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Rumu, vu par un expert en émotions artificielles

D.Cage par D.Cage,  email
Développeur / Editeur : Robot House
Supports : PC / Mac
Rumu est un robot d'intérieur qui fait le ménage et qui est programmé pour aimer ses maîtres envers et contre tout... Ce pitch vous rappelle quelque chose ? Si ça vous renvoie à votre condition d'esclave domestique, lâchez votre balais pour aller (re)lire Les Femmes de Stepford, c'était plutôt censé vous évoquer un jeu vidéo français sorti récemment. Du coup, vous vous en doutez, pour parler de Rumu on vous sort notre spécialiste en émotions artificielles.
Salut infects plantigrades bicolores ! Vous avez de la chance, j'ai décidé de passer deux minutes à vous sortir la tête des bambous histoire de vous instruire un peu. Faut dire que maintenant que mon chef d’œuvre est sorti (d'ailleurs vous êtes bien les derniers à ne pas en avoir encore parlé, vous êtes trop occupés à tripatouiller ma page Wikipedia pour prendre le temps de le tester ?), que j'ai fini d'en faire la promo, je me prends quelques vacances. Du coup, entre deux téléfilms M6, j'ai décidé de consacrer quelques heures de mon précieux temps à découvrir des jeux qui ne sont même pas des productions Quantic Dream. Vous trouvez que ça ne me ressemble pas ? Justement, je suis les conseils d'un coach pour améliorer mon image depuis que la presse m'a encore injustement cherché des noises. Il me dit que pour optimiser mon capital sympathie, je dois arrêter de paraître comme un pionnier solitaire et inscrire ma démarche dans un mouvement plus collectif. Ça me coûte un peu, mais j'ai déjà pu caser quelques références dans une longue émission qui m'était consacrée sur France Culture, oui parce que vous avez remarqué, on parle quand même de mon œuvre sur France Culture... Bref, assez parlé de moi (vous auriez cru m'entendre dire ça un jour ?), intéressons-nous à ce petit robot ménager qu'est Rumu.

Rumu ménage ses effets

Rumu est donc un robot aspirateur un peu particulier puisqu'il déborde littéralement d'amour : il aime nettoyer, il aime ses maîtres humains avant même de les avoir rencontrés, il aime l'IA domotique un peu autoritaire qui lui donne ses tâches quotidiennes à accomplir, il aime même le chat de la maison qui ne se prive pourtant pas de mettre un peu le bazar. En gros Rumu récure le sol et Rumu aime, du coup moi aussi j'aime Rumu : en nous ramenant ainsi à la plus primaire des émotions et à la banalité des tâches domestiques, il nous permet de renouer le contact avec notre intériorité la plus profonde, celle qui sent un peu le détergent et qui peut s'oublier totalement dans le contact doux et humide d'une simple éponge.



A l'écran c'est plutôt mignon. Certes c'est dépouillé, mais la palette de couleurs franches et l'aspect relativement épuré des environnements octroient au jeu un petit côté reposant pas désagréable. Seule ombre au tableau, Rumu a vraiment l'apparence d'un appareil ménager. Pas de motion capture, pas de dramaturgie appuyée, pas d'expressions faciales plus vraies que nature ni même de scène de douche. Et diable, c'est un aspirateur, ça ne leur aurait pas coûté grand chose d'ajouter une scène d'amour avec un homme tendre et viril à la fois. S'il faut leur faire un dessin, je peux leur conseiller de très bons professionnels capables d'ajouter de forts jolis membres en deux coups de pinceaux. Vous l'aurez compris, ça manque de corps, heureusement il reste le cœur.

Panne d'aspiration

Et le petit cœur de notre robot va être mis à rude épreuve. Je balaie (vous avez saisi la métaphore filée du ménage ? punaise qu'est ce que j'aime mes mots d'esprit) les surprises que vous réserve le scénario, mais dès le début on sent bien que quelque chose cloche dans cette maison. C'est donc une sorte de petite enquête qu'il va falloir mener histoire de comprendre les tenants et les aboutissants de la situation dans laquelle vous êtes largué. Les énigmes ne sont toutefois pas vraiment au cœur de l'expérience, le but est plutôt de nous embarquer pour une histoire bien rodée qui sait parfaitement où elle veut nous mener.



D'ailleurs, si je veux bien passer l'éponge sur le manque de sex-appeal de notre avatar robotique, je serai un peu moins indulgent avec la construction narrative : pas un seul embranchement scénaristique à l'horizon ! Comment s'impliquer émotionnellement si j'arrive à la même fin que je réussisse ou non à aspirer toutes les fourmis ? Certes, l'aventure a le bon goût de ne pas m'avoir fait gaspiller trop de mon précieux temps puisqu'il faut un peu moins de quatre heures pour en voir le bout, mais j'aurai quand même apprécié être un peu plus maître de mes choix. Ceci étant dit, je comprends que l'art délicat qui consiste à tisser une trame scénaristique complexe et riche en options différentes ne soit pas à la porté du premier studio venu, moi-même je n'y parviens qu'au prix d'un immense effort.



Et puis Rumu va dans le bon sens en terme d'ambiance. Par exemple, on ne peut que saluer le fait de multiplier les références aux films de SF les plus classiques, c'est comme ça que le jeu vidéo va grandir ! Il n'a pas peur non plus de tirer sur les cordes sensibles comme le couple, la parentalité ou les tartines qui tombent du mauvais côté pour nous chambouler totalement. Vous avez raison chez Robot House, envoyez chier tous ces bien-pensant qui préfèrent que les jeux vidéo fassent pan-pan boum-boum plutôt que de nous mettre face à des dilemmes moraux du quotidien. Récupérer votre serpillière et hissez-la bien haut à mes côtés, suivez mes pas et proposons ensemble des œuvres ludiques fortes en émotions de synthèse ! Venez à moi, vous êtes mes moutons électriques et je serai votre berger pour l'éternité.
Rumu n'a pas la classe d'une production Quantic Dream, ça manque de douche et de tension dramatique, mais ça reste une histoire pas désagréable à suivre sur le thème passionnant de l'amour du ménage.
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