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The Westerner

Netsabes par Netsabes,  email  @netsabes
Tout le monde le répète depuis des années (et plus particulièrement depuis le départ de Tim Schafer de LucasArts et l'avènement de la 3D), les jeux d'aventure point & click sont morts. Au mieux, ils sont has-been. Avec les succès artistiques de titres comme Grim Fandango et les succès publics de Syberia et autres Runaway, sans parler des nombreux jeux d'aventure amateurs, ce constat semble pourtant avoir été dressé un peu à la va-vite. Alors certes, côté jeux commerciaux, c'est un peu la disette, d'autant que LucasArts a récemment euthanasié ses derniers titres du genre, mais tout de même, il y a encore de quoi jouer. Au moins une fois tous les ans. Quand même. Si. De là à qualifier de chef-d'œuvre tout jeu d'aventure qui sorte en magasins de nos jours, il y a un (grand) pas. Prenons The Westerner, par exemple : apparence sympathique, petit hype dans le milieu des amateurs du genre (principalement à cause de son origine hispanique, à la mode depuis Runaway), humour annoncé comme rigolo... sur le papier que du bon. Mais en vrai, une fois la galette insérée, la chevillette tirée et la bobinette chue, qu'en est-il ?

Inspiration & Pompage


L'histoire de The Westerner est simple, et surtout terriblement originale : on incarne un jeune homme au nom ridicule (Fenimore Fillmore) et doté à la fois d'une maladresse rare et d'une bravoure qu'il convient plus communément d'appeler sens du suicide. Ce brave garçon est amoureux d'une belle jeune femme (Rhiannon) rousse, indépendante, un tantinet rebelle, anti-phallocrate et par ailleurs héritière d'une jolie fortune et vivant dans un manoir. La pauvre est harcelée par un gros barbu (Starek) chapeauté et grossier, qui n'a de cesse de vouloir la marier. Fenimore devra conquérir son cœur et défaire ce gueux de Starek. Pour ce faire, il devra entre autres affronter diverses personnes dans des duels d'insultes et puis libérer un prisonnier qui pourrait l'aider.

Mais attendez un instant... jeune homme maladroit au nom ridicule, belle rousse indépendante et riche héritière, vilain gros, barbu et chapeauté, prisonnier à libérer, duels d'insultes... Tiens, mais c'est le scénario qui sous-tend plusieurs des épisodes de Monkey Island ! Et en effet, le scénario de The Westerner n'aura de cesse de s'inspirer de celui de la série des Monkey Island, quand il ne le repompe pas carrément. Oh, bien sûr, ça peut toujours être agréable. Mais ici, l'on ne fera rien de bien osé : pas de concours de crachats, pas d'utilisation de slips étranges ou de mouchoirs bizarrement colorés, pas d'insultes vraiment grossières, pas de possibilité de se servir d'un canon pour envoyer bouler un lourdaud, pas de mise en boîte (et en terre) d'un vendeur de cercueils, rien ! Il manque à The Westerner ce petit vent de folie qui gonflait les voiles de l'armada Monkey Island et qui a fait son succès et rire petits et grands.

Au lieu de ça, on aura droit à une aventure à l'humour un peu convenu, certes parfois amusant, mais limité par le petit nombre de dialogues. À vrai dire, les scènes cinématiques sont le principal moment où l'on peut s'amuser (ainsi que le principal moment où les personnages discutent). C'est un peu dommage. Mais trêve de boniments, passons au jeu en lui-même.



Un homme & une femme


The Westerner, c'est un western dans l'Ouest, c'est un jeu d'aventure présentant une aventure, mais c'est aussi et surtout une histoire d'amour avec un peu d'amour. Celle de Fenimore et de Rhiannon, donc. C'est un peu du Lelouch, mais sans tous les chabadabada. Plutôt avec des zigzags chaotiques.

Et pourtant, Fenimore, après avoir bégayé d'amour devant sa dulcinée, osera lui avouer tout de go que son cœur brûle pour elle. Mais attention, le garçon est moderne, il le fera par SMS. Car, oui, tout comme dans Syberia et sa suite, le téléphone portable fait dans The Westerner une incursion remarquée dans la kyrielle d'accessoires des jeux d'aventure. Ici, toutefois, c'est pour être tourné en dérision : pour envoyer son SMS, Fenimore Fillmore devra se procurer un télégraphe portable (modèle The Matrix) et grimper sur un poteau télégraphique pour le hacker.




