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Pacific Drive : En avant vers le passé

Laurent par Laurent,  email
Développeur / Editeur : GOG Ironwood Studios Kepler Interactive
Supports : Steam / PS5 / Epic Games Store
Personne n'avait vu venir l'ovni Pacific Drive et pourtant, dès le premier trailer, il a su faire tourner les têtes par sa proposition originale mélangeant road-trip et rogue-like dans un univers à la X-Files. Après 40h passées pour le terminer, le temps est venu de vous dire s'il tient la comparaison avec ces références et si le voyage en vaut le coût.

Des JO d'enfer

Années 90. Fraichement débarqué dans notre voiture d'un ferry qui repart déjà, on jette un rapide coup d'oeil à notre bon de livraison qui a pour adresse un coin perdu proche de la vieille zone d'exclusion olympique de la côte pacifique ouest. Exclusion car des choses étranges se seraient produites ici dans les années 50, au point d'y ériger des murs de béton immenses afin de condamner la zone.



Le temps est radieux, la visibilité parfaite, on suit la route sinueuse qui passe au travers d'une forêt de conifères quand à la sortie d'un court tunnel l'horizon se voit bouché par le mur en béton surplombé de miradors et de barbelés. Pas de doute, ils n'ont pas lésiné sur la sécurité. Rien ne devrait en sortir. Quelques virages plus loin, nous arrivons déjà aux pieds de ce mur que la route va longer. Pourtant, les oiseaux ne chantent plus, pire encore, le vent semble propager des rires sinistres.

Le temps s'assombrit et la pluie se met à tomber. Plus inquiétant, les cailloux en bord de piste semblent disparaitre et réapparaitre. Pas le temps de faire demi-tour, le moteur cale. Une intense lumière rouge vient nous éblouir depuis la droite. Depuis le mur. Notre voiture est brièvement attirée, avant d'être tout simplement aspirée par une sorte de brèche. Peut-être que rien ne sort de cette zone, mais nous y sommes rentrés.

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Vous l'avez compris, Pacific Drive met l'accent sur l'immersion. Il veut nous faire sentir que nous sommes sur place, réaliser que tout ne tourne pas rond et que nous n'avons que nos propres moyens pour nous en sortir. Nos moyens, et une voiture. Pas la nôtre qui a volé en éclats dans le passage, mais un vieux break américain des années 50, de ceux que toutes les familles rêvaient d'avoir pour partir en vacances à l'époque. A peine le vestige remis en route, 3 voix viennent alors nous faire comprendre que nous ne sommes pas vraiment seuls. Deux hommes et une femme semblent en effet se connaître et avoir détecté notre présence, même si on ne peut que capter leurs conversations à la radio sans pouvoir leur répondre. 



Ils nous guident rapidement vers un garage abandonné qui va devenir notre base. On peut y faire le plein, réparer notre voiture si on a les composants nécessaires, et créer des éléments de celle-ci sur un établi dédié, entre autres choses. Pacific Drive fait partie de ces jeux matérialistes où la plupart des données sont affichées quelque part sous la forme d'une jauge, d'un compteur, d'un écran et tout nécessite une action. Un appui court sur E pour entrer dans la voiture, un appui long sur E en visant la clé de contact pour la faire démarrer. Un autre appui long sur E pour passer la boite auto sur avance. Et l'inverse si on veut sortir de sa voiture proprement. Des appuis courts ou longs et des touches pas toujours ergonomiques mais qu'on s'appropriera avec le temps. Une immersion qui concerne d'ailleurs aussi notre corps, qui même si il est invisible viendra empêcher l'ouverture d'une portière, ou prendra le coffre sur la tête si vous restez trop près en voulant le fermer.

