Disco Elysium, ça a été un peu le monstre du Loch Ness vidéo ludique des amateurs de C-RPG ces dernières années. Développé par ZA/UM, un “mouvement culturel rassemblant des artistes, des écrivains, des entrepreneurs et des activistes”, organisés en studio de développement en Estonie puis à Londres, il a longtemps été connu sous le nom de code “No Truce With The Furries”. Officiellement sorti le 15 octobre dernier, tout le monde a pu se ruer sur le jeu pour voir de quoi il en retournait. Et personne n’a été déçu.

Lire la suite sur le site : Disco Elysium.

Le jeu est en cours de traduction officielle pour sa sortie sur consoles en 2020.
Reste juste à espérer que la trad fr sera impeccable, car y jouer en anglais semble faire partie d'un de ses charmes...
Et si on perd la plupart des subtilités c'est pas cool...

Fougère a écrit :
C’est simple, vous allez passer 80% de votre temps de jeu à lire du texte

Et c'est tout le problème pour moi. Ho j'adore lire. Mais pas quand je me met sur le PC pour un jeu video. J'adore lire au coin du feu, ou sous ma couette, avec un mocha fumant et une petite musique jazz en fond.

Du coup, là j’aurais envie que le "jeu" soit sur téléphone, et là je le lirais. Mais me poser devant mon PC pour bouquiner, ça ne me tente pas vraiment.

Pour répondre à Kakek, moi non plus !

Je déteste lire sur PC, si le texte fait plus de 10 lignes, il faut vraiment que ce soit intéressant ou que ce soit pour le boulot.

Mais dans Disco Elysium, honnêtement, ça passe crème. Déjà, parce que tout ce que tu lis c'est merveilleusement bien écris, mais surtout, t'as toujours des petites pauses entre chaque gros pavé. Puis y'a la musique, les graphismes, l'ambiance qui participent à rendre l'expérience agréable et pas ennuyante.

Avant de tester, c'était une des craintes que j'avais vis à vis du jeu, mais franchement, je suis prêt à remettre le couvert quand ils veulent.

Je dois être un extraterrestre...

Je suis anglophone, j'ai adoré les RPGs avec des tonnes de texte, depuis Planescape Torment, en passant par les Ultima, Bard's Tale, Wasteland (le vieux et le 2), etc...

Et pourtant je n'accroche pas, mais alors pas du tout à Disco Elysium....

Je n'ai joué que 2 heures, mais j'ai trouvé ça horripilant, avec des tonnes de dialogues intérieurs qui m'ont fait piquer du nez sur mon clavier. Bref, je n'arrivais pas à trouver d'intérêt à ce qui se racontait...

J'aurais peut être dû forcer encore quelques heures ou alors suis peut-être trop vieux pour ces conneries...
https://youtu.be/oHhgllqSKro

dagon a écrit :
Je dois être un extraterrestre...

Tu n'es pas seul.

Je l'ai attendu comme le messie et je me suis jeté dessus day one pour le lâcher au bout de 4h tellement j'avais l'impression de pédaler dans la semoule. C'est un peu le problème que soulève kakek, c'est plus du domaine des 'graphic novels' que du jeu et ça me donne l'impression de me taper un audio book assis devant mon écran.

Je suis fan de la DA, de l'univers, du style de jeu et de ses mécaniques, je l'ai tant convoité sur le papier depuis ses balbutiements mais son concept verbeux à tiroirs a eu raison de moi. Les interruptions introspectives permanentes plombent le rythme. Il aurait fallu casser le tout narratif avec petit peu d'action en plus façon Divinity, des moments d'exploration plus ténus & quelques respirations narratives pour que ce soit mon Graal.

Reste que je suis enchanté que ce genre de projet hybride existe même s'il ne s'adresse pas à moi, je suis sûr qu'il fera école, c'est tout bénef pour le monde du jeu vidéo.

Tout dépend de l'état d'esprit avec lequel vous appréhendez le jeu. Malgré leur classification commune, les C-RPG old school ne sont pas à mettre dans le même panier en terme de game design. Si vous allez dans Disco Elysium avec du Baldur's gate 2 en tête, ça risque de pas le faire.

On pourrait débattre à l'infini sur les sous-catégories du C-RPG, je dirai seulement que dans les Baldur's Gate / Icewind Dale / Wasteland/ Fallout 1 et 2 : le gameplay de combat ressort plus ou moins largement dominant par rapport au "gameplay" de dialogue. Et dans cette veine vous avez eu récemment les Pillars of Eternity, Tyranny et Wasteland 2. Ça peut être verbeux (Pillars...), bavard (Fallout), équilibré (Baldur's gate), faible textuellement (Icewind Dale), voire narrativement (Nerverwinter Night).

Disco Elysium n'appartient pas du TOUT à cette sous-catégorie. Et appartient bien davantage à une sorte de Planescape Torment -like, sous-genre qui n'a eu que très peu d'occurrences (euh... Tides of Numenera ?). Dans PS:Torment, les développeurs voulaient proposer une expérience avant tout littéraire-intéractive et n'ont inséré le système de combat et de classe (moisis) uniquement parce que ça faisait encore partie des standards du RPG à la DND.

Si vous y allez dans cette perspective, alors Disco Elysium est un chef d'oeuvre du jeu vidéo : il va au bout de Planescape Torment. Il purge ce superflu et capitalise sur ce qui faisait toute la force de PS:T. Subsidiairement, il se permet même de déporter le C-RPG ailleurs que dans la fantasy (quelle bouffée d'air frais !) pour le penser comme un système de jeu. Et ça aussi c'est brillant. Grâce à Disco Elysium, on commence à percevoir comment cette façon de vivre des histoires pourrait être déclinée dans d'autres configurations. (Il est pas le seul, regardez comment Stasis a déplacé le P&C dans le genre de l'horreur sf).

PS:T interrogeait question de la mutabilité de l'identité (What can change the nature of man ?). Et proposait des discussions fort matures pour un jeu vidéo (phénoménologie...). Disco Elysium poursuit - What kind of cop are you ? - au travers du prisme de l'échec. La construction du soi au travers de l'échec. Il récompense vos jets pourris aux dés par une expérience narrative plus nourrie que vos succès. Vous n'êtes pas un super héro, ni même un regular guy. Vous êtes semble-t-il un "raté" (et d'ampleur admirable), errant dans un quartier de ratés où le dialogue social a merdé sévère, au sein d'une ville ayant perdu sa souveraineté après qu'une révolution façon communarde a foiré.

tl;dr : jouer Disco Elysium c'est entrer dans un livre (vraiment) interactif. Si vous pouvez accepter cette perspective, alors le jeu devient une occurrence géniale dans ce genre désespéramment famélique du jeu vidéo. Il est, à mon humble avis, bien meilleur que PS Torment, pourtant son illustre prédécesseur .

Thaudias a écrit :
plein de choses intéressantes

Ca résume assez bien pourquoi il n'est pas pour moi mais aussi pourquoi je suis très heureux d'avoir donné mes sous aux développeurs.