Smith & Wesson


Quand Fenimore arrive à Starek City, il se met en tête, pour des raisons qui échappent à tout le monde, d'aider deux familles de fermiers menacées par Starek, l'oncle de la délicieuse Rhiannon et gestionnaire de son patrimoine jusqu'à sa majorité (25 ans, et la belle n'a qu'une petite vingtaine d'années). Manque de pot, on lui a piqué ses pistolets. Commence alors pour lui un enchevêtrement de quêtes, la plupart réalisables en ordre dispersé. Il lui faudra entre autres retrouver ses pistolets, faire exploser un pont, conquérir sa douce et organiser la défense des fermiers.

Toutes ces quêtes (et la possibilité de les réaliser à peu près dans l'ordre que l'on souhaite) impliquent une grosse contrainte dans le jeu : l'impossibilité de quitter un tout petit environnement, celui de Starek City. Soit deux fermettes, une ville composée seulement de 5 bâtiments de services (banque, boutique, saloon, gare, bureau du shérif) et d'aucune habitation (ce qui est pour le moins original), une fête foraine avec une seule attraction, un pont et finalement le manoir de Starek où loge Rhiannon. Oui, c'est peu, d'autant qu'aucun de ces lieux n'est bien grand.



Black & Decker


Du coup, tous les objets dont on aura besoin se trouvent à proximité. Sorte d'aveu d'échec de la part des développeurs : une bonne partie des outils, vêtements et autres divers bidules peuvent directement être achetés à la boutique de la ville, sans besoin de les chercher. La durée de vie va s'en ressentir très fort, d'autant que si les objets se multiplient (au point de faire ressembler l'inventaire à un catalogue du courageux petit ouvrier : 3 cordes, 2 haches, une scie, 3 harnais, une cantatrice chauve, 2 barres à mine, une pince, etc.), ils sont tous à usage unique et ne peuvent pas être assemblés ensemble. C'est fort dommage.

Dommage collatéral de cette situation : les énigmes sont toutes d'une simplicité effarante. Il est vrai que le titre semble plus pensé pour les plus jeunes (même s'il vous faudra arracher une dent, voler de l'argent un peu partout et même dévaliser une banque).




La carotte & le bâton


Pour compenser cette proximité géographique qui tend à diminuer dramatiquement la durée de vie, les développeurs vous imposent deux pénibles obligations : gérer un porte-monnaie de dollars (qu'il vous faudra voler chez un peu tout le monde, ou extorquer par télégramme à de vieux amis) et nourrir son cheval pratiquement en permanence : il lui faudra une carotte par déplacement entre deux lieux. Certes, on peut lui en donner plusieurs à la fois, jusqu'à un maximum de cinq. Mais pour obtenir ces carottes, il vous faudra soit les payer à un prix honteux, soit les faire pousser, ce qui est astreignant et n'a vraiment aucun intérêt ludique. De son côté, Fenimore peut parcourir des kilomètres à pied, muscler ses bras sur une draisine ou faire des duels au pistolet, il survivra avec pour seule nourriture l'alcool qu'il recrache lors des duels d'insultes.



Look & feel


L'un des aspects de The Westerner présentés comme originaux ou innovants, c'est son utilisation de la 3D. Pourtant, il n'est pas, loin de là, le premier jeu dans ce cas. Des titres comme Gabriel Knight 3 ou Isabelle s'en étaient servis il y a quelques années pour tenter de révolutionner le genre, avec peu de reconnaissance publique à la clef : l'un avec son innovante caméra libre, l'autre en essayant de mettre à profit ses lacunes graphiques pour à la fois servir l'histoire et créer une sorte d'œuvre d'art minimaliste.

