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Hell Yeah! Wrath of the Dead Rabbit

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor
Depuis le temps que son existence a été évoquée (il y a un an et demi ici même, en fait), Hell Yeah! Wrath of the Dead Rabbit ne cessait de nous aguicher. Avec ce projet de Metroidvania 2D sous LSD, dont le héros est un lapin mort se lançant dans un génocide de monstres débiles dans des décors flashy à vous fracturer la rétine, c’est peu de dire qu’Arkedo se lançait dans quelque chose de… couillu, dira-t-on. Le genre de truc qu’on adore ou qu’on déteste. Qui veut devenir nécrocuniculophile ?

Kiss my Ash


A-t-on besoin de préciser que le scénario d’Hell Yeah! tient sur un kleenex ? Ash, Prince des Enfers, succède à son père, le Roi Lapin. Entre esclavage et torture, tout se passe bien jusqu’à ce qu’un paparazzi prenne une photo compromettante : Ash aime jouer avec un canard en plastique dans son bain, ce qui fait un peu tapette pour le Prince des Enfers. 100 monstres ont vu le cliché avant qu’il soit retiré du Hellternet, et maintenant ils se foutent bien de la gueule d’Ash. Une seule solution : les réduire au silence, en leur maravant la tronche. Ils sont déjà en Enfer, mais mourir une deuxième fois leur fera le plus grand bien.



Derrière ce scénario-prétexte, Hell Yeah ! est avant tout un hommage déjanté à tout un pan de la culture des joueurs. Un peu comme si des geeks bourrés refaisaient le monde autour d’une table, puisant dans les répliques cultes de Retour vers le Futur, DBZ, Die Hard, Alien ou South Park, chantant du Carlos ou une version salace de Still Alive, et ressortant leurs consoles d’antan pour jouer à Sonic, Space Invaders, Donkey Kong Country, Duck Hunt et Ocarina of Time. On ne doit pas être très loin d’une séance d’écriture type chez Arkedo, tant les dialogues enchaînent les répliques excellentes, entre humour potache, sens de la répartie, et donc références à la culture geek.

Sur un plan strictement ludique, les sources d’inspiration sont elles aussi visibles, mais ne remontent pas nécessairement aussi loin que le logo Sega à l’ancienne pourrait le laisser penser. Hell Yeah ! est certes un Metroidvania, mais le combo scie circulaire/armes à feu fait surtout penser au plus récent Shank, et quelques passages de plate-forme bien punitifs font penser à du die and retry façon Super Meat Boy. Mais que les allergiques à l’ultra-difficulté se rassurent, le cœur du jeu n’est pas là.



La scie, chienne fidèle


Non, le cœur du jeu, c’est un mélange de plate-forme et d’action dans une petite dizaine de niveau tous différents, mais tous bien barrés. A chaque fois, le principe est le même : on doit accéder à la porte d’un boss, pour cela on doit franchir un certain nombre d’autres portes qui ne s’ouvrent que si on a tué le nombre de monstres indiqué dessus. On tue un monstre qui va ouvrir une porte, qui va nous permettre d’accéder à d’autres monstres qui vont ouvrir une nouvelle porte, et ainsi de suite… Les nombres sur les portes sont cumulatifs, vous pouvez donc tomber dès le début du jeu sur des portes nécessitant des dizaines de monstres morts pour s’ouvrir, et il faudra donc y revenir après avoir avancé dans le jeu.

On repère trois types de gameplay permettant de progresser : Ash sans armes, Ash avec armes, et l’utilisation de véhicules ou d’outils. Sans armes, Ash ne peut que sauter, double sauter et rebondir sur les murs, il s’agit donc de plate-forme pure. On ne peut pas tuer les ennemis, du moins pas directement : il faut utiliser le décor, pour cramer les monstres ou les écraser sous des blocs de pierre par exemple. Avec armes, c’est le défouloir : on se sert de la scie circulaire comme d’un jetpack ou d’une foreuse pour atteindre les ennemis, qu’on tue soit avec ses armes soit en utilisant le décor, mais on y reviendra plus tard. Le jeu réserve enfin quelques passages en véhicules (sous-marin, vaisseau spatial…), armés ou non, ainsi que l’utilisation d’outils comme des canons pour dégager les obstacles, vivants ou non, de votre route, ou atteindre des points éloignés.



