TEST
Spindle milite pour l'aide active à mourir
Développeur / Editeur : Deck 13 Wobble Ghost
Spindle fait partie de ces Kickstarters au pixel art aguicheur qu'on a découverts avec des étoiles plein les yeux, qui ont rempli leur objectif initial puis qu'on a remisés dans une wishlist avant de les oublier. Quatre ans plus tard, il n'a rien perdu de sa superbe et sort tranquillement sur Switch et PC, l'occasion d'enfin poser nos mains sur ce Zelda-like aux accents mortifères au sens didactique du terme.
Après une brève introduction assez anecdotique et qui n'explique pas le pourquoi du comment de notre histoire, un jeune homme qui n'avait rien demandé à personne se retrouve transporté dans un monde onirique pour y devenir la nouvelle faucheuse locale. Et il va avoir bien du travail puisque les défunts font de la résistance et ne veulent pas quitter le plan astral. Il nous reviendra donc de battre la campagne aux ordres de Charon pour aller récolter des âmes et sauver les habitants de ce monde en proie aux errances des presque-morts. Mais cela ne sera pas la seule mission de notre moissonneuse d'âmes, car une étrange force surnaturelle semble aux commandes de cette zizanie. Oh et dernier petit détail, le héros est accompagné d'un cochon mignon qui parle. Si ça ne vend pas du rêve, je ne sais pas ce qu'il vous faut ! Voilà donc le vaste programme qui nous attend dans la campagne d'une dizaine d'heures bien tassées (sans compter les bidules annexes). Pour le reste, le jeu fait dans le grand classique du The Legend of Zelda à l'ancienne.


À commencer par un héros, Dengel, qui va recouvrir ses pouvoirs au fil du jeu. D'abord seulement armé de sa faucheuse, il pourra bientôt transmuter les ennemis et objets en pierre (et s'en servir notamment pour résoudre des puzzles), sauter par-dessus les précipices ou se téléporter d'un bout à l'autre de la carte. Enfin, il pourra même contrôler son super-cochon pour atteindre des zones inaccessibles et là encore déjouer des pièges. L'inventaire viendra bientôt se gonfler de divers objets dont une canne à pêche qui permettra de bourrer son album de collectibles d'espèces de poissons. On regrette cependant que l'instrument n'ait pas d'autres utilités, comme par exemple pour attraper des objets au loin ou attirer à soi des éléments du décor, ce qui aurait pu être fait dans certains endroits du jeu. D'ailleurs, la carte est assez vaste et le monde va progressivement s'ouvrir au fil des pouvoirs acquis par le héros et dévoiler, on s'en doute, quelques donjons bien fournis en puzzles, ainsi qu'une poignée de boss.
Pourtant, Spindle ose des trucs, comme une balade en barque dans des rapides ou même carrément de l'escalade acrobatique pour rejoindre le sommet d'une montagne. Il est aussi assez généreux dans son écriture avec des PNJ qui auront toujours quelque chose de nouveau à dire et un duo faucheuse/cochon qui marche super bien. C'est aussi, car le scénario du jeu impose au joueur un pseudo-cycle jour/nuit, ce qui permet de retrouver telle ou telle personne à tel moment de la journée. On apprécie également les petits détails comme cette petite fille dans la ville principale qui joue avec nous à la balle. Les développeurs ont visiblement passé beaucoup de temps à peaufiner le feeling manette en main, et ça se sent. On est complètement libre de nos mouvements, ce qui rend les combats super fluides et très agréables. Il en va de même pour les puzzles qui sont toujours bien pensés, sans être obtus et font astucieusement référence à nos pouvoirs. Enfin, même s'il peut paraître fadasse sur les captures d'écrans, le look du jeu est très chiadé.
Le pixel art est soigné, il y a des petites animations partout et des détails rares comme des reflets dans les flaques d'eau et autres miroirs qui renvoient l'image humaine du héros telle qu'elle est perçue par les PNJ, alors qu'on le contrôle affublé de son costume de mort. Si le sound design est, lui aussi, excellent, on ne peut pas en dire autant de la bande originale qui part un peu dans tous les sens, coupant ses envolées un peu n'importe quand pour au final ne laisser aucune marque sur le joueur. Un dernier point sur la technique pour signaler les performances de la version Switch du jeu. S'il tourne à 60 FPS en docké, le jeu toussote pas mal en mode portable, et ce même sur Switch 2 (qui ne semble pas avoir bénéficié d'optimisation particulière).
Le jeune studio Wobble Ghost marque des points avec son premier projet. Spindle est un Zelda-like au gameplay extrêmement bien calibré avec, qui plus est, un pixel art de toute beauté, ce qu'il faut d'humour et un cochon (!) pour nous faire adhérer à son concept. À dévorer sans modération le temps d'un week-end pluvieux.




