Les journalistes ont été très nombreux, nous-mêmes compris, à raconter que le Japon vidéoludique n'a pas été au top de sa forme depuis maintenant quelques années déjà. Aujourd'hui, le discours à la mode est celui de la résurrection du jeu japonais ; mais pourquoi partir du principe qu'il était "mort" jusqu'à présent ?

Lire la suite sur le site : Prise chaude : une certaine idée du jeu japonais.

Au secours.

Intéressant, même si je ne connais rien aux jeux japs (enfin si, j'ai joué à Mario). Ça me rappelle un autre marronnier : "la mort des point & click". S'il est vrai que le genre est mort pendant cinq ans après Grim Fandango, il était de nouveau très vital dans la deuxième moitié des années 2000 ; or chaque test des (nombreux) jeux d'aventure commençait par déplorer la mort du genre, sans voir la contradiction...

M0rb a écrit :
Au secours.

Pas mieux.

Completement d'accord avec cet article bien ecrit.
Par contre, je suis loin d'etre objectif quand on parle du jv Japonais qui est mort, ca fait plus de 10 ans que je suis prog au Japon et, on remercie le mobile, le marche du travail se porte tres bien.

C'est une manière de voir le verre à moitié vide ou moitié plein. Et toutes formes de généralisation sur une scène aussi large que le jeu vidéo japonais ne pourra que succomber par la critique. Ceci dit, à titre tout à fait personnel, je ne partage pas l'orientation générale défendue ici.

Pour rester dans le style direct de l'exercice, je n'ai pas depuis longtemps ressenti de grand plaisir sur un jeu nippon, qui s'est à mes yeux fondamentalement empêtré dans un syndrome d'itération ad nauseam de ses précédents triomphes.

Les exemples de Hell Pé sont à ce titre à double tranchant :

1. La première série d'exemple donné n'est pas du tout récente, et singulièrement inégale. Lost Odyssey (2008 !) surprenait par ses petites nouvelles intégrées et sa sonorité ; mais son gameplay était entièrement recyclé des FF les plus fades, avec en prime le look ridicule (stéréotypes vêtements/cheveux) des personnages. Blue Dragon (2006 !!) est un énième clone dans le design des Dragon Ball / Dragon Quest, je passerai sur les évidentes lourdeurs artistiques qu'il véhicule.

Si nous allons dans cette direction, autant les mettre en comparaison de Alan Wake, Mass Effect, Gears of War, Bioshock et Dead Space de la même période.

2. Oui il y a les brillantissimes Demon souls et Dark souls 1er du nom. Certes. Mais on a pas pu éviter ses clones Dark souls 2 et 3. Faut-il toujours recycler les précédents succès ? Ne peut-on considérer une oeuvre achevée et passer à une autre ? Ou du moins, prendre le temps d'avoir vraiment quelque chose de nouveau à dire ?

Je suis largement plus mitigé sur Nier et Nier automata. La thématique transhumaniste est originale, le sound desgin tente des choses. Mais le game design (niveaux, upgrade des armes et inflation des stats) et le char design (compteur culotte, coupe de cheveux, couleur de cheveux,) plongent encore dans les poncifs habituels, qui ne sont pas aidés par une maniabilité ratée, (mal) inspirée de ce qui se fait depuis longtemps dans les Devil May Cry.

2. Yakuza 3, Persona 4, Bayonetta 2, Final Fantasy XIII, XV, tous les Tales of passé votre première fois : tombent encore dans le recyclage de leurs prédécesseurs, les stéréotypes tant dans le gameplay, les char design que l'histoire.

Vous comprendrez que de ce point de vue, les productions de Nintendo me laissent de marbre. Je n'ai que faire d'un énième Mario Kart, Party, Paper Mario, Mario Tenis, Super Smash, Star Fox, Animal Crossing, Fire Emblem. Et pourtant, diable que j'ai joué à tout cela par le passé. Mais que voulez-vous, au bout de la huitième fois, les faibles variations qui sont mises en nouveauté ne me paraissent plus valoir mon temps.

3. Catherine est issu de la culture Ecchi. Et l'humour potache qui sied à ce genre de manga. C'est original quoique vite lourd. L'équivalent ricain est à trouver dans les adapations de South Park. Fun oui. Majeur, je pense pas.

