Connexion
Pour récupérer votre compte, veuillez saisir votre adresse email. Vous allez recevoir un email contenant une adresse pour récupérer votre compte.
Inscription
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation du site et de nous vendre votre âme pour un euro symbolique. Amusez vous, mais pliez vous à la charte.

Un Rédacteur Factornews vous demande :

TEST

The Wolf Among Us - Episode 2

kimo par kimo,  email
 
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Telltale est bien occupé ces temps-ci. Mais ce n'est pas le lancement de la saison 2 de The Walking Dead qui aura comblé l'impatience des joueurs de The Wolf Among us. Après une attente bien trop longue, l’arrivée de ce deuxième épisode est l'occasion de voir si la série transforme l'essai après des débuts sur les chapeaux de roue. Alors alors?
Si on pensait que The Wolf Among us avait fort à faire pour se montrer à la hauteur de The Walking Dead, après ce second épisode, on aurait tendance à penser qu’au contraire, c'est ce dernier qui va avoir du mal à surpasser The Wolf Among Us. Telltalea en effet monté le niveau d’un cran : l’audace graphique s’accompagne désormais d’une mise en scène un peu plus ambitieuse (cf le premier plan de l’épisode), d’un rythme plus lent mais impeccable et d’un scénario certes court mais chargé d’une vraie densité. On l’avait dit à propos du premier chapitre, la qualité d’écriture permet au jeu d’aborder de front la violence et la sexualité sans se couvrir de ridicule ni en faire des effets de manche. Exit les effets gores cheaposet mal animés des zombies anthropophages. Smoke and Mirrors contient son lot de surprises macabres et glauques, qu’il ne traite pas à la légère, sans pour autant abandonner toute trace d’humour. Mais indépendamment de la qualité de l’histoire, ce second épisode permet de comprendre un peu plus en profondeur les mécanismes qui font de The Wolf Among us] bien plus qu'un simple bis repetita.
 


Si The Walking Dead se construisait sur une philosophie survivaliste et pragmatique de l’agir – chaque action constituant le portrait éthique du joueur - The Wolf Among Us substitue la parole à l’acte. Il coupe ainsi définitivement ses attaches avec le monde du point and click et s’il n’y a quasiment plus d’action ni d’énigmes, c’est très bien ainsi. Ça n’a jamais été la spécialité de Telltaleet même si la rigidité des mécanismes de gameplayréapparait dans certaines scènes (la fin de la discussion avec George ou celle de la lecture du conte), le rythme du jeu est de moins en moins soumis à ces impératifs d’interactivité, souvent médiocrement mis en place. Pas trop de QTE superflus ni de puzzles bouche-trous et quasiment aucun espace à explorer (on ne se déplace presque pas de l'épisode) : Smoke and Mirrors est une suite de conversations, le dialogue étant clairement le vrai lieu d'interaction de ce second chapitre.

Rien d’étonnant donc à ce qu’il soit constitué quasi-exclusivement d’interrogatoires. Il ne faut toutefois pas croire que la joute verbale ne soit que question de face à face. Comme pour The Walking Dead, les décisions du joueur sont sans cesse scrutées par des témoins. Sauf qu’ici la naïve et crédule Clementine est remplacée par une galerie de personnages plus complexes et qui ont tous leur propre opinion, leur vécu et leur caractère. Bref, des adultes qui en ont vu et qui ne se font plus trop d’illusions. Loin de les instrumentaliser pour en faire des balises morales pour le joueur sous forme d’un dilemme clair, l’écriture s’en sert au contraire pour opacifier les situations (à l’image de l’excellent dialogue avec Colin dans le premier épisode). S’ils n’interviennent pas forcément directement dans l’action, leur seule présence transforme chaque séquence en un subtil tricot d'enjeux personnels et moraux. Le joueur a d'ailleurs souvent l’option de laisser couler et de regarder ailleurs laissant le champs libre à ses interlocuteurs. Agir avec diplomatie et faire des concessions, voilà ce qui construit la base de cet épisode de The Wolf Among us.
 


C’est que, dans l’univers désenchanté du jeu, l’intervention directe et ponctuelle ne satisfera que la bonne conscience (ou la cruauté) du joueur. Bien sûr, il est toujours possible d’agir comme une brute ou un chevalier blanc, mais ça serait nier la complexité des rapports mis en scène par le jeu et se comporter comme un abruti ou, pire, passer pour un gros naïf (ce que les personnages n’hésiterons pas à vous faire remarquer). Les enjeux moraux ne sont plus symbolisés par la nécessité impérative d’un choix hystérisé par l’urgence de la situation - sauver un enfant ou un homme, tuer ou épargner un ennemi – mais uniquement par l’attitude que le joueur est prêt à adopter pour obtenir ce qu’il veut de son interlocuteur. Dans les jeux Telltale, tous les comportements mènent à la même fin et seuls les moyens comptent. Mais si les actes extrêmes se justifient dans une situation de survie où toutes les règles sont à reconstruire, le rythme de The Wolf Among Us invite au contraire à la réflexion et au dialogue. Non pas parce qu'il permet de trouver une issue idéale d’où tout le monde sortirait indemne mais, au contraire, parce que c’est la voie la plus pratique pour obtenir ce que l’on veut.

Rien n’est tout noir et tout blanc, et on ne peut pas compter sur une intervention extérieure pour nous forcer à tracer une ligne et nous aider à justifier nos actes. Dans The Walking Dead, malgré une situation désespérée qui poussait à faire des atrocités, on pouvait encore s’accrocher à un idéal lointain. Nos actions permettaient de poser les bases d’un monde à venir (via l’apprentissage de Clementine) : au mieux l’après cataclysme, au pire une société autonome parmi les zombies. Le pragmatisme dont le joueur doit faire preuve dans The Wolf Among Usest bien plus ambigu. Lucide et tragique, il n’autorise aucun héroïsme moral et n'épargne personne, mais oblige à composer avec un état du monde dont chacun se sait responsable. Bonjour l'ambiance.
Un très bon épisode.

SCREENSHOTS

Rechercher sur Factornews