pas aussi fun dans My Brother Rabbit. Le schéma est toujours le même : on tombe sur un mécanisme qui demande x pièces d'une certaine nature, on va les chercher dans les tableaux environnants, on revient au mécanisme et on a droit à une petite énigme.



Le problème, c'est non seulement que les énigmes qui en résultent ne sont pas franchement folichonnes, mais surtout que les phases de recherche des objets sont rébarbatives au possible. Ça manque cruellement de petits détails rigolos ou d'interactions vraiment surprenantes qui peuvent donner du sel aux jeux du genre. Le tout reste finalement assez triste et très mécanique. On se contente de vérifier le petit logo qui nous indique si, oui ou non, il reste un des objets recherchés dans le tableau en cours. Du coup, même si le jeu est relativement court (comptez un peu plus de 3 heures pour en voir le bout), l'aspect redondant de cette construction devient très vite lassant. Finalement, le seul gros défaut qu'on pourrait reprocher à My Brother Rabbit, c'est d'avoir du mal à se défaire des codes du genre qui est le sien : même si son univers est chouette et travaillé, il reste enfermé dans la spirale infernale du clic compulsif sur le décor avec comme seule récompense quelques puzzles un peu réchauffés. C'est dommage, il y avait pourtant moyen de rendre la recette tellement plus plaisante...

On ne va pas le lui enlever, My Brother Rabbit est un jeu qui a une âme, mais celle-ci est malheureusement sous-exploitée. Si le propos et l'ambiance auraient facilement pu nous emporter, le tout reste timidement coincé dans une forme bien trop rigide et qui manque cruellement de folie.
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