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The Centennial Case: A Shijima Story

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : Square Enix h.a.n.d. Inc
Supports : PC / PS4 / Switch / PS5
Le petit monde du FMV n'en fini plus de nous surprendre. D'abord ressuscité par les Anglais de Wales Interactive dans une poignée de bons jeux comme les imprononçables The Infectious Madness of Doctor Dekker et The Shapeshifting Detective critiqué dans nos colonnes, il est peu à peu retombé dans ses travers avec des productions à petit budget et aux acteurs peu convaincants (Five Dates, I Saw Black Clouds lui aussi testé chez nous, Blood Shore). Et si le salut venait du Japon ? Déjà en 2020, on vous vantait les mérites de Death Come True, son rythme endiablé et sa réalisation sans faille. En 2022, c'est au tour de Square Enix de se relancer dans l'aventure en produisant un "murder mystery" typique de l'archipel sous forme de FMV : The Centennial Case: A Shijima Story. Il n'en fallait pas plus pour qu'on s'y intéresse.
Mystery oblige, on a mené notre petite enquête autour du jeu. Et on a découvert que son réalisateur, Koichiro Ito, est l'un des scénaristes de 428: Shibuya Scramble, le visual novel en prise de vues réelles sorti en 2018. Il est aussi accessoirement l'un des créateurs du scénario de Metal Gear Solid V. De son côté, le producteur Yasuhito Tachibana a lui oeuvré sur la série Netflix The Naked Director. Enfin, le cast embarque quelques têtes d'affiches bien connues des amateurs de dramas japonais comme Megumi Yokoyama ou Motoki Fukami. Bref, on a sur le papier de quoi passer de bons moments devant notre écran. Et c'est tant mieux parce qu'à la différence des FMVs classiques qui se plient en moins de deux heures, on est ici face à un jeu-série qui nous transporte pendant plus d'une dizaine d'heures dans son histoire. Une structure en épisodes qui laisse du temps aux scénaristes pour nous perdre dans les fausses pistes de leur enquête centenaire digne d'une aventure d'Hercule Poirot. Tout commence en 2022. La romancière à succès Haruka Kagami est invitée par son ami scientifique Eiji Shijima à assister à une tradition séculaire, la cérémonie du cerisier, qui se déroule dans le manoir de sa famille. A peine arrivée, la jeune écrivaine se retrouve bien malgré elle propulsée au milieu d'une enquête autour de la découverte macabre d'ossements humains aux pieds du dit cerisier centenaire.

Et la suite ? On évitera de tout vous dévoiler pour ne pas vous gâcher la surprise. Ce qu'on peut vous dire, c'est qu'il faudra élucider une série de meurtres inexpliqués autour de la famille Shijima et naviguer au rythme de différents flashbacks à travers les époques, au fil des archives déterrées par d'Haruka. Du huis-clos familial aux origines du mystère en 1922, le joueur plonge avec elle dans ces moments de vie qui sont l'occasion d'en apprendre plus sur les ancêtres des uns et des autres, dans la peau d'une des protagonistes ayant les traits d'Haruka. Mais on nous demandera surtout de résoudre des enquêtes et trouver le tueur, en suivant à la fois notre intuition, mais également les indices sur la scène de crime et pourquoi pas s'inspirer d'un peu de mysticisme. Chaque chapitre de The Centennial Case: A Shijima Story se déroule en 3 actes à commencer par la phase de Scénario pendant laquelle on regarde l'intégralité de la longue séquence, rarement interrompue par des pauses nous demandant de faire un choix entre telle ou telle affirmation (qui se trouvent la plupart du temps être des réflexions personnelle d'Haruka, sans incidence sur l'histoire).



Dans cette partie du jeu, on observe, on sonde les personnages et on récolte des indices qui viendront remplir un calepin virtuel accessible dans la seconde phase : la Réflexion. Ici, on réunit les Pistes (traduisez les grands axes de l'intrigue façon "pourquoi X en voudrait à Y ?", etc.) avec les indices glanés pendant l'épisode pour formuler des Hypothèses dans le palais mental d'Haruka.

Concrètement, on a accès à l'entièreté du film dans ce qui s'apparente grossièrement à un banc de montage et on se déplace de gauche à droite pour aller chercher les Mystères (les indices) associés aux scènes clés dans ce fameux calepin virtuel. On clique-glisse ensuite pour les faire correspondre aux Pistes dans un nid d'abeille en dessous et dévoiler des Hypothèses via des pseudo-reconstitutions de faits en 3D pré-calculée (d'ailleurs les mannequins 3D font penser aux terrifiants extraterrestres de Signs et viendront à coup sûr vous hanter après avoir fini le jeu). C'est un peu le coeur du jeu en tant que tel, ce qui va déterminer notre capacité à élucider le crime. Alors il ne sera pas rare de se voir pousser vers une mauvaise voie par les scénaristes. Surtout que l'émission de certaines Hypothèses va déclencher le suivi de nouvelles Pistes, et ainsi de suite.