Bayonetta premier du nom a tranché sur son art style assumé SM dominatrice - qui dans ce paysage où l'originalité est moribonde, m'a paru étonnement une vague de fraicheur ! - mais dont le gameplay n'est qu'un autre Devil May Cry reskin.

4. Je vais me faire défoncer mais bon. Breath of the Wild chamboule la série Zelda et Nintendo. Certes. Mais pour qui a sorti le nez ces 15 dernières années, n'a pas pu manquer que de nombreuses nouveautés sont en réalité totalement repompées de la mode occidentale très contemporaine des open world (à la Witcher 3, Skyrim, Fallout 3 et suivant). On y retrouve la collectionite aigüe de loots dénués de sens (il y a plus de sens dans l'épée brisée de Dark souls que dans toutes les armes réunies de BOTW...), les check point de téléportations à gogo qui vont avec, les quêtes fedex, la mini map.
Quand le jeu brille, pour moi, c'est dans sa musique, ses mini donjons, et ses quelques moments d'ambiance où il cesse de n'être "qu'un jeu vidéo" pour voisiner le studio Ghibli. Comme Ni no Kuni avant lui, lequel hélas sur le terrain du gameplay n'était qu'une redite de JRPG, comme Eternal Sonata et bien d'autres.

Quand j'ai découvert le jeu vidéo japonais, il y a plus de vingt ans, j'ai été soufflé. Et en dix ans, j'en dévoré des tonnes. Ensuite mon rythme de "dégustation" s'est effondré, faute d'avoir trouvé de véritables nouveautés à mes yeux. Et c'est sur ce point que je voudrais terminer : il n'en va pas différemment de nombreuses productions occidentales. Qui peut soutenir qu'un Assassin's Creed est radicalement différent d'un autre ? Qui s'émeut encore d'une sortie de Fallout de Bethesda, devant cette pauvreté intellectuelle jetée à la face du génie qui avait habité le second volet de cette série ?

Taxer l'originalité selon la géographie est un exercice maladroit. Le génie peut germer partout. Et la médiocrité, plus largement répandue, frappent toutes les régions. C'est seulement que la culture vidéo-ludique japonaise qui nous parvient me paraît bien trop attachée à ses propres codes.

Pendant ce temps...

- Fut un temps, Alan Wake, LA Noire, Heavy Rain ou même The Last of Us bouleversaient déjà la narration, le niveau de jeu d'acteur.
- Gone Home a renouvelé le jeu d'enquête croisé Walking Simulator, avec dans son sillage : >observer, Tacoma, What Remains of Edith Finch, Obra Dinn.
- Autre nouveau genre, les jeux à dialogues : Walking Dead, Life is Strange, Oxenfree, Gods Will Be Watch et The Red Strings Club, Night in the Woods
- Limbo/Inside et Braid ont fait resurgir les puzzle en scrolling 2D (gare aux nombreux clones désormais)
- Faut-il aborder l'incroyable Outer Wilds récemment sorti ?
- Les réinterprétations innovantes des classiques : The Witness (Mist), Tyranny, Shadowrun Dragonfall (C-RPG), Her Story (Live), Stasis (P&C sci-fi horreur), event[0] (jeu textuel), Crypt of the Necrodancer (rythme??).
- Puisque j'en parle, les jeux d'explo-building : Minecraft et ses 10 bougies, et d'autres propositions non clonesque comme Subnautica.
- Les essais d'une fois ou presque : Paper Please / Orwell, Thomas Was Alone, Bastion.
- Les Ovnis : SuperHot, Cuphead, Pyre, The Void
- Les die and retry adorant le random : De The Binding of Isaac à Sunless Sea en passant par FTL.
- Les (bonnes) réadaptions de styles plutôt japonais initialement : Hyper Light Drifter, Stardew Valley (pour Harvest Moon et Animal Crossing, saupoudré de Minecraft).
- Ces jeux hors du temps ou très poétiques : Journey (Ueda, où es-tu bon sang ?), Kentucky Road, To the Moon, Edith Finch.

