TEST
Ruffy and the Riverside
Développeur / Editeur : Zockrates Laboratories Phiphen Games
Besoin de couleur, de joie et de bonne humeur ? J’ai le titre pour vous. Ruffy and the Riverside est un jeu de plateformes action-aventure qui sent bon la N64 fraîchement déballée, les vacances scolaires et les Chocapic.
Après une longue gestation de sept ans, le petit studio allemand Zockrates Labs nous présente son premier bébé, Ruffy and the Riverside, un platformer 3D comme la cinquième génération de consoles en avait le secret.Bien qu’ouvertement inspiré des collectathons et jeux d'aventure de la N64, Ruffy ne se limite pas à un simple réchauffé nostalgique. S’il conserve l’ambiance et le ton qui faisaient le charme de ces titres mêlant adorables mascottes et couleurs chatoyantes, il adoucit légèrement la formule en la rendant plus accessible et moderne. Si les niveaux sont toujours truffés de différents bidules à récupérer, la quasi-intégralité sont parfaitement facultatifs pour terminer le jeu, ne servant qu’à récompenser les chasseurs de 100 % ou à améliorer les capacités du personnage.

Visuellement, Ruffy and the Riverside présente des environnements low-poly rayonnants de gaieté grâce à ses textures colorées mi-feutre mi-aquarelle. Mais ce qui fait tout le charme du titre, ce sont ses personnages 2D dessinés et animés à la main. C’est choupi tout plein, ça bouge bien et ça transpire la joie et la bonne humeur. Niveau scénario et écriture, on est sur du classique : appel à l’aventure, grand mal qui menace le monde, quête initiatique, recherches d’artéfacts magiques, etc. Les dialogues oscillent entre la naïveté mignonne et l’innocence un peu sotte, parsemés de quelques pointes d’humour, tournant souvent en dérision la candeur du héros.
Côté gameplay, le jeu se démarque de ses illustres aînés en articulant tout son game design autour d’une nouvelle mécanique, nommée "troc", permettant d’échanger les propriétés d’objets en copiant la texture de l’un pour la coller sur l’autre. Par exemple, en copiant une texture de bois et en l’appliquant sur un rocher immergé, celui-ci se mettra à flotter, ou encore en collant une texture de glace sur un lac pour le figer. D’autres propriétés peuvent ainsi être échangées, comme les couleurs, les formes, voire des valeurs numériques.

La mécanique se retrouve au cœur de tout un tas de puzzles dispersés tout au long du jeu, mais n’a malheureusement pas vraiment d’utilisation en dehors de ceux-ci, rendant l’interaction assez rigide et peu organique, mais ce sentiment est contrebalancé par leur omniprésence dans l’environnement. Toutes ces énigmes et ces petites activités disséminés çà et là rendent le monde très agréable à parcourir car ils réussissent à maintenir un parfait équilibre. On n’a jamais le temps de s’ennuyer mais on ne se retrouve jamais surchargé pour autant.

Outre sa mécanique principale plutôt originale, le jeu étoffe son game design d’emprunts fort peu discrets. Ainsi, on retrouve le système de Koroks de Breath of the Wild quasiment à l’identique, ou même les tuyaux 8 bits de Super Mario Odyssey dans une version très allégée. Le titre varie très fréquemment les phases de gameplay, dont beaucoup sont uniques à tel ou tel passage de l’aventure : courses, labyrinthe, plateforme, infiltration, exploration, course d’obstacles, etc.
C’est très varié et on y ressent une inspiration d’Ocarina of Time, que l’on retrouve aussi dans d’autres éléments du jeu, notamment la structure du monde (les différents thèmes/biomes connectés par une plaine d’Hyrule centrale).

Manette en main, tout s’emboîte très bien et la caméra ne pose jamais de problème, ce qui est assez rare pour être noté. Les capacités de mouvement de notre personnage sont par contre ridiculement limitées et n’évoluent pas durant l’aventure, ce qui restreint le sentiment de progression.
Le jeu est aussi très simple, en faisant un titre trés adapté à un joueur ou une joueuse novice. Si on est bien plus expérimenté, ce n'en est pas déplaisant pour autant, à condition d'aborder le jeu comme une aventure chill sans grand challenge ni frustration, mais ça retire aussi le sentiment de réussite et de surpassement que les jeux peuvent apporter.
Malgré tout, j'ai passé un très bon moment lors de la dizaine d'heures nécessaire à atteindre les crédits, tout en reconnaissant que j’ai quelques printemps de plus que le public visé et que le titre m’aurait encore plus émerveillé si je l'avais découvert gamin.
Ruffy and the Riverside est un très chouette plateformer 3D faussement rétro, inspiré de classiques tout en ayant une originalité et une personnalité propres. S’il ravira surtout les plus jeunes, il est tout aussi capable, du moins pour quelques heures, de rajeunir les plus aigris d’entre nous, telle une madeleine de Proust, ou un bol de Chocapic.