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Un Rédacteur Factornews vous demande :

TEST

Gun

snoopers par snoopers,  email
Il y a un truc qui m’a toujours énervé chez certaines personnes. Vous savez, ces gens qui refusent d’aller voir des films asiatiques sous prétexte « qu'ils se ressemblent tous, et pis de toute façon j'aime pas le kung-fu », ou qui se braquent dès qu’on tente de leur faire écouter autre chose que la musique qu'ils se farcissent déjà à longueur de journée. Ce genre de comportement, ça s’appelle «manquer de curiosité intellectuelle». J’invente rien, vous pouvez vérifier. Bon, et bien le jour où j’ai reçu Gun, j'ai tout de suite su que c’était un jeu destiné à cette catégorie de personnes. Un peu comme si c’était un film avec Will Smith, vous voyez l’idée. J’étais décidé à le haïr, juste pour le sport. Et puis, quand la vie trouve que vous devenez un peu trop con, elle se décide parfois à vous surprendre, et vous envoie un signe. Ce signe, c'était justement Gun. Une chance que ça ne soit pas tombé sur un film de Will Smith.
Quand on reçoit plein de jeux gratuitement, on devient vite une attraction auprès de ses amis. Comme pour un bar, j’ai donc certains « habitués » qui viennent régulièrement chez moi tester les dernières nouveautés en date. Oui, il y a aussi de la bière, comme pour un bar, mais ça, on s’en fiche un peu. Parmi mes invités réguliers, pour qui rien n’existe au-delà des jeux d’action et de bagnole, il y en a un dont j’aimerais vous parler. Celui-là s’est juré de finir la quasi-totalité de mes titres les plus insipides. C’est effrayant, je vous jure. Batman Begins, Superman, Path of Neo, Les Quatre Fantastiques et consorts, une catastrophe. En tant que spectateur, j’en suis presque arrivé aux prémices d’une réflexion sociologique sur l’attrait que certaines personnes peuvent ressentir pour des jeux tout nazes. Malheureusement, je ne suis jamais resté éveillé assez longtemps pour la développer. Il n’empêche, quand j’ai reçu Gun, je frétillais comme un gardon, impatient d’observer à nouveau ce curieux phénomène. Le jeu étant connu pour être laid, je savais à l’avance que mon courageux ami serait le seul à s’y intéresser. Et j’avais raison.

Le nouveau western


Premier jeu original pour Neversoft après des années passées au service de la licence Tony Hawk, Gun est un jeu de shoot à la troisième personne comme il en existe beaucoup. Ca se passe dans le Far-West, alors vous allez trouver ça sympa. On peut chevaucher de fières montures, dans les bottes d’un cow-boy viril plutôt classieux, et on y tire en bullet-time. Alors, forcément, vous allez trouver ça sympa. D’ailleurs, mon pote a trouvé ça sympa. Et j’ai moi-même été tenté, inutile de nier. Forcément. Sauf que Gun, c’est l’archétype du jeu de faiseurs doués, mais dénués de génie. Une production bien huilée, efficace. Platement efficace. Tristement efficace. Les décors se succèdent, on fait quelques courses chez le marchand du coin, et on dézingue, on dézingue, on dézingue. Il y a bien quelques quêtes annexes, certes, mais c’est vraiment peanuts. Et de toute façon, le fric amassé ne sert qu’à se payer de nouvelles pétoires, et donc à dézinguer de plus belle. Dans le genre, on fait difficilement plus basique… et ça, mon pote adore.

Il adore, et moi je ronge mon frein. Enfin, puisqu’il le faut. Je m’allume une cigarette le temps de lancer le jeu. Ca y est, ça commence. On découvre Colton, le héros couillu de cette palpitante aventure, que son père réveille à coups de santiags dans les jambes. Dieu que c’est laid. La modélisation est vraiment minable, je lui dis. Lui, il s’en fiche pas mal. Comme je ne veux pas passer pour le vieux con de service, je fais quand même remarquer que les cinématiques sont vraiment bien animées. Ca aussi, il s’en fiche. Il est complètement dedans. Au nom de la science, je me tais et j’observe. Le premier niveau du jeu se révèle rapidement être un vaste tutorial. Encore une convention à deux ronds, mais on est plus à ça près. Mon pote se plie donc aux règles de la chasse au cerf et au gibier d’eau, avec plus ou moins de bonheur. Au moins, ça n’a pas l’air trop compliqué à prendre en main. La partie avec les oiseaux n’en reste pas moins cruciale, puisqu’elle introduit le désormais célèbre «bullet-time». Comme dans Max Payne, il suffit de faire suffisamment de victimes pour remplir sa jauge de bullet-time, à ceci près qu’une fois au ralenti, il est possible de passer d’une cible à l’autre en auto-lock. C’est simple, tellement simple que les parties de shoot s’annoncent mortellement ennuyeuses. Joie.

