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Man of Medan, c'est l'amer qui prend l'homme

billou95 par billou95,  email  @billou_95
Développeur / Editeur : Namco Bandai Games Supermassive Games
Supports : PC / Xbox One / PS4
Je n'ai plus honte de le dire aujourd'hui, pour moi Until Dawn c'était un grand OUI ! Techniquement au point lors de la sortie en 2015, le jeu brillait surtout parce qu'il avait tout compris au genre qu'il singeait, le slasher movie : une ribambelle de jeunes aux moeurs débridées, bloqués dans un chalet en pleine tempête de neige, la réminiscence d'un mystérieux meurtre commis un an auparavant, une poignée de QTEs et Jason Graves à la composition. On avait là tous les ingrédients d'un bon film interactif. Quatre ans plus tard, Supermassive Games rempile cette fois-ci avec une véritable anthologie de l'horreur et sort son premier volume : Man of Medan. Mais la magie opère-t-elle encore chez les anglais ?
Ce n'est pas parce qu'ils ne travaillent plus avec leur éditeur de coeur Sony que les développeurs de Guildford ont perdu toute ambition, bien au contraire. Annoncé comme une série épisodique, The Dark Pictures Anthology promet deux jeux par an aux scénarios radicalement différents, pendant une durée indéterminée. A la manière des Contes de la Crypte, mais sans la marionnette malaisante, chaque épisode sera dirigé par le Conservateur, un énigmatique narrateur joué par l'acteur Pip Torrens confortablement installé dans sa bibliothèque, qui sera garant de vos choix durant l'aventure et viendra régulièrement interrompre (chapitrer ?) l'action dans des petites saynètes pour vous parler de la vie et de la mort des héros. Enfin et surtout, chacune de ces histoires est censée dépeindre un des mythes de l'horreur moderne et c'est l'éternel bateau fantôme qui fait office d'introduction avec Man of Medan. Pour le reste, la formule reste identique à savoir un film interactif dans lequel chacun des héros peut mourir prématurément si on loupe un QTE. Après un rapide prologue qui explique le pourquoi du comment de ce lugubre navire (un cargo réquisitionné par l'armée américaine à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour transporter une cargaison ésotérique), retour au présent et on passe à la présentation des protagonistes.
 
C'est déjà la fin de l'été et avant de repartir dans leurs facs américaines respectives, les amoureux Alex et Julia décident de partir pour une dernière session de plongée au large des îles françaises de l'océan Pacifique. Pour les accompagner dans cette expédition à la découverte d'une épave d'avion datant de la Seconde Guerre mondiale, tous deux emmènent leur frérot respectif : Brad, le binoclard peu habitué aux travaux manuels ainsi que Conrad (et son pack de bières), le comique troupier / Aldo Maccione de service qui a comme un petit air de déjà-vu. En effet, à nouvelle superproduction, nouvelle tête d'affiche. L'actrice phare d'Until Dawn, Hayden Panettiere, laisse ici sa place au blondinet Shawn Ashmore habitué au medium jeu vidéo puisqu'il campait le premier rôle du jeu-série Quantum Break. Et voilà donc toute la petite bande embarquée à bord du Duke of Milan, un rafiot piloté par son trop jeune capitaine croulant sous les dettes, Felicitie "Fliss" Dubois. Bon, je vous passe les détails mais une heure et quelques QTEs plus tard, le frêle esquif se fait attaquer par un groupe de pirates et tout ce beau monde se retrouvera bientôt à bord du fameux navire fantôme face à des événements à priori surnaturels.

Direct-to-SSD

On va pas se mentir bien longtemps, Man of Medan est clairement en deçà de son prédécesseur et ce n'est pas qu'une question de script ou de mise en scène. Déjà, c'est assez irritant de se faire expliquer maladroitement les liens entre les 4 pauvres héros via des fiches descriptives comme si on attaquait une partie de jeu de rôle avec des inconnus et qu'on était trop bête pour comprendre. Until Dawn prenait son temps et plusieurs lignes de dialogue pour nous introduire proprement son cast. Ici, on se contente d'un arrêt sur image et quelques lignes de texte "Brad Smith, frère d'Alex, pas très à l'aise socialement". Et ça ne s'arrête pas là, le jeu proposant un menu qui affiche via des métriques bidon l'affinité avec telle ou telle personne. C'est paresseux au mieux, insultant au pire et ça n'aide pas à plonger dans le trip, pourtant la base d'un film interactif réussi. En fait, le jeu nous prend continuellement par la main, jusqu'aux choix scénaristiques et embranchements qui pourraient mener l'un ou l'autre des membres du groupe vers une fin tragique. Tout est balisé, les créateurs ne font aucun effort pour cacher les éventuels pièges derrière des QTEs d'apparence anecdotique. On se doute bien à l'avance que tel choix sera risqué pour la suite et pourrait conduire à un accident mortel.
 