On the road again, again

Maintenant qu'on est du mauvais côté du mur, le but va donc être d'essayer de comprendre ce qu'il s'y passe et si possible de trouver comment en sortir. Nos 3 acolytes ne tarderont d'ailleurs pas à avoir des idées pour cela et ils vont donc nous envoyer en excursion trouver des composants et franchir des anomalies gravitationnelles qui pourraient déboucher sur l'extérieur. Malheureusement, tous nos efforts ne font que nous re-téléporter au garage et il va donc falloir rouler toujours plus loin pour trouver une solution.

L'occasion est donc venue de parler de la boucle de gameplay principale. Si le jeu possède bien une carte de la région, il faut savoir que chaque lieu, dû aux perturbations du coin, n'est jamais le même. De fait, Pacific Drive est au road-trip ce que Starfield est aux voyages spatiaux : des cartes séparées par des chargements. A part quelques endroits uniques, majoritairement pour franchir les 2 autres murs concentriques de la zone retenant des biomes toujours plus dangereux, chaque excursion vous fera rouler dans des cartes générées aléatoirement. Le garage possède une carte murale nous indiquant seulement les différentes statistiques de chaque zone et ses modificateurs (brouillard persistant, tempêtes fréquentes) et il nous restera a aller constater de visu ce qu'il s'y trouve.



On franchit donc un portail non loin de la sortie du garage et on est téléporté dans la zone façon retour vers le futur. Malgré le côté aléatoire, il faut rendre hommage à la génération des cartes qui globalement, à part de rares copiés-collés partiels, propose une énorme variété de terrains vallonnés crédibles, parcourus de routes sinueuses, mais aussi de voies ferrées, de tunnel et de ponts au milieu des pinèdes locales. 
La souris permettant de regarder autours de nous tandis que les touches ZQSD servent à conduire, on peut, au mépris de voir où on va, regarder la carte locale sur l'écran rotatif du siège passager. Cette carte-ci sera vraiment notre référence, car elle indique notre position, les routes, mais aussi les courbes de niveaux, les bâtiments et leur type ainsi que les tempêtes éventuelles.

Orage ! oh désespoir !

Le jeu bénéficie d'un cycle jour-nuit ainsi que d'une gestion dynamique du climat qui vont grandement participer à l'atmosphère unique du titre. On se retrouvera donc à passer d'un grand beau temps à de la pluie, de l'orage, voire à des tempêtes secouant les arbres et pouvant retourner la voiture. D'autre zones seront de nuit, et/ou plongées dans un brouillard épais, filtrant les rayons de la lune et ceux de vos phares restés allumés. La mise en scène est vraiment efficace et ça se voit même sur les captures d'écran.



Il ne nous reste plus qu'à avancer, s'arrêter à chaque habitation ou carcasse de véhicule et fouiller à la main, à la barre de fer ou au grattoir (scrapper) à la recherche du moindre composant utile. Si les maisons sont assez variées, on n'échappera pas à une grande répétitivité de ces pièces fermées et de leurs caisses/sacs/appareils électriques, notamment pour les préfabriqués. Les ressources seront cependant toutes bienvenues, et il faudra apprendre où les récupérer. Si dans le premier biome, c'est assez évident, ça le sera beaucoup moins dans les 2 suivants. Sans compter les enregistrements audio et facsimilés, à découvrir et collectionner, qui viendront apporter un éclairage sur les évènements qui se sont passés. 



Attention cependant, vous découvrirez rapidement que tous les portails de sortie des cartes sont fermés à votre première visite et que la seule façon de sortir d'une zone la première fois, est d'abord de décrocher des orbes d'ancrages de leur support, afin d'alimenter un générateur portatif de portail (et dont le surplus d'énergie permettra de débloquer des recherches). Seulement déloger des ancres va précipiter l'arrivée de phénomènes surnaturels qui vont venir recouvrir la carte. Mais si ce n'était que ça, pour rentrer vous devrez ouvrir un portail et il faudra être assez loin d'une des positions possibles pour que celui-ci s'active. Sauf qu'il le fera sous la forme d'une véritable colonne de feu, épicentre d'un enfer destructeur qui encerclera et réduira tout en miettes en quelques secondes...