Pose ton Gun


Mon pote avance, et chaque nouvelle feature me fait pousser un soupir d’agacement. C’est nul, je lui dis. C’est moche, c’est bourrin, c’est nul. Il me répond que lui s’amuse bien et que si je ne suis pas content, je n’ai qu’à aller me faire foutre. Je suis tenté, mais je reste encore un peu. Le tutorial semble s’achever, et une nouvelle cinématique se lance. N’empêche, c’est vrai qu’elles ne sont pas si mal, les cinématiques. Bien animées, doublées avec conviction, et la musique est plus que correcte. C’est rigolo, je me dis, on dirait vraiment un film de western. L’idée d’un jeu pourri avec de bonnes cinématiques me semble éthiquement acceptable, j’en reste donc là. Colton, lui, accompagne son père à bord d’un superbe bateau à vapeur, le «Lucky Star». Il s’avèrera par la suite que le navire n’était pas si «Lucky» que ça, et tout ce beau monde se fait rapidement attaquer par une horde de sudistes maquillés comme des chanteurs de heavy-metal. Je trépigne, on arrive au cœur de mon étude, la scène d’action. Je vais enfin avoir une chance de comprendre ce qui excite des millions de gens sur cette planète. Sauf que mon pote veut s’en griller une, et me tend la manette. Et puis quoi encore !?

J’attrape le pad à contrecœur. Conscience professionnelle, je me dis. Rien de plus. Sur le vapeur, la bataille fait rage. Heureusement, les commandes sont plutôt simples. Je ne mets pas beaucoup de temps à choper le coup de main, et décime les premiers ennemis à se pointer dans l’axe de mon viseur. Hey, je l’ai bien éclaté celui là. J’en bute quatre en bullet-time, et découpe au couteau un mec qui s’approchait d’un peu trop près. Le sang gicle au ralenti, je suis content de moi. Quelques minutes passent, puis les vagues de méchants s’intensifient. Là, je suis obligé de faire feu à vitesse normale pour recharger ma jauge de ralenti. Et bien, laissez-moi vous dire que le shotgun fait des merveilles à bout portant. La déflagration en envoie voler deux par-dessus bord. Enfoiré, tu fais moins ton malin dans la flotte ! Ma jauge est enfin pleine, mais j’en déchire encore quelques-uns au pompe, juste pour le plaisir. Le pont est dégagé. Aussitôt, des indiens en canoë s’attaquent aux flancs du bateau. Ca ne s’arrête donc jamais ? Le jeu me dirige gentiment vers un gros mortier. Et là, c’est la spirale infernale. Je ne sais plus qui je suis, où je suis, comment je m’appelle. Je tire, je bute, je défonce, je coule, et c’est trop bon. Mon pote a fini sa clope, il veut récupérer la manette. Va te faire foutre.

Wild Wild West


Et ça continue comme ça pendant des heures. C’est d’une simplicité désarmante, mais j’y peux rien, je marche. Les zones se succèdent. J’ai rendu la manette à mon pote depuis quelque temps, et je l’observe en pleine chevauchée sous le couchant, cerné de montagnes aux formes typiquement Far-West. Je me surprends à trouver ça joli. Ce cheval qui galope tranquillement vers l’horizon, cette musique qui me transporte en plein Sergio Leone. C’est beau, je lui dis. Il acquiesce de la tête, concentré. Là, il remplit une quête annexe. Ca fait plusieurs heures qu’il ne fait que ça, des quêtes annexes. Il va chercher de l’or dans les coins reculés de la map, il joue au coursier pour gagner des sous, ou va simplement arrêter le bandit notoire du coin. Je commence à piquer du nez, ça m’ennuie un peu. Je lui demande pourquoi il ne fait que des quêtes annexes. Pour être à cheval, il me répond. Il n’a pas besoin de m’en dire plus. Moi aussi, j’aime bien quand il fait des trajets à cheval. C’est tellement l’idée qu’on se fait de la vie de cow-boy, tellement western. Et puis, entre deux gunfights, c’est assez reposant. Si j’étais un cow-boy, c’est ce que je ferais pour me relaxer. Du cheval. Des putes et du poker aussi, bien sûr. Mais surtout du cheval.

A force de piquer du nez, j’ai fini par carrément m’endormir. Le lendemain, on s’est fixé un jour dans la semaine pour finir le jeu, et il est parti. Je suis resté perplexe. Gun est amusant. Beau, même, parfois. L’histoire est accrocheuse, et l’univers fonctionne totalement. Quand même, je me dis, le gameplay est simpliste, tellement simpliste. Et puis bon, le jeu est court, les quêtes annexes pas franchement passionnantes, et c’est un peu gonflant de devoir se taper des chargements entre chaque zone de la map. Mais d’un autre côté, les gunfights sont funs. Et l’univers autour suffisamment dense et agréable pour combler les trous. Bon, je me suis trompé, admettons. Mais là où mon orgueil en prend pour son grade, c’est que je n’aurais sans doute jamais touché à Gun si je n’y avais pas été contraint et forcé. Ca avait vraiment l'air trop nul. Alors voilà comment je vois la chose. Gun est effectivement un shoot totalement formaté et convenu. Hélas, il s’avère aussi très agréable à parcourir. C’est donc la mort dans l’âme que je vous le dis, et écoutez attentivement parce que je ne le dirai pas deux fois. Gun, en fait, c’est super sympa. Voilà, ça c'est fait. Will Smith, à nous deux.
Gun est une agréable surprise. La finition est certes grossière, et le jeu aurait pu être un million de fois plus ambitieux, vaste et profond, mais qu’importe. On s’amuse, on voyage, on se prend pour un cow-boy et on en redemande. Bingo.

SCREENSHOTS

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