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ANNO: Mutationem

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : Thinking Stars Lightning Games
Supports : PC / PS4 / PS5
Le jeu vidéo chinois a le vent en poupe. Preuve en est le développeur Thinking Stars qui mène de front deux projets. Tout d'abord sa vision d'un Everspace survitaminé, D.E.E.P. Battle Of Jove dont la démo Steam est toujours accessible. De l'autre, un jeu d'action-aventure qui tente le mélange des genres, pixel-art chiadé et environnements 3D texturés à la va-vite façon PSX. Rajoutez à ça un monde néon-cyberpunk, quelques tropes d'anime des années 2000 et une insupportable compagnon IA et vous obtenez un titre autour duquel on ne pouvait pas passer.
Comme son  nom ne l'indique pas donc, ANNO: Mutationem, c'est l'histoire d'Ann Flores, une jeune femme orpheline membre d'une agence de détectives qui se trouve à enquêter sur la mystérieuse disparition de son boulet de frère. Ce faisant, elle découvrira les sombres desseins d'une organisation secrète et pourquoi pas des révélations sur son passé. Evidemment, ce qui saute aux yeux dès les premières secondes de jeu, c'est son look inattaquable. Après une introduction cryptique (on y reviendra), Ann se réveille en sursaut dans sa chambre et lorsqu'on ouvre les volets virtuels de sa fenêtre, on prend en effet une petite claque devant la lumière qui vient baigner la pièce. En bougeant un peu on se rend compte que toute la scène est en 3D et le léger contraste entre ça et des personnages au pixel-art volontairement délavé fonctionne à merveille.

Léger, parce que les développeurs ont sciemment "dégueulassé" les textures plaquées sur des modèles 3D déjà simples, afin de rendre un côté rétro PSX du plus bel effet qui ne tranche pas avec son pixel-art. Et alors, lorsqu'on sort de notre immeuble d'habitation pour s'engouffrer dans la ville, c'est un festival de couleurs, de pubs qui clignotent dans tous les sens. Les véhicules au design inspiré entre autres de Total Recall et une foule de passants déambulent dans les rues. Rien à dire sur ce sujet, les développeurs tiennent leurs promesses.




Et puis on entre dans le vif du sujet. Le quoi qu'on va faire. On pourrait découper la douzaine d'heures d'ANNO: Mutationem en deux gros pans. Dans un premier temps, le jeu va nous introduire son univers via de l'exploration et des aller-retours entre les différentes villes accessibles. Dans ces micromondes ouverts, on est libre se de balader comme on veut, d'écouter les conversations des uns et des autres et de s'entretenir avec un paquet de PNJs. On enchaîne donc quelques quêtes Fedex et beaucoup de blabla. Et on en profite aussi pour s'acclimater avec les combats du jeu qui eux se déroulent dans des plans 2D uniquement (mais avec des décors toujours en 3D, vous suivez ?). Le système de combat est très classique et globalement déjà vu ailleurs : l'arsenal d'Ann reprend des épées néon pour tout ce qui est mêlée, deux ou trois pétoires, quelques artifices (grenade, IEM et autres). Et au-dessus de ça, il se concentre sur un triptyque esquive/parade/finishers pour mettre à terre des ennemis relativement coriaces, passé le premier tiers de l'aventure. Pour gonfler un peu ce système, les développeurs ont ajouté des éléments de RPG : 3 arbres de compétences qui vont débloquer de nouveaux coups et de meilleures statistiques et un astucieux principe de modules d'armes à acheter ou échafauder qui viendront, eux aussi, booster leurs compétences offensives.

Pour l'amour du GITS

Encore une fois, rien de franchement révolutionnaire, mais ça fonctionne... Le hic, c'est qu'après nous avoir montré le catalogue des différents marchands d'armes et objets dans la première partie, on tombe dans un véritable ventre mou de deux à trois heures pendant lesquelles non seulement on se balade dans le moins convaincant des segments du jeu (des égouts pas réussis au level design tortueux), mais surtout où l'on se trouve à sec tout le temps. Pas d'argent pour acheter des améliorations, pas de ressources pour élaborer de quoi se soigner convenablement, pas de points pour booster nos compétences. L'ennui nous guette à mesure que l'on subit les combats plus qu'autre chose face à des hordes d'ennemis toujours plus forts.