Le jv japonais n'est pas mort. Mais comparé à ce qui précède, il m'ennuie considérablement.

"Prise chaude", ça veut dire "hot take" en langage Twitter. Plutôt que de réserver nos réflexions à ce réseau social inconfortable, nous avons préféré vous les partager ici, sans contrainte de forme.

Parce que pour vous, ça pouvait avoir sa place sur Twitter ? Vous avez été sage de ne pas publier cela sur Twitter.

Article intéressant.
Juste pour compléter avec quelques trucs sur le même sujet :

La démolition de Team Silent (Japon) et occidentalisation des équipes de dev

Silent Hill 3, PlayStation 2 :


Silent Hill: Homecoming, PlayStation 3 :


Et le même traîtement pour les autres composantes du jeu :
- individu lambda fragile au milieu d'une faune oppressante -> militaire + action ;
- etc.

Fish & Blow
Youtube

Moi, pas convaincu par l'"analyse" de ces devs français. Déjà, assimiler une French Touch à de la xénophobie, ça me rappelle Jean-François Kahn qui annonce le nom de son périodique -Marianne- à son équipe de journalistes pour se voir répondre qu'on va les prendre pour des fachos. Comme si des références et méthodes propres à la culture était un extrême. On est tombé bien bas quand même.

Mais surtout, en second lieu, faire du jeu indé qui appelle au plus grand monde est au mieux une bêtise nourrie de crédulité, au mieux un suicide pro et une méconnaissance totale du marketing. Viser la masse requiert des formules que tout le monde connaît, champ du AAA. Sauf que le budget dans ce segment est démesuré et qu'un indé ne pourra s'imaginer concurrencer. Bien pour ça que des boîtes comme Obsidian ont dû se rabattre sur du jeu de miche, basé sur une clientèle fidèle et gourmand.

Il n'a pas dû aller bien loin celui là. Tout du moins pas avec cet état d'esprit.

Thaudias
Le jv japonais n'est pas mort. Mais comparé à ce qui précède, il m'ennuie considérablement.

C'est un point de vue tout à fait valide. Ici, j'essaie d'argumenter dans le sens que la perception de son déclin a été exagérée. Les exemples que tu trouves "anciens" le sont à dessein : ils représentent le passage de la 6e à la 7e génération, qui voit les AAA s'occidentaliser et les jeux japonais perdre en visibilité. Et pour ce qui est de leur qualité, c'est là qu'on ne va pas forcément être d'accord : pour moi Dead Space est une tambouille de clichés des shooters de son temps, et la narration d'un Bioshock vaut bien celle d'un Lost Odyssey (et je ne te parle même pas des jeux Wii). Tout le problème avec l'angle de la "mort" du jeu japonais entre 2005 et 2014, c'est qu'il suggère que les devs japonais ont été globalement nuls et oubliables pendant toute cette période, et que seuls les Occidentaux ont su faire preuve de brillance. Donc forcément, quand des gens qui écrivaient déjà sur le JV quand j'étais au CM2 viennent avec leur aura de de respectabilité nous dire que ouf, les jeux japonais depuis qu'ils ont pris exemple sur nous c'est vachement mieux que leurs lycéennes kawaï (???), tu comprendre pourquoi ça nous a fait bondir.

MrPapillon a écrit :
Fish & Blow
Youtube

Je me suis retenu de citer Jon Blow, qui ne s'est toujours pas arrêté de faire le donneur de leçons vaines, ou Phil Fish, qui n'a fait qu'un seul jeu de sa vie (que je trouve assez médiocre), mais c'est vrai que cette sortie a fait forte impression dans la presse occidentale à l'époque. C'est Rami Ismaïl qui me disait (dans l'interview que je cite en fin de papier) que d'après lui, Fish avait eu raison de dire ça. Ma foi, à l'occasion, on demandera à Miyazaki l'effet que ça lui a fait.

Hot-D a écrit :
Il n'a pas dû aller bien loin celui là. Tout du moins pas avec cet état d'esprit.

Fais gaffe, il y a une chance sur six que ce soit le chef d'Amplitude, qui viennent tout juste d'annoncer Humankind. Ils ne sont plus indés, cela dit.