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Demetrios : The BIG Cynical Adventure

Nicaulas par Nicaulas,  email  @nicaulasfactor
Développeur / Editeur : Cowcat
En des temps anciens (au mois de mars), avant la grande épreuve (l’E3), nous avions rencontré des tribus autonomes (des indés) à leur rassemblement du corbeau (l’Indie Games Play 6). Parmi eux, un héros solitaire (Fabrice Breton) qui, sous son nom de guerre (Cowcat Game), menait une aventure épique (le développement d’un jeu en solo en partie financé par crowdfunding) pour retrouver les sensations de son adolescence (un fan-game des Chevaliers de Baphomet développé à 15 ans).  La quête ayant abouti il y a un mois et demi, il est plus que temps de se pencher sur le résultat.
En préliminaire, il est indispensable de préciser que le jeu est réellement un projet solo, seuls quelques éléments étant des pièces rapportés (notamment par des backers motivés ayant prêté main forte). Cela constitue sa plus grande faiblesse : il est limité dans sa forme et son contenu, et même s’il s’en tire avec les honneurs il est un peu en dessous des standards actuels des jeux d’aventure. Mais c’est aussi son plus gros avantage : il se permet tout ce qu’il peut se permettre, ni plus ni moins, traduisant à la fois une adéquation entre ses moyens et ses ambitions et une vision personnelle du divertissement. Ainsi, l’élément central du jeu reste son humour, omniprésent bien que pas toujours très fin.

Ma voisine Rototo

Bjorn Thonen est un antiquaire parisien, archétype du trentenaire loser. Il vit seul dans un appartement bordélique et crado, se bourre la gueule autant que possible, est fauché comme les blés parce que sa boutique est en piteux état et ne vends que des babioles made in Taïwan, a une hygiène corporelle douteuse… Tout pour plaire, quoi. Une nuit, malgré un coup de fil mystérieux le prévenant du danger et qu’il ne prend pas au sérieux, on s’introduit chez lui pour lui voler un peu d’argent et une tablette en pierre, posée sur une statue d’oiseau. Au réveil, il décide d’enquêter pour retrouver son fric, et reçoit l’aide de sa voisine de palier, Sandra, et de la petite peste de fille de cette dernière, Caroline. Bien évidemment, ils sont rapidement contraints de devoir retrouver également la tablette et de comprendre qui l’a volé et pourquoi, bien qu’ils n’en aient pas grand-chose à foutre.



Découpée en chapitres séparés par des cutscenes sous formes de BD dynamiques, l’histoire nous promène d’abord dans Paris avant de nous faire embarquer pour le pays fictif du Nogo, ville-état absurde qu’on dirait sortie d’un Spirou et Fantasio de la grande époque, et propose également un rapide détour par un cimetière allemand. Sans trop dévoiler l’intrigue qui reste de toute façon prévisible, il va s’agir de retrouver d’autres tablettes similaires à la nôtre, afin de comprendre à quoi elles servent. Il s’agit surtout d’un prétexte pour multiplier les écrans de jeu fixes, dans lesquels se trouve une multitude d’éléments interactifs. Certains sont évidemment des objets à ramasser pour progresser dans le jeu, mais la grande majorité d’entre eux sont là uniquement pour déclencher des lignes de dialogues absurdes, à base de « ça se mange ? », de blagues scato et de sous-entendus graveleux. Il y a aussi et surtout une course aux game over les plus débiles possibles : la mort n’étant pas punitive, on est encouragé à essayer toutes les manières possibles et imaginables de crever.

Cookie Puker

Dans le détail, le jeu fonctionne de manière tout à fait classique : un dialogue initial nous présente la situation, puis on est libre de naviguer entre les différents lieux du chapitre, eux-mêmes composés de plusieurs tableaux. Dans chaque tableau, on interagit avec tous les éléments, les objets récupérables venant garnir notre inventaire, une barre rétractable en bas de l’écran. En discutant avec les différents PNJ, on comprend petit à petit ce qu’on doit faire pour avancer. Les « quêtes » principales bénéficient d’un journal d’avancement disponible dans la barre de menu rétractable en haut de l’écran. A intervalle régulier, des mini-jeux sont proposés. Certains sont purement facultatifs et sont là uniquement pour la déconne, d’autres sont indispensables pour récupérer un item spécifique. Point positif, le jeu permet de récupérer des objets avant de savoir qu’ils vont être utiles, une souplesse qui permet de s’amuser dans les tableaux sans être bloqués par un script tatillon. Dans le même style, certains items sont des fausses pistes.



Globalement, le jeu n’est pas très difficile, mais pour ceux qui auraient du mal avec la maniabilité et la logique des point’n clicks à l’ancienne, deux aides sont disponibles à la demande (et peuvent être désactivées). On peut déjà afficher en surbrillance tous les éléments interactifs d’un tableau, afin d’éviter de faire l’essuie-glace sur l’écran en guettant les changements de curseur. Mais pour ceux que ça ne dérangerait pas ou qui sont vraiment bloqués dans la progression, trois minuscules cookies sont cachés dans chaque tableau (donc un total de plusieurs dizaines pour tout le jeu). Une fois collecté, un cookie peut s’échanger contre un indice plus ou moins vague vous orientant dans votre recherche. On peut manger plusieurs cookies si on veut, mais de toute façon au bout de trois indices révélés vous êtes obligés de progresser dans le jeu pour pouvoir bénéficier d’indices nouveaux.



Au final, malgré un ou deux moments un peu lourdauds et des mini-jeux pas très inspirés,  l’aventure s’avère plutôt agréable. On finit par oublier les limites du jeu, le temps de résoudre quelques énigmes. Seul regret : très généreux dans les premiers chapitres, notamment au niveau du background et du contenu annexe (il y a un niveau de fête foraine qui contient beaucoup plus que ce qui est utile à la progression), le jeu s’essouffle progressivement. Dans sa dernière ligne droite, Demetrios va à l’essentiel et se concentre sur une succession de puzzles qui ne constituent malheureusement pas un challenge relevé, utilisant des énigmes déjà vues ailleurs. Bouclée en 8 heures, l’aventure n’est pas vraiment un modèle du genre mais restera une parenthèse agréable.
S’il est logiquement limité dans sa forme et son contenu, Demetrios est un jeu d’aventure indépendant généreux et aux ambitions adaptées à ses moyens. Difficile de le conseiller à tout le monde, mais on s’est surpris à l’aimer plus que de raison. Disponible pour moins de 10€ un peu partout.

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