Connexion
Pour récupérer votre compte, veuillez saisir votre adresse email. Vous allez recevoir un email contenant une adresse pour récupérer votre compte.
Inscription
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation du site et de nous vendre votre âme pour un euro symbolique. Amusez vous, mais pliez vous à la charte.

Un Rédacteur Factornews vous demande :

ACTU

Factorama: Silent brûle-t-Hill ?

snoopers par snoopers,  email
 
Depuis sa sortie, difficile d'ignorer le lynchage médiatique dont Silent Hill fait l'objet. Coté à 3/10 de moyenne générale par le site américain Rotten Tomatoes, l'adaptation de Christophe Gans n'a clairement pas le vent en poupe. Entre papiers d'une violence inouïe qui comparent le film à une production Uwe Boll, et critiques vaguement positives – le matériel de base est un jeu vidéo, pas du Shakespeare - difficile de s'enthousiasmer pour ce que son réalisateur qualifiait d'adaptation passionnée et respectueuse.

Après avoir interviewé le compositeur Akira Yamaoka , Zaza et moi avons enfin eu l'occasion d'aller en juger par nous-mêmes, à l'occasion de la projection de presse française du film. Et au final, si Silent Hill est loin d'être parfait, il a indéniablement plus à offrir que ce que la presse US aimerait vous faire croire. Explications.

L'AVIS DE SNOOPERS

Six mains n'auront pas été de trop pour démêler les nœuds scénaristiques posés par le premier épisode de la série, dont le film reprend les grandes lignes et de nombreux passages. Si l'histoire s'avère globalement satisfaisante, on reste circonspects quant au choix du premier jeu. Extrêmement tortueux dans son développement, le schéma narratif de Silent Hill 1 ne pouvait être adapté en scénario sans passer par de nécessaires passages explicatifs qui, soyons honnêtes, plombent le film à de nombreuses reprises. Flashbacks, voix-off, effets de montage, toute la boîte à outils du petit scénariste est mise à contribution pour clarifier cette invraisemblable histoire qui mêle univers superposés, cultes religieux et personnalités dédoublées. Au final, on ne sait plus très bien de quoi parle véritablement le film. Trop de points de vue, trop d'histoires parallèles, et tout ça au profit de personnages et de thèmes qui éclipsent le véritable premier rôle de Silent Hill : la ville. Une histoire plus simple et un casting moins nombreux auraient sans doute fait beaucoup de bien au récit, et du même coup, beaucoup de bien aux spectateurs. On oubliera également les effroyables dialogues de Roger Avary, qui n'ont pas manqué de provoquer l'hilarité de la salle à plusieurs reprises.

Toutefois, on peut difficilement nier que Silent Hill est bourré de séquences remarquables. Le monde « rouillé » est une franche réussite, de même que les rues embrumées de la ville, dans lesquelles Rose passe le plus clair de son temps. La caméra de Gans n'hésite pas à épouser les mouvements d'appareil torturés du premier jeu, et souligne avec bonheur le caractère imposant de la ville. Des monstrueux travellings-panoramiques à la grue pour les plans extérieurs aux cadrages serrés du monde altéré, le film impressionne par sa mise en scène faste et sophistiquée. Même si l'on regrettera une photographie beaucoup trop propre et lisse, et qui peine à donner toute leur ampleur aux somptueux décors du film, il souffle sur Silent Hill un vent de douleur et de mélancolie que les habitués de la série ne se lasseront pas de respirer à pleins poumons. Ces séquences, généralement muettes, sont bercées par la fabuleuse musique d'Akira Yamaoka, remixée avec finesse et subtilité. Même si le montage son se contente d'enchaîner les pistes comme des perles sur un collier - à croire que Gans avait peur de ne pas en mettre assez – leur absence aurait considérablement amoindri l'impact du film.

Au final, Silent Hill apparaît comme un long-métrage bancal, parfois maladroit, mais terriblement attachant. Si les histoires de rites occultes et de petites filles en triple agacent, on ne peut que rester rêveur devant ces longues séquences solitaires où Rose, perdue dans les rues de la ville fantôme, se dérobe à ses propres démons. Ou encore face à l'extrême étrangeté de certains passages, comme ce subtil face-à-face avec Lisa Garland, blonde impeccable dans un décor tiré des pires cauchemars de Francis Bacon. Ou cette terrible apparition de Pyramid Head, musculeux boucher de l'enfer qui traîne son gigantesque hachoir comme s'il tirait les péchés de l'humanité à bout de bras. C'est pour toutes ces scènes que l'on retiendra Silent Hill, et pour sa brillante séquence de fin, à la fois triste et apaisante.

