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Monster Boy et le Royaume Maudit : Jin est jeune, en colère

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : Game Atelier FDG Entertainment
Supports : PC / Xbox One / PS4 / Switch
Quitte à m'offrir gratuitement en pâture aux lions dans les commentaires, je vais vous avouer quelque chose : petit je n'avais que peu d'égards pour les consoles de Sega. Mes potes me vantaient les mérites de Sonic the Hedgehog, Alex Kidd in Miracle World, Golden Axe sur Master System alors qu'en face on avait nous Super Mario Bros. 3, Teenage Mutant Ninja Turtles, Castlevania. Ah, l'imprenable NES ! Et puis cette manette tellement cheap qu'elle n'avait pas de bouton start qui faisait mal aux pouces après 10 minutes de jeu, non vraiment ce n'était pas très sérieux tout cela. Et je ne vous parle même pas de la MegaDrive...
Seule une série m'intéressait plus qu'autre chose : les Wonder Boy. Découvert en arcade à grand renfort de pièces de 2 francs, la série m'a toujours intrigué car elle débordait d'inventivité au fil des épisodes. Et je ne m'y étais pas trompé puisque l'année dernière, soit presque 30 ans plus tard ressortait Wonder Boy III: The Dragon's Trap, l'un des tous meilleurs jeux de la série retapé en HD par Omar Cornut et les joyeux drilles de Lizardcube. Mais ces français n'étaient pas les seuls nostalgiques de la licence. Adeptes des jeux mobiles rigolos et colorés comme Zorbie et eux-aussi adoubé par Ryuichi Nishizawa himself, les parisiens de Game Atelier s'attelaient aussi à préparer un fils spirituel à Wonder Boy. Cinq ans et bien des bouleversements plus tard, Monster Boy et le Royaume Maudit est enfin une réalité et on a pu y passer des nuits entières sur la petite reine de Nintendo car ce monstre-là est pour le moins généreux.

On commence directement par le Powerpoint avec les gros chiffres et les camemberts : ne comptez pas moins de 20h pour en voir la fin, voire même 30h si vous souhaitez le faire à 100%. Monster Boy est plutôt long pour un action-platformer, on est même surpris après un certain niveau interminable, pensant arriver devant le combat final qui ne s'avère être qu'un sous-boss ! Et pourtant il n'offre que peu d'aller-retour, apanage du genre metroidvania dont il ne fait clairement pas partie. En fait, c'est là sa différence majeure avec la légende dont il s'inspire, s'il met les transformations du héros en avant le jeu de Game Atelier ne les impose pas au joueur qui n'a pas besoin de passer sur un autel magique pour se transmuter en bestiole. Ce choix de design d'apparence anodine structure toute une aventure que l'on vit il faut bien le dire en quasi ligne droite.

Nabu, chat, dinosaure

Mais avant d'y revenir plus en détail, prenons quelques instants pour parler scénario. A changement de génération, changement de couleur : le jeune Jin aux cheveux bleus donc, s'était installé pépouze pour une session de pêche à la cool en bord de mer mais c'était sans compter son facétieux oncle Nabu qui déboule de nulle part en vol plané sur un tonneau avant de le transformer en cochon et de repartir aussi sec s'occuper du frérot. En bref, un bon point de départ pour un hommage aux années 80. A partir de là, Jin va battre la campagne et traverser Monster World pour retrouver les 5 orbes de pouvoirs permettant de faire retrouver ses esprits à Nabu. Un prétexte s'il en fallait un pour explorer des niveaux labyrinthiques, tuer des centaines de monstres, affronter des boss et absorber leur pouvoir pour se transformer en animaux fantastiques.

Et ces bêbêtes-là ne servent pas que de clin d'oeil au gros succès de la Master System. Chacune des 5 transformations possède avantages et handicaps. Le cochon est lourd et lent, ne peut porter ni épée ni bouclier mais sait en revanche manier comme personne la magie et différents accessoires qui lui ouvriront certaines portes. Le serpent se faufile dans les trous de souris, peut grimper sur certaines surfaces en mousse et projeter des jets de bave empoisonnée. La grenouille est un véritable chevalier capable de jouer de l'épée mais peut aussi utiliser sa langue pour se balancer sur certaines structures et se projeter. Le lion possède une attaque bélier dévastatrice et ce dans toutes les directions. Enfin, le dragon est à l'aise dans les airs et crache le feu des enfers en continu. Des métamorphoses qui se révèleront indispensables pour affronter les challenges proposés par les développeurs. Et le jeu n'en manque pas !

