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Minute of Islands : minute, pavillon

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor
Développeur / Editeur : Studio Fizbin
Supports : PC / Xbox One / PS4 / Switch
Sorti il y a quelques semaines, Minute of Islands est le dernier-né de Studio Fizbin, un studio indépendant allemand responsable du diptyque The Inner World et qui sortira prochainement Say No ! More et Lost At Sea. Une toute petite équipe qui était pourtant attendue au tournant : entre trailers accrocheurs et press kit soigné, Minute of Islands s’annonçait comme un enchantement.
Il n’en sera rien. Non pas que le jeu soit mauvais, au contraire. Mais si l’esthétique pourrait dans un premier temps faire penser à du Rebecca Sugar (Steven Universe, Adventure Time) mixé à du Moebius, l’énorme baleine en décomposition sur la plage de la première île est un indice de ce que propose réellement Minute of Islands. À savoir : le combat désespéré d’une héroïne solitaire dans un monde qui se désagrège autour d’elle. Comme d’autre avant lui (Jo-Mei et son Sea of Solitude par exemple), le jeu file donc la métaphore marine pour évoquer les tourments de l’âme humaine, ce qu’on cache sous la surface et qui pourrit jusqu’à nous exploser au visage.



Heureusement, l’art de la métaphore est ici mieux maîtrisé, car plus subtil et plus assumé. Il est tout à fait possible de suivre l’histoire de Minute of Islands au premier degré. On dirige alors Mo, une jeune mécanicienne chargée de maintenir en état toute une machinerie organo-synthétique, alimentée par les gros bras de quatre géants souterrains, purifiant l’air des spores toxiques qui s’y trouvent. Un beau matin, horreur : les géants se sont endormis et les spores envahissent tout. Armée de l’Omni-clé, seul outil capable d’interagir avec la technologie des géants, Mo va devoir parcourir les îles de l’archipel pour activer les purificateurs et réveiller les colosses endormis. Mais au fil du parcours, elle va progressivement se brouiller avec les membres de sa famille, derniers habitants du coin, lassés de vivre dans ces conditions précaires. L’histoire ressemble à du post-apo finalement plutôt classique, portée par des visuels somptueux et une solide bande son. D’abord mélange d’organique et de mécanique aux lignes épurées, évoquant le genre de civilisations millénaires dessinées autrefois par Moebius, Schuitens et Peeters, les décors dérivent très vite vers des enchevêtrements baroques qui rappelleront plutôt les moments les plus dérangeants d’Annihilation d’Alex Garland. Les spores sont partout, et tout meurt, mute ou les deux.



La plupart du temps, le gameplay est celui d’un walking simulator vaguement plateformesque : on avance, on saute, on grimpe sur le seul chemin accessible. On active un ou deux mécanismes, parfois l’occasion de très légères énigmes résolues en moins d’une minute. On récupère des fragments de souvenirs afin que la voix off nous en apprenne un peu plus sur les origines de Mo et ses relations familiales. On se laisse porter, et ça aurait pu être très bien s’il n’y avait pas, à intervalle régulier, des phases de plate-forme un peu plus corsées et pas vraiment maîtrisées. Pour réveiller les géants dans leurs souterrains, ou au cours d’hallucinations causées par les spores, il faudra respecter des timings ou éviter des obstacles. Vu la raideur des contrôles, la crispation et la frustration qui en résultent l’emportent malheureusement sur l’éventuel intérêt narratif de ces séquences. Y avait-il vraiment besoin de rallonger la sauce alors que les 4 à 6 heures de jeu sont dans la norme des walking simulator ?



Et puis, si vous aimez réfléchir aux jeux plutôt que d’y jouer, Minute of Islands est un exercice assez classique de « quelles expériences personnelles puis-je projeter dans cette histoire ». Suffisamment vague pour rester discrète si on n’est pas concerné, suffisamment précise pour nous frapper à l’estomac si elle nous rappelle des choses, la partie métaphorique de l’histoire y est efficace. Malgré des moyens techniques limités, Fizbin réussit d’ailleurs à trouver quelques façons originales d’accompagner ce second niveau de lecture. Le plus fascinant restant sans doute l’utilisation « méta » de la voix off, qui s’avèrera progressivement être un personnage à part entière qui interagit autant avec Mo qu’avec nous. De plus, au fur et à mesure que la situation dégénère, les textes des popups, purement informatifs au départ, deviennent de plus en plus passifs-agressifs. 

Réussite artistique indéniable, Minute of Islands offre également une histoire étonnamment bien équilibrée entre métaphore et premier degré, ainsi que quelques petites trouvailles narratives. On regrettera cependant ses phases de plate-forme, aussi raides que superflues.

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