Chaque niveau est donc conçu comme un mélange plus ou moins équilibré de ces trois éléments, et avec le système de portes, il y a une belle variété de sensations manette en main. Le level design étant assez labyrinthique, on a le choix pour s’y repérer: le dézoom, qui permets de prendre du recul pour visualiser les alentours, le radar qui indique les directions à suivre pour trouver les monstres, et la carte, qui se complète au fur et à mesure que vous vous baladez dans le niveau et contient toute une série d’indications (position des monstres croisés, fontaine de soin, portes, missions secondaires...). Les sauvegardes sont automatiques et fonctionnent avec des check points. Quand vous mourrez, vous repartez au dernier check point traversé, dans l’état de santé où vous l’avez traversé, même si vous n’aurez pas à retuer un monstre mort si vous subissez un game over juste après.

Ce qui permet de noter deux premiers défauts. Premièrement, le jeu est un poil plus dirigiste que ses sources d’inspiration: des éléments de décors sont là pour vous indiquer la direction à suivre par des flèches, les objectifs sont on ne peut plus explicites, votre carte affiche la position de l’objectif en cours, votre radar la direction à suivre pour trouver les monstres. En bref, on vous prémâche un peu le travail d’exploration. Deuxièmement, la plupart des monstres vous font des dégâts, mais les éléments de décors vous one-shot très souvent (les pics entre les plates-formes par exemple) ou vous font des dégâts en chaîne : les phases de plate-forme sont donc souvent plus punitives que les combats contre les monstres, alors même que les checkpoint sont plutôt disposés… avant les monstres. Certains passages sont rageants, pas seulement parce qu’ils sont difficiles, mais aussi parce qu’on doit à chaque fois se retaper un petit trajet pour y retourner.



Rabbit of Caerbannog


Puisqu’on parle des défauts de gameplay, il faut malheureusement souligner le principal : un manque notable de précision dans la maniabilité, causé par plusieurs choses. L’inertie de la scie/jetpack rends difficile l’accès à certaines plates-formes, et il n’est pas rare de glisser sur les plus petites d’entre elles. Jouer à la manette réduit cette sensation de manque de maîtrise lors de sauts, mais implique une utilisation du stick droit pour viser et tirer avec les armes à feu. A l’inverse, jouer au clavier et à la souris permets de viser sans problème, mais les flèches directionnelles raidissent encore plus les sauts. Attention, il ne s’agit pas de dire que la maniabilité est foireuse, elle est même plutôt bonne car assez intuitive, mais lors de certains passages un peu tendus, le fun s’éclipse et la frustration pointe.

Lors de certains passages seulement. Car la plupart du temps, on s’amuse beaucoup à buter du monstre à la chaîne. Niveau arsenal, l’arme de base est la scie circulaire. On dispose également de tout un arsenal d’armes à feu assez classiques, allant de la mitraillette au lance-flamme en passant par le colt, le lance-grenade, le lance-roquette… Mais si l’équipement est classique, notre barre de vie est pour sa part nettement plus funky (ou crade, selon le point de vue), puisqu’elle est matérialisée par une jauge de sang. Jauge qu’on peut remplir en prenant une douche dans des fontaines d’hémoglobine tenues par une certaine "Mme Fontaine" (gros clin d'oeil), cyclope de surcroît. Et quand on récupère de la vie sous cette fontaine, c’est matérialisé par des infirmières à gros nibards qui s’envolent dans le ciel et ne dépareilleraient pas dans un porno allemand des 80’s.



Surpris ? Vous n’avez encore rien vu. Puisque le but du jeu est de buter du monstre, le bestiaire a été particulièrement soigné. En fait, on distingue trois types de monstres. Tout d’abord 100 monstres principaux divisés en deux catégories : les sous-boss (les plus nombreux) qui ouvrent les portes, et les boss. Il y a en plus toute une flopée de petits ennemis plus ou moins agressifs pour pimenter votre progression. Les monstres principaux sont justes hallucinants, que ce soit dans leurs designs ou dans leurs noms, et on préfère vous laisser la surprise. Une fois battus, ils sont recensés dans un Monstrodex qui nous raconte leur histoire en quelques phrases souvent hilarantes.