Justement, cela nous permet de rebondir sur l'architecture du monde de ce Monstre Garçon. Si les niveaux sont interconnectés par des tunnels virtuels astucieusement dissimulés derrière des portes à serrures, ils représentent chacun un challenge qu'on aura plié entièrement avant de visiter une autre partie de la carte. A l'exception d'une quête nous demandant sur la fin d'aller parcourir à nouveau la carte pour rechercher des reliques sacrées à des endroits bien particuliers, on ne fait pour ainsi dire aucun véritable retour en arrière. Les designers n'obligent jamais le joueur à revenir sur ses pas pour mettre à contribution une nouvelle transformation et on n’en ressent pas le besoin. Seuls certains coffres magiques l'exigent mais ces annexes à la trame principale restent totalement secondaires. Malgré cela, Monster Boy offre une progression satisfaisante, un jeu qui s'effeuille tranquillement.

Jin gnii ! Seum en ville

Pour tout dire, la courbe de difficulté est inexistante pendant les deux tiers de l'aventure. C'est seulement lorsqu'on débarque dans le manoir hanté ou tout s'accélère et où on enchaîne les morts en boucle. C'est tout d'abord le seul niveau en-deçà du reste du jeu : j'ai passé plus de 3 heures à déambuler tentant de trouver un sens à ses puzzles pour le moins abscons (bon sang mais que faut-il bien faire avec ce maudit télescope ?!?) jusqu'à utiliser une faille dans le moteur de collisions pour solutionner une énigme... Et c'est aussi à ce moment qu'apparaissent des ennemis féroces en plus grand nombre. Pourtant d'autres niveaux particulièrement réussis surprennent par leur ingéniosité, sans spoiler le temple ou le volcan par exemple. Le design des boss souffle aussi le chaud et le froid, souvent de vulgaires sacs à PV qu'on tue en fonçant dans le tas sans se soucier de sa barre de vie, parfois des minions aux patterns originaux.

Dernier petit grief, les pouvoirs de chaque personnage et certains objets que l'on acquiert qui donnent lieu à quelques mises à l'épreuve à répéter en boucle un peu longuettes. Pour le reste, il faut dire que le studio Game Atelier réalise un action-platformer complet dans tous les sens du terme. Outre les transformations, on pourra débloquer une dizaine de sets d'armure possédant tous une fonctionnalité indispensable dans un ou plusieurs mondes traversés (bottes d'immunité au feu, épée transformant l'eau et les ennemis en blocs de glace, etc.) qui pourra être mise à jour à l'aide de gemmes. Les challenges les plus inventifs seront souvent récompensés par des caches secrètes bien fournis, mention spéciale au coffre-fort à braquer en se servant des vibrations HD Rumble des Joy-cons, c'est du bon boulot qui pour une fois n'augmente pas artificiellement une durée de vie déjà conséquente.

Impossible de ne pas terminer ce test sans vous toucher deux mots à propos du look du jeu, imparable ! C'est l'amour des années 80 qui transpire dès les premières secondes dans une cinématique "anime" de toute beauté que l'on peut même jouer avec une chanson japonaise en fond. Et que dire de tout ce qui bouge dans le jeu, les triple parallaxes qui dévoilent des détails inattendus, les graphismes et animations chatoyants tous réalisés à la main, les effets spéciaux propres sans fioritures inutiles, c'est du grand art. La bande originale du jeu n'est pas en reste et annonce la couleur dès le menu principal avec un thème que j'ai longtemps écouté en boucle avant de me lancer dans le jeu. Des réarrangements de The Dragon's Trap aux créations originales, le sextuor japonais aux commandes enchaine les miracles auditifs toujours dans le respect des rythmes de l'époque. On en redemande.

Entre tradition et modernité comme ils disent, Monster Boy et le Royaume Maudit a su trouver sa place dans nos coeurs. En marge des poncifs du metroidvania, cette baguette bien française propose une alternative à toutes la nouvelle vague de platformers-exploration 2D qui inondent le marché depuis quelques années. Il n'a toutefois pas oublié de rendre hommage à la série qui lui a donné naissance, pour le bonheur de tous les nostalgiques. Le jeu de Game Atelier nous gratifie qui plus est d'une durée de vie exceptionnellement rare et d'une patte graphique unique alors on lui pardonnera les quelques errances sur sa toute fin.

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