Mais The Westerner est bien loin de toutes ces considérations : la 3D n'est utilisée ici que pour créer un look cartoon (largement inspiré de Toy Story) et surtout reproduire à l'identique les scènes des bons vieux jeux en 2D. Tout au plus remarquera-t-on quelques travellings façon western lorsque Fenimore sort d'un bâtiment. Surtout, la 3D apporte de nombreux et désagréables, pour ne pas dire frustrants, problèmes de caméra (quand ce n'est pas le jeu qui rame alors que le nombre de polygones à l'écran est ridicule). Et en retour, rien. Pas un avantage. Ou peut-être si, pour le développeur, qui n'a pas eu à redessiner plusieurs fois et sous tous les angles les scènes du jeu. Ici, le seul avantage que l'on pourrait retirer de la 3D, c'est une vue subjective utilisée pour examiner les objets. Au final totalement inutile puisque Fenimore ne décrit pas les objets : il se contente soit de les prendre soit des utiliser.

Côté interface, par contre, c'est plutôt bien fait. On pourra notamment apprécier d'avoir un inventaire facilement accessible (contrairement à un Syberia, par exemple), même si l'accumulation d'objets le rendra moins pratique au fur et à mesure, à cause d'un trop petit nombre d'accessoires affichés en même temps.




Woody & me


Ce qui sauve en fait The Westerner et le distingue de la plèbe, c'est sa localisation réussie et son excellent doublage. Bien sûr, un œil aguerri ne manquera pas de remarquer ici ou là un ou deux petits bugs dans les légendes d'objets ou de lieux (le plus évident étant l'inversion « intérieur / extérieur » dans l'escalier du saloon), mais dans l'ensemble c'est du très bon boulot, ce qui est assez rare pour être souligné. Côté doublage, on sent clairement que les acteurs s'amusent. C'est ce qui fait encore plus regretter le petit nombre de dialogues (fatalement, le petit nombre de lieux implique un petit nombre de personnages, d'où guère de blabla).

La version française assume d'ailleurs à fond la ressemblance de Fenimore Fillmore avec le Woody de Toy Story, le film de Pixar : c'est le même acteur qui a joué la voix française des deux personnages. Cette VF est décidément la bonne surprise du jeu.



Conclusion & fin


À part ça, force est de reconnaître que The Westerner n'a pas vraiment tout pour lui : si on apprécie la possibilité de résoudre les énigmes dans l'ordre que l'on veut (ou presque), on n'aime pas les contre-mesures qui rallongent accessoirement la durée de vie du jeu en vous faisant chercher des dollars ou pousser des carottes. D'autant que pour un vieux de la vieille, le jeu sera vraiment court. Mais ce n'est pas le plus gênant.

Le plus gênant, donc, c'est bel et bien la série de bugs qui émaille le jeu : des problèmes de caméra à la non-gestion de certains objets 3D (certains disparaissent en cours de jeu, telle cette poêle qu'utilise votre hôtesse pour faire des crêpes, d'autres semblent ne pas avoir de consistance puisque Fenimore passera au travers) en passant par des dialogues parfois non-synchronisés ou encore des personnages qui vous répètent inlassablement la même chose (même une fois l'énigme en question résolue), tout ça sans parler des chargements de sauvegardes qui font tout planter, The Westerner est terriblement buggé. Et c'est terriblement frustrant.



La poêle invisible (avant et après)


Mais ne noircissons pas trop le tableau. Au final, on a donc un jeu buggé, parfois frustrant, court pour les habitués, super bien doublé, rigolo (mais pour les petits) sans jamais rien oser, et pas original pour un sou mais qui pourtant assume tout. Bon, The Westerner ? Sans aucun doute. Mais aussi bien loin des sommets du genre.

Ps : Focus offre aux acheteurs de The Westerner le premier volet des aventures de Fenimore Fillmore sur un CD séparé. Il s'agit du Trésor des Toltèques, un petit jeu d'aventure en 2D (auquel The Westerner fait référence à un moment) sorti en toute confidentialité au XXe siècle. C'est une bonne idée, c'est assez sympa, mais les mauvaises langues diront que c'est une façon d'avouer la faible durée de vie de The Westerner.

Court et simple, avec des graphismes en 3D à la Toy Story et un humour timide, The Westerner semble avant tout destiné aux plus jeunes. Ça n'en reste pas moins un bon jeu d'aventure, même si on ne pourra pas s'empêcher de pester contre les nombreux bugs qui le parsèment.

SCREENSHOTS

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