Et puis on ne sait pas trop comment, mais le jeu devient plus généreux, du coup on débloque des coups supplémentaires, de quoi rallonger notre barre de vie et on souffle enfin. Et c'est dans ce second temps que le jeu change d'envergure. Finies les quêtes qui demandent d'arpenter les villes et de discuter avec tout le monde. On passe son temps dans des "donjons" (comprenez des complexes scientifiques secrets) qui demandent de trouver des cartes d'accès pour avancer de corridor en corridor. Cette seconde partie clairement orientée baston tiendrait presque du metroidvania, voire du boss rush sur la toute fin du jeu.

Un découpage de jeu étonnant qui va de pair avec une trame scénaristique qui se vit comme un seinen des années 2000. Alors oui, dès la séquence d'introduction, il y a bien du GITS, de l'Evangelion, du Gunslinger Girl là-dedans. Des mystères autour d'enfants conditionnés par des scientifiques à la solde d'organisations secrètes à l'humanoïde difforme cloué à un monolithe à l'aide d'une lance géante dans ce qui ressemble à un univers parallèle en passant par... des croix géantes par dizaines. Et oui, ce n'est pas pour nous déplaire. Les développeurs en jouent d'ailleurs dans la mise en scène des multiples cinématiques du jeu qui présentent toutes des angles de caméras "dramatiques" calqués sur certains plans d'animes. Ca marche et c'est assez classe !

ANNO Horribilis

Mais c'est comme si un pan du scénario s'était déroulé limite avant qu'on arrive et on débarque devant un florilège de références qu'on ne comprend pas, de PNJs à priori importants qui apparaissent et disparaissent au gré des cinématiques et d'une métahistoire qui ne s'explique clairement qu'au tout dernier chapitre. Ce script osé vient hélas avec un sous-titrage complètement aux fraises. On peut citer par exemple la traduction française pleine de "vous" mal traduis depuis les "you" de la version anglaise qui est, elle aussi, une traduction approximative des dialogues chinois originaux. Pire, parfois il y a carrément de grossières erreurs comme Ann parfois appelée Anne ou son père adoptif dont on ne sait plus vraiment s'il s'appelle Hotz et Holtz.

On a beau passer sur la version anglaise, on passe son temps à lire entre les lignes de cette pseudo-traduction Google, et ça n'aide pas à s'immerger dans un scénario déjà complexe. C'est d'autant plus dommage que le sound design en général et les doublages japonais en particulier sont excellents et renforcent entièrement cette volonté de se rapprocher de l'anime ! Les acteurs jouent tous très bien (mention spéciale au duo C et G et à l'acolyte virtuelle kawaii de l'héroïne, Ayane). Toujours au registre des regrets, on note le peu de soin apporté aux interfaces du jeu par ses développeurs. Graphiquement déjà, l'ensemble est moins réussi que le reste. Mais ces systèmes survolés deviennent handicapants en combat. Le menu radial par exemple permettant d'alterner rapidement entre les armes et objets ne fonctionne pas 75% du temps. L'interface d'artisanat rapide est parfaitement inutile, car impraticable dans des combats ultra nerveux. Du coup, par dépit, on préfère mettre le jeu en pause et s'équiper ou se soigner tranquillement depuis le menu principal. Malgré ça, on multiplie des aller-retours inutiles pour interchanger ses armes ou recherche un indice sur une quête secondaire ou dans un dialogue passé. Enfin, on ne compte plus les typos liées aux guillemets et les retours à la ligne en plein mot dans tout ce qui est blocs de textes.

Enfin et ça, c'était malheureusement prévisible, on ressent un léger effet Hugo Délire dans le jeu, ce décalage entre animations 2D et environnement 3D lors des déplacements sur l'axe vertical.

Derrière ANNO: Mutationem, on sent la passion de ses développeurs et leur envie de réaliser un "anime dont vous êtes le héros" hommage aux meilleurs représentants du genre sortis dans les années 2000. Le jeu possède bien des qualités à commencer par une superbe direction artistique qui ne se prend pas les pieds dans le plat, un système de combat efficace à défaut d'être innovant et une mise en scène qui sait nous surprendre. De quoi nous faire presque oublier ses errements à la fois dans la lecture de son scénario, ses interfaces pas agréables à utiliser et surtout la piètre qualité de son sous-titrage. On vous conseille donc d'attendre quelques patchs avant de poser vos pattes dessus.

SCREENSHOTS

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