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Mafia: The Old Country

Frostis Advance par Frostis Advance,  email  @SW-5831-6614-4024
Développeur / Editeur : 2K Games Hangar 13
Support : Unreal Engine 5
Présenté comme le clou du spectacle lors de l’Opening Night Live de la Gamescom 2024, Mafia: The Old Country avait fait grand bruit. Puis à son retour pendant la cérémonie The Game Awards 2024, il avait très clairement attiré l’attention de tout le monde, notamment par son ambiance sicilienne. Mais est-ce que le Limoncello est vraiment frais ?

Retour en 2002

Si jamais vous ne connaissez pas trop la série Mafia, ce qui pourrait être le cas, même parmi les lecteurs et lectrices de Factornews très renseignés, sachez que la licence ne date pas d'hier. Le premier épisode, Mafia: The City of Lost Heaven, est sorti en 2002 et à l’époque, je l’avais même terminé sur mon PC, équipé d’une GeForce4 MX 460, de 64 Mo de RAM et d’un AMD Athlon Thunderbird. Le titre d'Illusion Softworks (2K Czech maintenant) faisait alors partie de ces jeux qu’il fallait faire, tant il était novateur sur bien des points, notamment sur son histoire de mafia italienne dans les années 1930, dans la ville fictive de Lost Heaven, que l’on pouvait comparer à Chicago, avec un aspect open world condensé assez intéressant.

Il a fallu attendre 2010 pour voir sa suite, Mafia II, reprenant un peu la même recette, mais avec de nouveaux personnages. Changement d’époque, puisque tout se déroulait entre 1945 et 1950, mais aussi de lieu avec la ville fictive d'Empire Bay, sorte de mix entre New York et San Francisco. L’histoire était toujours aussi prenante, le système de jeu aussi, et le titre ne partait pas dans tous les sens en essayant de copier GTA IV sorti en 2008, ce qui était une très bonne chose.

Puis, en 2016, le jeune studio Hangar 13 reprend la licence et c’est le drame avec Mafia III. Pourtant, tout partait bien avec une histoire se déroulant en 1968 à New Bordeaux, inspirée de La Nouvelle-Orléans. Mais même si l’aspect narratif était pas mal, tout le reste n’était pas terrible, avec une IA totalement nulle, une technique aux fraises, des activités bien trop répétitives et un monde ouvert loin des standards. 

Je n’ai pas d’ami, j’ai de la famille

Cette fois-ci, neuf ans après l’échec du troisième épisode, Hangar 13 a eu la bonne idée de reprendre les bases de la licence et même l’intelligence de placer l’intrigue pendant les années 1900 en Italie, pour être plus précis, en Sicile. Une approche assez intéressante, puisqu’elle permet de donner une vraie ambiance italienne, loin des grandes villes américaines et surtout, de changer un peu d’air. 

Dans cette nouvelle aventure, on incarne Enzo Favara, qui pourrait s’apparenter au cliché du personnage qui part de zéro pour arriver tout en haut de l’échelle. Sans divulgâcher aucunement plus que les différentes bande-annonces, Enzo se voit par le hasard des choses intégré dans la très puissante famille Torrisi. Enfin, par hasard, façon de parler, puisqu’il a aussi forcé son destin en ayant eu le courage de briser ses chaînes après un événement tragique, lui qui n’était juste qu’un pauvre “sans nom” à se tuer à la tâche dans une mine avec l’un de ses amis, tous les deux à la solde d’une autre famille mafieuse.



Pour débuter chez les Torrisi, notre jeune Enzo se verra attribuer différentes missions. Au début simple homme de main, ses tâches ne seront pas d’une grande utilité, mais juste nécessaires au bon maintien de la souveraineté de la famille dans cette région de la Sicile. Au fil des années, il va se faire une place dans la famille et être respecté. Mais rapidement, Enzo a un petit faible pour Isabella, la fille de Bernardo Torrisi, le Don de la famille et donc, le grand patron du coin. Vous le devinez assez rapidement, toute l’intrigue tournera autour de la vengeance d’Enzo sur ses anciens employés, mais aussi sur l’histoire d’amour entre lui et Isabella, qui ne sera forcément pas vue d’un bon œil par son père.