X-Files meet Ghostbusters

Bref, le coin n'est pas super accueillant et outre les déstabilisations qu'on y provoque, il est aussi la proie à des phénomènes étranges : objets volants non identifiés, bottes de foin métalliques lumineuses, mannequins de crash-test qui trainent, colonnes de pierre ou geysers qui sortent du sol... tout un bestiaire étrange et toujours suspicieux qu'on pourra scanner pour que dorénavant il soit listé sur la carte de notre garage pour qu'on puisse se préparer au prochain voyage qui nous mettra en leur présence. Ces phénomènes sont d'ailleurs le bon moment pour parler des physiques du jeu qui sont impeccables. Que ce soient les composants qui tombent au sol et s'empilent chaotiquement ou les rafales de vent qui viennent pousser notre véhicule, quand ce ne sont pas d'autres forces plus magnétiques ou anti-gravité qui sont à l'œuvre. 



La voiture est aussi un personnage à part entière du jeu. En effet, elle est notre seul moyen de parcourir la zone rapidement, de stocker du matériel et de sortir de chaque lieu indemne, en nous protégeant de tous les dangers, que ce soit les chutes, l'électricité, les radiations, la corrosion ou les explosions. Véritable mech roulant, on va donc en prendre soin, pour qu'elle prenne soin de nous en retour et de nos précieuses ressources, qui permettront, moyennant recherche, de fabriquer ici des protections personnelles, là des aménagements pour le garages, quand ce ne seront pas des portières résistantes aux radiations. 



Car la voiture est faite de nombreuses pièces et chacune peut être endommagée en fonction des dégâts subis. Si vous avez les composants nécessaires, vous pourrez réparer en route, sinon, il faudra attendre d'être revenu au garage. Elle peut également récupérer des pannes aléatoires qui peuvent être aussi marrantes que lourdingues. Ces pannes sont du genre: si le klaxonne est activé, la batterie perd de la puissance, si la voiture roule suffisamment vite, toutes les portes se ferment ou plus ennuyeux : si les essuie-glaces sont activés, la direction s'inverse. Pour celles-ci, il faudra utiliser un ordinateur dédié du garage avec son interface DOS et deviner via un Mastermind donnant les bonnes et les mauvaises réponses la cause et la conséquence exacte à l'œuvre pour pouvoir vous en débarrasser. On appréciera de pouvoir par la suite dépenser un peu de l'énergie des points d'ancrage pour les résoudre plus vite car ces pannes peuvent être de vrais calvaires.

Le chemin des enfers est pavé de bonnes intentions

Le jeu est vraiment touffu au final. les "ennemis" et pièges sont nombreux, et tout juste peut-on reprocher que leur descriptif soit une pseudo conversation d'observateurs des années 50. On pestera aussi un peu sur le fait que quelle que soit la route, on aura un petit obstacle continuellement tous les 100m. Ce peut-être quelques cailloux qui abimeront les pneus, ou des carcasses de voitures, ou des conduites en béton oubliées d'un chantier balisées, mais il y aura toujours quelque chose pour vous forcer à faire un écart, voir à vous faire faire du hors piste. D'ailleurs on trouve aussi de bonnes surprises car certains obstacles seront sources de récompenses très intéressantes si vous avez la chance de les croiser (ou de les voir tomber pas trop loin). Idem pour les ennemis qui parfois vous seront utiles si vous y faites bien attention. 



Un mot sur l'audio qui participe probablement autant de l'immersion que les visuels. Le vent rugit, les gouttes d'eau crépitent sur la tôle du toit de la voiture, les ennemis se font entendre à travers les vitres, les ancres font tinter leur puissance condensée. Il m'aura fallut du temps avant de me rendre compte que ce qui met le plus de pression, ce sont plus les sons que les dangers eux-mêmes. De fait la tension monte quand le tempo s'accélère dans le rush final pour échapper au cercle de mort qui vous rattrape alors que vous foncez dans une colonne de feu aveuglante...jusqu'à ce que le silence revienne quand vous réapparaissez derrière votre garage, craché par le portail dimensionnel. Alors vous reprenez votre souffle.