Les combats sont bien plus variés que la facilité des premières minutes ne le laisse pense. En fait, les petits monstres qui pullulent dans les niveaux sont à découper s’ils ne sont pas électriques, à flinguer de loin sinon. Les sous-boss sont en général protégé par le level design, en ce sens qu’il faut arriver jusqu’à eux pour les buter. Avec parfois des patterns qui font qu’on doit trouver le bon flingue et/ou le bon timing pour les défoncer, mais certains monstres doivent obligatoirement être éliminés avec des éléments de décor comme des blocs de roches, des coulées d’acide ou des canons. Quand on a bien entamé leur barre de vie, un mini-jeu « finish him » apparaît. QTE débile, QCM à la con, mini-jeu de réflexes façons Wario Ware… Le concept est fun, d’autant plus que les finish move sont adaptés à la manière de tuer le monstre (par exemple, si on utilise un élément de décor pour le cramer, le mini-jeu sera des monstres-silex à frotter au bon moment pour démarrer le feu), mais un peu redondant puisqu’il n’y en a qu’une trentaine pour 100 monstres. Une fois passé l’effet de surprise…



Hell Yeah! C’est d’la bonne !


Visuellement, le jeu est tout à fait ce à quoi on s’attendait : un cartoon psychédélique intégralement en 2D bourré d’effets improbables et outranciers (mention spéciale aux animations des finish move), et à chaque fois avec des couleurs flashy à vous fracturer la rétine. Il y a une très grande variété visuelle dans les niveaux, chacun développant une thématique particulière, offrant plusieurs visions de l’Enfer. Des plus classiques, comme une prison de manoir hanté ou un monde de flammes et de sang, au plus surprenants, comme un vaisseau spatial rempli d’aliens gluants, un trip hippie qui donnerait des boutons à Cartman, ou encore un hilarant monde remplis de monstres arc en ciel et dont la musique de fond semble tout droit sortie d’un épisode de My Little Pony.



D’ailleurs, l’environnement sonore accompagne parfaitement ce feu d’artifice visuel. Pop sirupeuse, métal qui crache, ou bien électro qui fait wub wub, à chaque fois c’est une parodie musicale, mais tellement raccord avec ce qu’il se passe à l’écran qu’elle se grave dans votre mémoire. Les compositeurs, comme le reste de l’équipe d’Arkedo d’ailleurs, sont vraisemblablement tombés dans une marmite de LSD quand ils étaient petits, mais ça leur a réussi. Les bruitages sont un peu moins frappants, mais variés et bien crades comme il faut. Le seul regret réside dans l’absence de doublages pour Ash et les Monstres, qui restent muet ou se contentent de petits bruitages.

Tout ça peut sembler peu digeste. Et c’est malheureusement là la limite de ce Hell Yeah ! : malgré tous les efforts consentis pour proposer de la variété, on frise parfois l’overdose. Sur le fond, le principe général de gameplay reste le même tout au long du jeu, seule la difficulté augmente, et la variété n’est que cosmétique. D’autant plus que tout ce qui fait office de contenu complémentaire tombe un peu à plat. Les nombreux skins à débloquer pour Ash et la scie ? Un gadget qui fait sourire sans plus. Les boutiques ? Une fois que vous y avez upgradé votre santé et les deux armes améliorables, elles ne servent plus à grand-chose. L’île sur laquelle les monstres vaincus sont réduits en esclavage à votre service ? Un concept enthousiasmant au début, mais en réalité assez creux. En fait, seules les missions secondaire que Ash 2.0 (votre vous du futur) vous confie sortent du lot. Il s’agit de mini-jeux proposant un vrai challenge, comme tuer 50 ennemis en 25 secondes ou traverser la map dans le même temps. Dommage que les récompenses ne soient pas à la hauteur du challenge.


Jeu testé à partir d'une clé Steam fournie par l'éditeur
Un peu redondant à la longue, ce Hell Yeah! vaut cependant largement le détour. Trip gore, bariolé et drôle à la réalisation originale, ce défouloir crade nous balance comme promis une violence inouïe dans notre face.

SCREENSHOTS

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