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Et la magie d'Everspace opéra

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor
Il y a quelques mois, dans un univers parallèle, Fougère vous a présenté une preview d’Everspace qui était alors en early access suite à un Kickstarter à 400 000 dollars. Mais dans notre univers, le portail grince, le Golden Gate est rouge et Fougère est tellement foncedé qu’il croit sincèrement avoir écrit son article alors que non, trop pas. Heureusement, le jeu de Rockfish Games est officiellement sorti le 26 mai, et on a profité des soldes Steam pour toper la version finale et vous livrer une critique en bonne et due forme.
Certains y verront la preuve que le genre est saturé, mais Everspace est, tout comme The Long Journey Home qu’on a testé récemment, un jeu spatial s’inspirant très fortement d’un autre jeu spatial. En l’occurrence, Faster Than Light, incroyable roguelite de 2012 considéré à juste titre comme l’un des meilleurs jeux spatiaux de l’histoire des jeux spatiaux (d’aucun virerait le « spatiaux »). Après tout, quitte à copier un jeu existant, autant en choisir un qui a de la gueule.

Les autres Okkars marqueront

Everspace reprend donc la structure globale de Faster Than Light, à savoir une course contre la montre dans l’espace, avec une race alien à nos trousses (les Okkars), de l’exploration, de la gestion de ressources et des combats, le tout dans une galaxie générée aléatoirement à chaque nouvelle partie. On saute de planète en planète, et si on est trop lent à collecter les ressources du coin et à sauter à la planète suivante, la flotte Okkar pointe le bout de son nez pour nous mettre un coup de pression. Le jeu se distingue cependant très nettement de son modèle en remplaçant les combats à pause tactique par du dogfight en temps réel, et surtout en transposant tout ça dans des environnements en 3D « réalistes ».  Et autant le dire tout de suite : quand on aime l’espace, Everspace est une putain de claque visuelle. Malgré quelques redondances au fil des parties (on est dans un roguelite, et rien ne ressemble plus à un champ d’astéroïdes qu’un autre champ d’astéroïdes), le jeu offre des paysages à couper le souffle. Et comme certains décors sont spécifiques à certains niveaux de fin de run, on ne les découvre qu’après plusieurs heures de pratique. De quoi se garder de l’effet wahou sous le coude. Et pour le joueur, d’accumuler quelques dizaines de nouveaux fonds d’écran.



Autre belle surprise : le jeu dispose d’un scénario étonnamment présent et soigné, pour un roguelite. Il ne s’agit pas seulement de poser un contexte et de donner une motivation au joueur. Everspace se réfugie derrière le cliché de l’amnésie et de la course-poursuite pour nous pousser à avancer, mais prend le temps de justifier quasiment tous les éléments de gameplay en leur trouvant une place logique dans son univers. Difficile d’en dire plus sans spoiler une histoire qui reste de toute façon assez simple et convenue, mais le mélange de ces éléments scénaristiques et de ces éléments de gameplay semble couler de source et traduit un travail soigné de la part des développeurs. Morts et résurrections, ennemis, factions neutres, conséquences de certaines actions : on est ainsi plongés dans un monde dont on apprend progressivement les règles, sans que cela paraisse forcé. Bon, ne vous attendez pas non plus à du Asimov, mais l’effort mérite d’être souligné.

L'espace d'un instinct

Côté gameplay, Everspace délaisse FTL pour aller téter les mamelles de Rogue Legacy et… des FPS. L’auteur de ces lignes n’est pas un grand spécialiste d’Elite ou de son-concurrent-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, ou de pilotage spatial d’une manière générale, mais sait reconnaître un pilotage arcade quand il voit un. En l’occurrence, les vaisseaux d’Everspace ne se pilotent pas comme des vaisseaux, mais seraient plutôt des cousins éloignés des sous-marins. Les lois de la physique sont tordues dans tous les sens pour faciliter l’accessibilité : il n’y a quasiment aucune inertie ni aucune gravité à prendre en compte et le vide est une gelée solide freinant instantanément le vaisseau quand on lâche les commandes. ZQSD pour bouger dans le plan, espace pour grimper, ctrl pour descendre , maj pour le boost et le curseur de la souris pour affiner le déplacement et pointer son arme : si vous avez déjà touché à un FPS sur PC (on ne sait jamais...), la prise en main est immédiate, instinctive et gratifiante. Le jeu propose d'ailleurs deux vues FPS : une vue cockpit et une vue capot (on ne voit plus que le viseur), toutes deux parfaitement jouables. Vous pouvez donc ranger votre joystick, qui s’avèrera inutile voire même plutôt déplaisant. Rangez également vos fourches et vos torches : Everspace est certes accessible aux profanes du pilotage, mais offre un challenge relevé grâce à des ennemis variés, dynamiques et intelligents. Les combats sont plaisants et accrochés, mais ne vous feront aucun cadeau, avec une belle courbe de difficulté progressive poussant le joueur à apprendre de ses erreurs sans le priver de fun pour autant.