Après avoir passé 20 à 30 minutes, pour peu qu'on se prenne au jeu d'aller chercher tous les mobiles possibles, on se retrouve presque noyé sous une demi-douzaine d'Hypothèses finalement pas si farfelues que ça. Et c'est de là que réside la première force du jeu. Nous questionner sur les desseins des uns et des autres et faire planer le doute jusqu'au dénouement du chapitre. Ce dénouement justement arrive dans la dernière partie : la Conclusion. Le fil du film reprend alors et l'enquêteuse doit confondre le coupable à l'aide des Hypothèses formulées précédemment. Attention ici, car les innocents ne se laisseront pas faire et vous débouteront rapidement avec des arguments imparables, ce qui mènera au clap de fin temporaire à la suite d'une courte séquence amusante pendant laquelle on assiste à la perte totale de moyens de l'avocate de la défense. En cas de fin prématurée, retour à la case Réflexion.

Heureusement, on peut rapidement repartir vers le mode Conclusion et reprendre là où l'on s'était arrêté. Acculer le coupable ne sera pas non plus une mince affaire puisque certains personnages joueront un coup de poker en tentant de réfuter vos accusations, ce qui donne droit à des joutes verbales arguments/contre-arguments plutôt bien vues.



Malgré cette flexibilité artificielle dans le raisonnement, il n'y a bien qu'une seule manière de résoudre chacune des enquêtes. Aussi, on ne risque pas d'être frustré d'avoir loupé quelque chose après avoir terminé le jeu. Cependant, on regrette qu'en sortie de Réflexion, la plupart des Hypothèses plausibles sont beaucoup trop proches les unes des autres. Il arrive donc de rater un réquisitoire juste parce qu'on n'a pas bien compris la subtilité entre deux Hypothèses qui semblent pourtant logiques. Impossible de dire s'il y a une faille dans la traduction française qui nous parait de qualité, ou si c'est délibérément voulu par les scénaristes pour brouiller les pistes jusqu'au bout, mais cela occasionne des retours arrière inutiles et agaçants à la longue. De même, on n'est pas vraiment convaincus par l'interface servant à manipuler les Mystères et les Pistes à l'aide du curseur de la manette développée par le studio h.a.n.d....

Elle a surement dû être étudiée pour le PC, mais sur PS5, la lenteur du curseur fait qu'on a l'impression de perdre trop de temps avec l'interface. Entre ça et les quelques secondes d'animation à chaque fois qu'on associe telles et telles choses entre elles, il nous semble qu'il y avait mieux à faire dans cette phase de jeu. Si on met ça de côté, l'aventure est tout bonnement excellente. On y retrouve à la fois l'éloge de la lenteur à la japonaise, les longues tirades épiques entre les héros, tout ce qui fait le charme un peu kitsch des dramas japonais. Et puis les scénaristes nous transportent dans des époques assez peu explorées par la culture jeu vidéo et des lieux qui vont avec, un grand merci pour ça ! On est en plus face à l'une des toutes meilleures réalisations du genre. Des décors aux angles de caméra au travail sur la photo en passant évidemment par le jeu d'acteurs des uns et des autres (qu'on retrouve en partie à travers les époques), The Centennial Case coche toutes les cases du bon goût.

Enfin pour ne rien gâcher, il se paye une bande originale orchestrale plein d'instruments typiquement japonais qui donne du punch à l'histoire, enchaînant les mélodies enveloppées lors des plans larges sur des lieux sublimes et des morceaux au tempo qui va crescendo pendant les phases de Conclusion. Un dernier détail sur la partie technique : rien à redire sur la qualité des séquences vidéo qu'on peut mettre en pause à tout moment. On note surtout que les développeurs ont bossé la partie retours haptiques de la manette en introduisant des petits cliquetis bienvenus dans la DualSense lorsqu'on attrape des Mystères dans la partie Réflexion.

Si on peut trouver à redire sur ses interfaces loin d'être parfaites, impossible de passer à côté des qualités du nouveau FMV signé h.a.n.d. Un scénario de murder mystery passionnant qui sait brouiller les pistes, des acteurs vraiment convaincants au service de joutes verbales de haute volée et une réalisation juste impeccable qui va de pair avec le reste. Il n'y a plus qu'à espérer qu'A Shijima Story ne soit pas qu'un simple oneshot et qu'on retrouvera Haruka à l'avenir dans de nouvelles aventures.

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