Le pire c'est que le jeu ne se rend même pas compte de ces énormités et nous propose des "astuces" à déverrouiller sous forme de micro-séquences vidéos de 3 secondes censées nous aider à prendre des décisions cruciales lors d'une confrontation prochaine. Dans les faits, ces extraits sont brouillons, trop courts et foncièrement inutiles. Et si encore cela s'arrêtait là, on serait en face d'un bon gros nanar mal construit et on pourrait à la limite avaler la pilule. Mais le titre fourmille de problèmes techniques handicapants à commencer par l'uncanny valley qui s'invite dès les premières scènes. Des animations façon mannequins de supermarché en plastique posés gauchement sur le set jusqu'aux gros plans sur les animations faciales gênantes, certains modèles comme Julia montrant continuellement leur grande bouche ouverte et leurs dents blanches serrées façon Garry's Mod, il y a vraiment un problème de production-value dans le jeu. Ok, à de rares moments, les expressions sont vraiment réussies (surtout chez Alex joué par Kareem Tristan Alleyne, alias le fils de Ra dans Assassin's Creed Origins) mais la plupart du temps, c'est à peine mieux que celles de The Sims 4. Pour ne rien arranger, le scénario est moins captivant que celui d'un film d'horreur d'une chaîne de la TNT à deux chiffres.

Enfer et Medamnation

On sent venir le twist à 10 kilomètres et le final qui déboule après 4 petites heures de jeu seulement est juste ahurissant de fainéantise. La trame du jeu mise tout sur les jump scares réguliers, et ne prend jamais de hauteur pour qu'on puisse apprécier l'autre antagoniste environnemental du téléfilm, l'effrayant cargo lui-même. Seuls succès au milieu de ce fatras, les séquences avec le charismatique Conservateur (indéniablement le plus beau travail d'acteur de tout le casting) qui permettent de faire des pauses bienvenues dans l'aventure. En ce qui concerne la réalisation, à part quelques angles de caméra audacieux, on a le plus souvent affaire à de la poursuite et des plongées / contre-plongées datées que même Capcom a mis au rebus lorsqu'ils se sont décidés à retaper Resident Evil 2, c'est dire... Et si on s'attarde juste sur la partie technique, c'est la douche froide. La photo et le comportement des visages d'Until Dawn paraissant bien plus réalistes que les avatars aux effets plastique glossy exagérés de ce Dark Pictures S01E01. On peut tout de même contraster ces reproches en notant le bon boulot sur la lumière qui illumine les différentes scènes, surtout lors des couchers de soleil.
 
On passera rapidement sur le mode multijoueur du jeu hérité de la production Playlink du studio : Hidden Agenda et qui permet à deux joueurs en ligne ou jusqu'à 5 en mode canapé de confronter leurs choix lors des dialogues et de vivre certaines tranches d'aventure dans leur coin. Impossible par contre de passer à la conclusion sans vous parler de la bande originale du jeu, élément essentiel de tout bon film d'horreur qui se respecte. Après une première collaboration convaincante, le studio à signé à nouveau avec Jason Graves, l'arrangeur de talent hélas coutumier des AAA cassés (Murdered: Soul Suspect, Evolve, The Order: 1886 pour ne citer qu'eux). Il réalise ici des compositions très dans le ton qui auraient largement leur place sur grand écran et sauvent comme elles peuvent le jeu de la noyade.

Le premier épisode de The Dark Pictures Anthology fait passer Until Dawn pour un heureux accident et ça nous fait peur pour sa suite déjà programmée pour le début de l'année prochaine. Au-delà d'un scénario qui peine à convaincre, le manque de polish évident du titre que ce soit dans les animations ou les expressions faciales devrait faire tiquer Supermassive qui doit impérativement revoir sa copie pour le prochain épisode, sous peine de voir sa série purement et simplement annulée par son commanditaire Bandai Namco.

SCREENSHOTS

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