Par ailleurs, plutôt que de débloquer progressivement du contenu apparaissant à l’intérieur de chaque nouvelle partie (comme on débloquerait de nouveaux items dans The Binding of Isaac), Everspace adopte la courbe de progression de Rogue Legacy (en plus permissif). Tout le contenu du jeu est potentiellement présent dès le début, mais par une astuce de scénario, à chaque fois que vous mourez vous recommencez une partie avec le même personnage dans un vaisseau remis à neuf, et conservez les crédits gagnés dans vos parties précédentes. Ainsi, vous pouvez acheter définitivement des améliorations, qui vous permettront d’aller plus loin et donc de gagner plus de crédits pour acheter de nouvelles améliorations à votre prochaine mort, et ainsi de suite. Il est également possible d’acheter deux vaisseaux pour alterner avec votre chasseur moyen : un petit chasseur fragile mais très rapide, et un gros tank de l’espace plus lent et dépourvu de boucliers. Ainsi, les premières heures de jeu seront surtout constituées de morts relativement rapides (voir notre vidéo, capturée dans les deux premières heures), mais cette mécanique d’upgrades par l’argent est remarquablement équilibrée : on gratte toujours quelques crédits, même en crevant comme une merde au premier niveau, et les premières améliorations sont peu chères, ce qui donne l’illusion de progresser en perdant. Et vu le nombre d’échecs à encaisser pour voir la fin de l’histoire, c’était plus que nécessaire.

Okkar de finale

Mais pour éviter au joueur de trop vite se lasser dans sa course au pognon, Everspace introduit progressivement de la variété dans sa boucle de gameplay. Outre la flotte Okkar à nos trousses, on tombe régulièrement sur des pirates de l’espace agressifs ainsi que des vaisseaux neutres appartenant à de grosses entreprises. Ces PNJ neutres ne vous aideront pas, mais peuvent faire l’objet de mini-missions facultatives, et surtout se défendront contre les pirates qui attaquent tout le monde. Ce qui vous offre une tactique très gratifiante : attirer vos agresseurs vers les neutres pour augmenter indirectement votre force de frappe. Ou bien, si vous vous sentez en mesure de vous battre contre trois factions, vous pouvez carrément vous transformer vous-mêmes en pirate et détruire les vaisseaux neutres pour récupérer leurs ressources. Si on ajoute à ça des vaisseaux marchands, des items passifs ou actifs vous permettant d’upgrader votre vaisseau le temps d’une partie (drones, nouvelles armes…), toute une flopée de ressources permettant de réparer son vaisseau ou de construire ses propres items, des plans pour construire des améliorations spéciales permanentes ou encore des packs d’ennemis plutôt intelligemment construits et dotés d’armes surprenantes, le jeu s’avère foutrement plaisant . On y retrouve cette sensation spécifique au roguelite, cette illusion de toute-puissance qui s’empare du joueur lorsque sa manière de jouer et la build que le jeu construit s’emboîtent parfaitement. Et par extension, cette délicieuse frustration lorsqu’on finit par mourir malgré tout, en relançant immédiatement une partie « parce que cette fois-ci, promis, je ne gâcherais pas mes meilleurs items par excès de confiance. »  



Enfin ça, c’est pour les 20 ou 30 premières heures. Car malgré tout le soin apporté par Rockfish Games à son jeu, force est de constater qu’il n’a pas la profondeur et la richesse de ses modèles. Faster Than Light avait dix vaisseaux totalement différents ? Everspace ne propose que trois variations d’un même modèle qui n’altèreront le gameplay qu’à la marge. Les packs d’ennemis sont équilibrés ? Vous retomberez souvent sur les mêmes (par honnêteté, notons que cela facilite l’apprentissage de leurs patterns). Certaines combinaisons d’items sont réjouissantes ? Il y a finalement peu d’items disponibles, et le nombre de combinaisons pertinentes n’est pas si grand que ça. La découverte progressive du scénario est bien intégrée au gameplay et au background ? La structure même du jeu impose de revivre certaines péripéties, diminuant leur impact à chaque fois. Les décors sont grandioses ? Pas tant que ça, au final : quand on se met à les explorer minutieusement, on s’aperçoit que ces jolies planètes sont des papiers peints inatteignables et que les aires de jeu sont relativement petites. C’est finalement la seule mauvaise surprise d’Everspace, qui réussit un quasi sans-faute sur le reste : malgré toutes ses qualités, il reste un « petit » jeu, une expérience fort plaisante mais qu’on oubliera peut-être avec le temps.

C’est un fait, Everspace n’a ni la longévité des meilleurs roguelites ni la démesure d’Elite Dangerous, et n’aura pas la postérité de Faster Than Light. Mais il est éclatant visuellement, intelligemment construit, facile à jouer tout en offrant un challenge relevé, et propose en bonus un gentil petit scénario de SF plutôt bien ficelé. Le tout pour 30€. Propre.

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