Noir c'est noir

Si le jeu insiste sur les conditions météo, nous servant de la nuit, de la pluie et de la tempête à toute les sauces, sachez que le menu des options de jeu est par contre l'un des plus complet qu'il m'ait été donné de voir. Vous pourrez ainsi par exemple choisir que les nuits soient plus courtes, ou plus claires pour les streamers, en plus d'une multitude d'options rendant le jeu plus facile ou plus dur suivant vos goûts. D'ailleurs jusqu'au dernier patch, il était impossible de sauvegarder au milieu d'une excursion, ce qui était un peu trop "old school" car on perdait alors tout l'équipement glané en plus de devoir tout recommencer. Le dernier patch résout en partie cela en permettant de quitter et de reprendre au début de la carte en cours. C'est déjà mieux.



Coté craft, les inventaires en grille cloisonnée représentant la forme de l'espace de rangement sont une bonne idée, tout comme le fait que tous les inventaires sont automatiquement utilisés comme source de fabrication, et que pour les fabrications complexes, nécessitant des sous-composants, le jeu propose de faire ceux-ci directement. Par contre on pestera un peu sur le fait que le jeu ne transfère pas certains objets qu'il considère "essentiels" quand on utilise le transfert groupé, et que les recherches, elles, ne prennent pas en compte les sous-composants qu'on devra donc fabriquer en premier pour pouvoir débloquer certaines recherches.
Les possibilités de craft sont cependant très complètes et ingénieuses, avec des dispositifs permettant de recharger la batterie grâce au vent ou de détecter des ressources à distances.

Des ratés dans le moteur

Les développeurs se sont visiblement fait plaisir avec les interfaces très années 90 des différents appareils du jeu. Celui des cosmétiques de la voiture en 4 couleurs, celui des pannes façon DOS, celui des recherches façon UNIX. C'est marrant au premier regard, mais c'est quand même super pénible à la longue, d'autant que les contrôles dans ces menus sont assez mal fichus. En parlant des cosmétiques, c'est peut-être juste moi mais je les trouve particulièrement de mauvais goût, que ce soit les volants, antennes, autocollants, pommeaux de vitesse, ou trucs accrochés au rétro central, c'est bof-bof. Au moins peut-on choisir de les mettre ou pas.



Au final, le réel point qui aura été désagréable pour moi c'est l'histoire du jeu. Au point de ne pas avoir été sûr que le jeu soit fini même après le défilement des crédits de fin. La cause sans doute à un narratif exclusivement audio et uniquement en anglais (sous-titré), délivré toujours sur le terrain, donc alors que vous avez mille choses à faire en un temps limité et sous des menaces multiples. Alors certes, on peut les relire ou les réécouter dans notre journal, mais j'ai personnellement trouvé que le jeu n'apportait pas de dénouement clair ou plutôt fournissait des dénouements aux 3 protagonistes mais pas vraiment au joueur, ce qui est quand même dommage. Il me reste cependant de nombreux mystères non découverts, même après avoir passé le clap de fin, donc peut-être qu'une révélation ou une fin secondaire s'y cachent.
Pacific Drive est une belle expérience de jeu de road-trip d'horreur-fantastique. Son parti pris de forcer le joueur à tout manipuler comme dans le réel et sa génération procédurale de parc forestier de plus en plus corrompu en font une aventure immersive hors du commun. Le côté survival est poussé par une ambiance sonore incroyable et même si les dangers sont virtuels, ils vous feront certainement quand même grimper le rythme cardiaque à plusieurs reprises. Si le jeu se fatigue un peu sur la longueur, il restera certainement une expérience à conseiller pour son côté atypique dans bien des domaines.

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