Oui, l’histoire n’a rien d’original à première vue. Elle est même dans le bon gros cliché des films de mafia, mais elle est étonnamment intéressante et arrive à nous tenir en haleine tout au long de l’aventure, qui m'a pris environ treize heures. De plus, Hangar 13 a ajouté un bon paquet de personnages tous plus intéressants les uns que les autres, à commencer par Luca Trapani, le mentor d’Enzo. Il lui apprend toutes les ficelles du métier, ce qu’il faut faire, ne pas faire, comment se comporter en présence de telle ou telle personne et lui donne même quelques cours de bagarre, de conduite et tout ce qu’il faut dans un bon tutoriel. Il ne faut pas non plus oublier Cesare Massaro, qui sera le pote d’Enzo dans ses missions, le casse-cou de service, le bon pote qui aime faire la fête, boire des verres, passer du bon temps avec des femmes, mais aussi le genre de personne qui aimerait bien aller plus haut dans les échelons, quitte à marcher sur les copains.



Honnêtement, Mafia: The Old Country raconte une belle histoire, prenante, qui est assez bien écrite pour que l’on ne décroche pas lors des sessions de jeu. Malheureusement, elle est aussi tellement cliché qu’elle en devient cousue de fil blanc et donc, sans aucune surprise. Est-ce réellement un mauvais point ? Pas forcément. Après tout, on est là pour une histoire de mafia, et pas une intrigue partant dans l’aventure avec des trucs magiques. Et pour le coup, les fans seront forcément aux anges.

Vacances en Sicile

Côté technique, Mafia: The Old Country est absolument magnifique, fortement aidé par l’Unreal Engine 5 mettant bien en valeur les paysages siciliens, tout en campagne avec ses petits villages, ses routes tortueuses, des champs de vignes à perte de vue, quelques forêts majestueuses, le tout entouré de montagnes, mais aussi évidemment du volcan actif le plus haut d’Europe, l’Etna (même si ce dernier ne donnera jamais son nom tout au long du jeu, malgré son importance). Il est aussi question de quelques temples romains comme on peut en trouver à Segesta ou Sélinonte, ou encore de jolies côtes rappelant fortement la ville de Trapani, mais aussi Cefalù et Syracuse.

Un petit monde totalement fictif évidemment, puisque l’on se rend assez vite compte que son authenticité n'est finalement qu’un mélange de tout ce que l’on découvre sur cette magnifique île (que j’ai visitée deux fois, d’où mes connaissances sur le sujet), accompagné par un doublage des personnages dans pas mal de langues, dont un excellent sicilien, et malheureusement un français assez spécial par moment, surtout lorsqu'il faut porter des trucs lourds. Néanmoins, Hangar 13 n’a, pour moi, pas réussi à donner vie à ce petit monde ouvert, qui semble être juste une sorte de vitrine pour l’histoire principale.



Oui, parce que vivant, pour moi, cela veut dire qu’il a quelque chose à nous proposer en dehors de l’histoire principale. Malheureusement il n’en est rien et on se retrouve avec de jolis paysages mais sans aucune quête secondaire, mis à part des objets cachés ici et là. Alors oui, Hangar 13 a bien repris le concept de la série, mais Mafia: The Old Country est réellement sur les rails d’un petit train de la mine et il est très difficile de faire autre chose. En clair, il n’est pas vraiment possible de se perdre entre deux objectifs et de découvrir ce que ce monde pourrait nous proposer. Non, on file tout droit, tout le temps. Et si on dépasse, le jeu n’hésite pas à nous ordonner de retourner dans la mission avec un temps maximum, sous peine de tout recommencer.

Ça sent la poussière

Alors ok, ce n’est peut-être pas un défaut. Après tout, tous les jeux ne sont pas obligés de proposer un monde ouvert avec des centaines de quêtes secondaires plus ou moins intéressantes et des marqueurs partout sur notre mini-carte. C’est même presque un avantage, surtout si on souhaite se lancer dans un jeu très cinématographique.

Cependant, tout cela dessert les nombreux personnages secondaires vivant au sein et autour de la famille. Pour être honnête, sorti des quelques protagonistes que l’on croise régulièrement dans les missions, je n’ai clairement pas retenu le nom des autres, ni même ce qu’ils font ici. Le fait d’avoir quelques petites quêtes, même non obligatoires, m’aurait permis de m'imprégner un peu plus de ce folklore. C'est comme si Hangar 13 avait eu peur de froisser les fans de la première heure, en essayant autre chose de plus moderne.