Et puis, malgré ses errements, Silent Hill reste un film pétri de passion, d'envies de cinéma, et l'amour de Gans pour son sujet transpire tout au long de ce long-métrage - finalement assez unique en son genre. En cela, on pourrait presque parler de travail de fanboy. Certes, sauf que si c'est là l'une des faiblesses du film, c'est aussi sa plus grande force.


L'AVIS DE ZAZA LE NOUNOURS

Après deux heures de film, on ressort de la salle plutôt satisfait. Tout d'abord parce que pour une fois, une adaptation de jeu n'est pas une merde sans nom, mais en plus parce que le film en lui-même est plutôt réussi d'un point de vue cinématographique. Alors bien sûr, il vaut mieux connaitre un minimum la série (au moins les deux premiers épisodes) pour apprécier pleinement tout l'univers dépeint par Gans, saisir les nombreux clins d'oeil et allusions diverses qui parsèment le long-métrage, ou même tout simplement ne pas se faire larguer par le scénario qui peut paraître quelque peu abscons pour un non-initié.

Alors, Silent Hill le film est-il uniquement destiné à ceux qui connaissent sur le bout des doigts Silent Hill le jeu ? Oui... et non. Bien sûr, les adorateurs de la série seront ravis de retrouver l'univers torturé imaginé par Konami transposé plutôt fidèlement à l'écran, même si Gans n'a pas réussi à donner un aspect suffisamment "sale" à sa vision de la ville. Ils seront également ravis de retrouver certains personnages déjà aperçus au cours de certaines aventures, certains monstres (quasiment tous tirés de Silent Hill 2) ou même certains lieux, qu'ils soient visités ou simplement mentionnés (de la Midwich Elementary School au panneau de bus indiquant Bachman Street). Mais tout celà a malheureusement un côté fan service un peu trop prononcé, comme si Gans avait eu peur d'innover et s'était senti obligé de bourrer son film d'éléments connus pour être sûr de bien planter le décor, plutôt que de ne conserver que l'ambiance et l'appliquer à de nouveaux environnements. En même temps, les quelques rajouts sont de qualité assez variables : alors que Rose et sa fille sont parfaitement dans l'esprit de la série (même si Sharon a un petit côté Sadako un peu trop cliché, avec ses longs cheveux noirs qui lui tombent devant les yeux et son teint blafard), le mari de Rose et le flic peinent à s'intégrer à l'univers. Sans parler du retour de certains personnages déjà rencontrés lors des jeux, pas forcément très justifiable en plus, comme si là encore Gans avait eu besoin de s'appuyer sur certaines bases existantes pour construire le reste de son intrigue.

À côté de ça, il fallait bien trouver un moyen de faire entrer n'importe quel novice dans cet univers torturé, et Gans a dû passer par quelques simplifications, notamment en ce qui concerne les transitions entre les différentes "versions" de la ville, toujours signalées par une sirène, mais ici beaucoup plus visuelles que ce à quoi nous avaient habitués les jeux. Toujours au registre de l'aide à la compréhension du néophyte, le réalisateur a cru bon d'intercaler en plein milieu du film un flashback visant à clarifier la situation pour le spectateur complètement largué dans les méandres du scénario. L'intention est louable, mais la scène en question arrive un peu trop comme un cheveu sur la soupe. Nul doute que les fans amateurs des scénarios torturés auxquels les avaient habitués les jeux seront déçus par cette trop grande clarification de l'univers. Et puis il y a également quelques passages un peu gratuits et qui n'ont rien à faire là, notamment au niveau des effets gore tape-à-l'oeil, fort heureusement peu nombreux. Mais l'épilogue, très poétique, rattrape presque à lui seul ces quelques lourdeurs.

Mais au final, ce sont quand même les amateurs du jeu qui prendront vraisemblablement le plus de plaisir à voir ce Silent Hill. Bien sûr, ça semble être de l'enfonçage de porte ouverte dit comme ça, mais personnellement je vois mal quelqu'un de complètement étranger à l'univers s'imprégner en deux heures de film de toute la "mythologie" Silent Hill, même en étant aidé par des ficelles malheureusement un peu grosses par moment. Silent Hill n'en reste pas moins une bonne adaptation de jeu, doublée d'un bon film, ce qui est suffisamment rare pour être signalé, mais qui risque à n'en point douter de demeurer bien obscur pour le novice.
Rechercher sur Factornews