Et cela commence directement avec les principales interactions que peut effectuer Enzo. Cet épisode conserve sa formule TPS, mais en restant les pieds bien ancrés dans le ciment des deux premiers épisodes. On a une forte impression que rien n'a évolué et on se retrouve avec un jeu qui a bien du mal à rivaliser avec des titres comme Gears of War (2006, Xbox 360) et Uncharted: Drake's Fortune (2007, PS3), tant il est raide par moment. La construction de certaines missions est vraiment datée, à tel point que l’on se retrouve à avancer tout droit sans trop réfléchir, tout en se plaquant contre des “trucs posés ici sans aucune raison”, comme des petits murs en plein milieu d’un chemin, des palettes rangées par petits tas dans un marché, ou autres véhicules garés soigneusement pour se protéger, le tout avec des boîtes de munitions posées ici et là. Et si vous souhaitez vous la jouer cover shooter, c’est raté. Ici, c’est soit cover, soit shooter. L’immersion est donc totalement loupée dans ce genre de moment.

À la limite, cela pourrait passer si l’IA des ennemis n’était pas elle-même toute aussi foireuse. Jouant en mode normal, je me suis retrouvé avec des archétypes d’ennemis faisant les cents pas entre un point A et un point B, d’autres restant plantés devant un tableau dans l’attente de se faire prendre par surprise, ou encore pire, parlant hyper fort pour nous prévenir que “J’ai plus de balle, je recharge !” ou encore “Il est planqué, forçons-le à sortir !” alors qu’ils s’approchent tous de moi comme des crétins.

Très bel exemple de "On va le laisser venir".

E merda...

Pourtant, de bonnes idées, il y en a. Par exemple, le fait de matraquer un bouton lors d’une phase d’élimination silencieuse. Cela pourrait donner un peu d’adrénaline, si seulement les mafieux n’avaient pas tous des problèmes de vue. De même, le fait de pouvoir planquer les cadavres de nos assaillants est toujours une bonne idée pour les phases d’infiltration, sauf qu’encore une fois, le level design est bien trop paresseux, proposant des caisses bleues (tout le temps les mêmes) à côté de presque tous les gardes pouvant être éliminés discrètement. Cela en devient presque ridicule.

Je pourrais aussi citer ce qui a fait bonne impression lors des bandes-annonces, à savoir les combats au couteau. Franchement, ça donne un petit effet sympa lors d'affrontements un peu plus importants. Le premier est cool et superbement rendu, le second est maîtrisé, le troisième commence déjà à nous faire nous poser des questions sur leur répétitivité. Quant au vingtième, il m’a fait soupirer tellement j'en avais marre de faire et refaire la même chose… Et attention, pas question de mourir. Sinon, c’est 19 longues secondes de chargement pour revenir en jeu (sur Xbox Series X, donc pas la plus mauvaise des consoles). Et encore moins d'essayer de se battre à mains nues. Non, Enzo ne sait pas mettre des patates dans la tête. Ou alors je n'ai pas trouvé comment faire.



Reste les quelques course-poursuites à cheval au début, puis rapidement en voitures, qui sont vraiment très agréables. Les développeurs ont pris soin de modéliser parfaitement chaque véhicule de l’époque, que ce soit visuellement mais aussi du point de vue du son et de la maniabilité. On s’y croirait, mais cela n’efface malheureusement pas les combats dans ces bolides, beaucoup trop caricaturaux.

Finalement, ce que j’ai apprécié dans le fait de rester bloqué 15 ou 20 ans dans le passé, c’est que Mafia: The Old Country ne tombe pas dans le piège de la collectionnite aiguë et des arbres de compétences à remplir. Alors oui, il y a bien ce chapelet que l’on peut modifier avec des perles et médaillons afin d’avoir quelques bonus ici et là. Mais encore une fois, l’idée n’est pas assez poussée, puisque personnellement, j’ai changé une fois de perle et de médaillon, pour ne plus jamais y retoucher. D’ailleurs, la vieille dame chez qui il est possible d’acheter ces modifications et le petit garagiste du côté des véhicules, je ne les ai croisés que deux ou trois fois au cours de mon aventure. Ils ne sont donc pas d’une grande importance. Même chose pour les différents costumes, vraiment bien trop cosmétiques pour le coup.
Même avec son gameplay bloqué entre 2005 et 2010, Mafia: The Old Country arrive à raconter une belle histoire, avec des personnages bien travaillés et quelques passages assez chouettes n’hésitant pas à nous en mettre plein les yeux grâce à une réalisation assez exemplaire. La balade en Sicile est vraiment belle, cela fait souvent illusion, mais on est malheureusement assez vite rattrapé par les défauts ici et là, venant gâcher un peu la fête.
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